Place de la République – A quelques mètres de la statue centrale, une dizaine de réfugiés soudanais patiente. Le soleil tombe derrière les immeubles, l’ombre commence à recouvrir les centaines de personnes rassemblées à l’occasion de la Nuit Debout. Le panneau, qui récapitule l’ordre du jour de ce 5 avril, annonce la prise de parole des réfugiés.
Assis en attendant leur passage au micro, l’équipe n’est pas très attentive aux débats. Et pour cause, aucun d’entre eux ne parle français. S’ils ont rejoint la Nuit Debout, c’est pour évoquer leur situation mais surtout dans l’espoir de trouver un refuge pour la nuit. La veille certains avaient déjà fait un passage à République. Mais sans équipement pour s’abriter et inquiets d’une éventuelle intervention de la Police, ils avaient préféré revenir à Stalingrad.
Les réfugiés à la tribune
17h45 – Demba, 36 ans, une casquette du PSG sur la tête introduit le groupe de migrants posté derrière lui. Le Mauritanien, arrivé en France en 2001, fait parti du Comité de soutien aux Sans Papiers (Csp75). Il explique à l’assemblée la situation des réfugiés qu’il tente d’aider :
« Ils vivent sous le métro à Stalingrad et La Chapelle. La journée ils n’ont pas le droit de s’asseoir dans les parcs.»
La prise de parole est timide. / Crédits : Quentin Le Palud
Mohammed, un des migrants soudanais, témoigne d’une voix tremblante. Comme chacun, il dispose de 3 minutes de parole montre en main. Un barbu à casquette se charge de la traduction :
« Nous fuyons la guerre et le gouvernement de notre pays. Etre en France est une chance et nous vous remercions de nous accueillir. »
Il retrace son itinéraire pour en arriver là et décrit le traitement des forces de l’ordre :
« Nous sommes passés par la Libye, avons traversé la mer méditerranée puis l’Italie. Depuis vendredi, la police a pris nos sacs de couchage et nos bagages.»
Le micro passe de main en main et les spectateurs réagissent aux propos de Mohammed. C’est au tour d’Houssam, du collectif La Chapelle Debout, de prendre la parole. A la tribune, l’homme, veste kaki sur le dos, dénonce « le racisme d’Etat et la violence policière » dont sont victimes les réfugiés. Et d’ajouter :
« Il faut prendre en charge les revendications des plus faibles d’entre nous ».
Les soutiens aux réfugiés se succèdent. Des spectateurs approuvent bras levés en secouant les mains, à la manière des AGs étudiantes. Les autres applaudissent.
Une bâche en guise de refuge
L’AG se poursuit, sous le regard distrait des migrants. Certains hésitent à rester. D’autres ont rejoint la petite bande de Soudanais. Les conversations sont animées. Ils craignent une intervention de la police pendant la nuit. Finalement, ils décident de poser leurs bagages sous une bâche dressée derrière le stand d’accueil. La petite troupe s’organise. La nuit va être longue : certains installent d’ores et déjà des tapis de sol avant de s’emmitoufler dans des sacs de couchage.
Ils seront finalement près de 70 à passer la nuit place de la République. Une bonne nouvelle selon Bahia, 27 ans, membre du Collectif Parisien de Soutien aux Exilé-e-s (CPSE) :
« C’est la nuit qu’ils sont le plus vulnérables. Il est interdit de dormir dehors, ils sont donc chassés par la police. »
Près de 70 réfugiés ont décidé de s'installer place de la République. / Crédits : Quentin Le Palud
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