« Je l’ai dit aux policiers et je vous le redis : ce n’est pas une mauvaise blague ! » Mohammed est responsable du Chamas Tacos, un fast-food situé sur la fréquentée Avenue de Romans à Valence (26), et bien connu des étudiants de la fac d’à côté. Rien de plus classique. La visite de la police municipale la veille, ce mercredi 18 octobre au soir, a autant surpris les clients que le restaurateur. « Le C posait problème… » La lettre C de l’enseigne est cassée depuis des mois et ne s’allume plus. La devanture affiche donc « Hamas Tacos ». Une référence au groupuscule terroriste de la bande de Gaza pour les agents. Mohammed s’en défend :
« À aucun moment on aurait pu penser que ça poserait problème. On a strictement rien à voir avec la politique, on fait du commerce. »
Selon le responsable, les policiers municipaux l’auraient sommé d’éteindre son enseigne immédiatement. « Ils m’ont menacé de fermer le resto si ça n’était pas fait dans les dix minutes. »
TikTok et le conflit israélo-palestinien
Surpris, Mohammed s’exécute. Mais la manipulation est plus compliquée que prévue : il ne trouve pas le bon disjoncteur. « Je les ai emmenées devant la boîte de fusibles pour leur montrer que c’était une galère et que je ne voulais en aucun cas faire de la provocation. »
Zohra et Louisa, deux habituées également tiktokeuses, ont filmé la scène et l’ont publié sur les réseaux. Les deux jeunes filles sont hilares devant la demande des policiers d’éteindre l’enseigne. « Ce sont des Valentinois qui [ont fait le signalement]. Et c’est remonté jusqu’au maire », expliquent les policiers dans le Tiktok. « Si vous le laissez ce soir, demain vous prenez une fermeture administrative », menacent-ils quelques minutes plus tard.
Mohammed appelle son patron, le gérant de l’enseigne, qui ne comprend pas ce qu’il se passe. La situation est ubuesque pour les deux commerçants. Le C est défectueux depuis des mois. Dans la vidéo, on entend Mohammed :
« Le C dérange apparemment, ils ont fait le lien avec ce qu’il se passe actuellement en Palestine et en Israël. Ils veulent que ça soit fait maintenant. »
Des travaux sur toute la façade seraient prévus. Des réparations coûteuses et pour lesquelles des entreprises seraient passées pour faire des devis. Mohammed et son patron prévoient de tout changer en même temps, le C compris.
Signalement d’un élu ?
« Ils ont dit que c’était un élu qui a fait le signalement », explique Mohammed. De son côté, la mairie, embêtée par l’histoire, réfute : les policiers n’ont pas parlé d’élu et il n’y a eu aucune demande de la ville de Valence. Au téléphone, la communication de la mairie répète les termes de la vidéo « ce sont des signalements de riverains », ajoutant :
« Cette devanture a créé un émoi particulier avant même le conflit. Il est décevant de constater que l’exploitant ne s’est pas posé la question. »
Mohammed assure ne jamais avoir reçu de lettre officielle ou même de coup de fil, pour lui signaler le caractère problématique de ce C en panne :
« On est en France, on n’a rien à voir avec ce qu’il se passe là-bas, ni de près ni de loin. On veut prouver à tout le monde qu’on est ni pour l’un ni pour l’autre. On est des restaurateurs… »
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