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    11/05/2016

    Ils ont jusqu’au 15 mai pour débarrasser le plancher

    Le resto-squat Freegan Pony menacé d’expulsion

    Par Thomas Chatriot

    L’ancien entrepôt de 800m2 dans le 19e arrondissement était laissé à l’abandon. Aladdin et sa team de squatteurs y ont installé un resto vegan, une salle de concert et un lieu d’expo. Mais un jugement leur demande de remballer avant le 15 mai.

    Porte de la Villette, Paris 19e – « En gros, il nous reste jusqu’à la mi-mai pour en profiter. Après c’est un peu le flou. » Accoudé au bar du Freegan Pony, Aladdin, cheveux sombres tirés en catogan, est inquiet pour son resto. StreetPress vous a déjà présenté ce serial-squatteur. Le squat où il se trouve actuellement, le Péripate – « Parce qu’on est près du périph’ et des putes ! » – est en bisbille avec la Mairie de Paris. La dernière décision du juge leur laisse, à lui et à son équipe, jusqu’au 15 mai pour partir. Aladdin a appris la nouvelle par un communiqué de presse :

    « C’est dommage. On avait vraiment réussi à donner une âme à l’endroit, en diversifiant les activités. »

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    Welcome ! / Crédits : Thomas Chatriot

    Quand Aladdin et ses potes découvrent cet ancien entrepôt de stockage de matériel de voirie de 800m2 en mai 2015, l’idée d’en faire un restaurant associatif lui vient tout de suite en tête. Avec son collectif, il n’en sont pas à leur coup d’essai. Ils sont à l’origine du Poney Club, un ancien abattoir chevalin dans le 15e et du Pipi Caca, des toilettes publiques abandonnées vers Bonne-Nouvelle, tous deux transformés en clubs éphémères.

    Le concept

    Le Péripate est divisé en trois partie. La première, dédiée à la culture, accueille en ce moment une expo photo de Jacob Khrist. Dans la seconde, des concerts sont organisés. La dernière, vitrine du lieu, est Le Freegan Pony. C’est d’ailleurs ce qui est indiqué au-dessus de l’entrée. Pour illustrer le tout, le graph d’un canasson ruant dans une poubelle. On devine l’envie de lutter contre le gaspillage. Aladdin confirme :

    « On récupère les fruits et légumes invendus de Rungis et on en fait des plats. »

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    Dans les cuisines, ça s'active ! / Crédits : Thomas Chatriot

    25 cuisiniers se relaient, aidés par une armée de bénévoles. Ils proposent chaque jour un nouveau menu, de l’entrée jusqu’au dessert. Vegan évidemment, pour se libérer des contraintes de conservation de la viande. Au début, les assiettes étaient parfois préparées par des chefs étoilés. Mais l’ambiance n’était pas au goût d’Aladdin :

    « Ils traitaient les bénévoles comme leur commis, ça criait dans tous les sens. C’est pas l’esprit du Freegan. »

    Mélange des genres

    Le prix du menu reste libre pour promouvoir la mixité sociale. Même si Aladdin le reconnait, « on a une grosse clientèle hipster séduite par le concept ». L’argent permet de financer les travaux du Péripate et surtout de payer les chefs.

    Dans la salle du Freegan simplement éclairée par quelques lampes de chevet, les conversations vont bon train. La pétition de soutien mise en ligne par Aladdin est sur toutes les lèvres. Marine, 29 ans, est une habituée des lieux :

    « Je viens souvent avec des potes. C’est bon, c’est sain et l’ambiance est là. Personnellement, je trouve l’idée vraiment originale, surtout quand on n’a pas trop les moyens, c’est un bon compromis. »

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    Salle pleine ! / Crédits : Thomas Chatriot

    La suite

    Dans l’espace cuisine ouvert sur la cantine, c’est un joyeux bordel organisé. Chacun est attelé à une tâche précise, de l’épluchage des carottes à la plonge. Aladdin virevolte entre les volontaires, claque la bise aux habitués. Il garde la pêche :

    « Honnêtement, on a de bons rapports avec la mairie. Je garde l’espoir que la date du 15 mai représente un délai que la mairie se donne pour réfléchir à une convention d’occupation temporaire. Sinon, on partira. »

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