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    21/07/2017

    « Nous ne pouvons ni vous l’infirmer, ni vous le confirmer. »

    Une délégation officielle de la Corée du Nord est discrètement venue à Paris

    Par Mathieu Molard

    Fin juin, trois officiels nord-coréens étaient à Paris, ils sont notamment passés à la Sorbonne. Le Quai d’Orsay comme les autorités de Pyongyang jurent ne rien savoir.

    Le 7 juillet, sur son site internet le ministère des affaires étrangères publie cette simple phrase :

    « En raison de la montée actuelle des tensions et du climat d’incertitude et d’imprévisibilité qui prévaut en Corée du Nord, tous les déplacements y sont déconseillés sauf raison impérative. »

    Les relations diplomatiques entre la France et le régime de Pyongyang sont des plus glaciales. Et pourtant, à peine 15 jours plus tôt, une délégation nord-coréenne est venue à Paris. Selon nos informations, du 22 au 26 juin, au moins trois officiels du régime ont séjourné dans la capitale, faisant notamment étape à la Sorbonne.

    Une délégation très discrète

    Une visite des plus discrètes qui s’inscrit dans les zones grises de la diplomatie : au Quai d’Orsay, silence radio. Une source diplomatique se contente d’affirmer que le ministère n’a « pas connaissance » de cette visite. Difficile à croire. Même réponse, ou presque, du côté nord-coréen. Il n’existe pas d’ambassade à Paris – la France, n’a jamais reconnu officiellement la République populaire démocratique de Corée (RPDC) – mais cette dernière dispose d’une délégation auprès de l’Unesco basée dans la Capitale. Jointe par StreetPress, la délégation ne conteste pas l’existence de cette mystérieuse délégation mais refuse d’en dire plus. Ses membres avaient-ils un statut diplomatique ?

    « Nous ne pouvons ni vous l’infirmer, ni vous le confirmer. »

    C’est finalement sur le blog de l’Association d’Amitié France Corée (AAFC), petit lobby pro nord-coréen dont StreetPress vous parlait ici, que l’on dégote quelques infos de plus sur cette « délégation du Comité coréen de solidarité avec les peuples du monde » en tournée européenne. Avant leur passage à Paris, ses trois membres auraient visité la Pologne et la Suisse pour rejoindre ensuite la Belgique. À noter que Le Monde signale la visite d’une délégation nord-coréenne (plus étoffée) en Espagne, la semaine précédente. Sans que l’on sache s’il s’agit des mêmes personnes.

    Une visite à la Sorbonne

    Le programme de leur étape française reste des plus floues. Seule certitude, la délégation a participé le samedi 24 juin à un débat organisé à la Sorbonne baptisé « conférence internationale de Paris pour la paix et la réunification en Corée ». Malgré l’intitulée ronflant, rien d’officiel à ce raout. Aucun diplomate ou représentant officiel de la France dans la salle. C’est le philosophe Jean Salem, professeur à l’université Panthéon Sorbonne et membre de l’asso d’amitié France-Corée qui leur a déniché pour deux jours un amphi dans la prestigieuse université… sans informer la direction de la qualité de ses invités (présents uniquement le samedi). Joint par StreetPress, il lâche malicieusement :

    « Je ne suis pas obligé de tout dire tout le temps et je ne suis pas censé dénoncer les nationalités suspectes. »

    Au programme de ces deux journées, une série d’interventions des plus alléchantes. Vendredi 23 juin, les quelques dizaines d’auditeurs ont pu notamment profiter d’une conférence établissant un parallèle entre « les idées du Juche (idéologie directrice de la RPDC) et le Gaullisme » ou une présentation de « la richesse de la production littéraire » du pays « ainsi que de la place qu’y occupent les intellectuels » :

    « Être auteur vous garantit un statut et des revenus ».

    Samedi après-midi, Ryu Kyong-il qui présidait la délégation est même monté à la tribune pour « souligner que la RPDC poursuivrait ses programmes d’autodéfense tant que les Etats-Unis ne mettront pas fin à leur politique hostile ».

    Petite lettre à Kim Jong-un

    Pour finir cette belle journée « les participants ont adopté une déclaration et une lettre au Président Kim Jong-un » dans laquelle « ils ont notamment souligné » :

    « La nécessité de renforcer la lutte contre la désinformation à propos de la RPD de Corée, d’agir pour l’établissement d’un traité de paix en Corée et la fin des manœuvres militaires américano-sud-coréenne, ainsi que la levée des sanctions et des embargos frappant depuis plus de 70 ans les populations coréennes au Nord de la péninsule. »

    On attend avec impatience la réponse à cette missive.

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