Pour ce Noël à la Mosquée El Khalil, plus de 30 jeunes se sont motivés pour tout installer : la salles, les tables, le buffet… Nous travaillons avec des tout petits moyens et marchons vraiment grâce à une dynamique bénévole ou associative.
Les participants ne paient pas leur repas, mais nous leur demandons de ramener quelque chose. Cette fois, les mosquées avaient préparé un grand couscous, les paroisses a apporté des salades. Les autres invités ont ramené les desserts.
Concrètement, nous n’avons pas mangé dans la grande salle de prière, il était trop compliqué de déplacer les tapis. Mais la mosquée de El Khalil, une des plus grandes de Molenbeek, a des salles de classe et de conférence où nous avons pu nous installer à 300. C’était un repas en petit comité finalement, puisque par exemple lors de la dernière rupture du jeûne interculturelle, organisée dans l’église, nous étions près de 600 !
"Cette fois, les mosquées avaient préparé un grand couscous, les paroisses a apporté des salades" / Crédits : DR
On rentre dans l’intimité de nos voisins
Le choix du lieu est évidemment symbolique. Nous avions déjà organisé un événement dans une église. Alors quand la mosquée nous a invités, nous avons immédiatement accepté. C’était la suite logique !
Certains ont tout de même était surpris du choix. D’un côté, il y a les gens les plus éloignés qui demandent : « Hein ? Quoi ? Dans une mosquée ? Mais pourquoi ? Il y aura de l’alcool ? » Nous leur répondons que non, que s’il n’est pas question de religion nous sommes quand même dans un lieu de culte qu’il faut respecter.
Et de l’autre côté, il y a des musulmans qui ne comprennent pas qu’on fête Noël à la mosquée, étant donné que c’est une fête chrétienne…
Certains préféreraient que ces rencontres interculturelles s’organisent loin de toute forme de religion. Ca n’est pas notre avis. Nous utilisons les fêtes religieuses pour nous réunir. C’est la 5e initiave du genre que nous organisons. Chaque année, nous organisons un évènement interculturel autour d’une rupture du jeûne, de Noël et de la Pâque juive.
« En mobilisant les communautés religieuses, nous touchons des personnes plus éloignées des événements habituels organisés par la commune »
Sarah Turine, Echevine à Molenbeek @sarahturine
Les 3 premiers se sont déroulés dans des espaces neutres, les deux derniers dans des lieux religieux. Choisir un lieu de culte, c’est aller encore un pas plus loin, c’est faire le choix d’entrer dans l’intimité de ses voisins, en quelque sorte, et de les découvrir. Ca permet de faire tomber les préjugés surtout. Et en mobilisant les communautés religieuses, nous touchons certaines personnes plus éloignées des événements interculturels habituels organisés par les autorités publiques de la commune.
Le gros challenge du plan de table
Le plus gros défi, à chaque fois, est de mixer les tables ! C’est toujours un peu compliqué, mais avec de l’imagination nous arrivons toujours à mélanger tout le monde.
Ceci dit, nous ne limitons pas nos actions interculturelles à la dimension religieuse. Nous organisons d’autres rencontres plus axées sur les dimensions culturelles ou tout simplement humaines. Nos prochains événements seront un bal interculturel (laïque) et un festival culturel judéo-arabe.
Avant les attentats, la dynamique de dialogue interculturel que nous avions initiée avait du mal à être vue comme une priorité. Tout ça a évidemment changé, la demande est forte aujourd’hui ce sont des moments nécessaires pour créer une cohésion dans notre ville.
Et nous n’accueillons pas que des gens de Molenbeek. Certains viennent des communes voisines et sortent ravis. Ils repartent avec l’envie d’organiser le même type d’initiatives chez eux.
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