Saint-Denis (93) – Depuis janvier, les habitants du squat la Maison Rouge vivent en état de siège. Coup de masse, menaces de mort, jets de pierres et tentatives d’intrusions à répétition… Les nervis, qui se présentent comme des potes de la proprio, ne reculent devant rien pour faire déguerpir les squatteurs. Joint par StreetPress, cette dernière nie toute implication. Elle ironise :
« Vous savez, je n’ai jamais eu autant d’amis que depuis le début de cette histoire. »
Après l’évacuation de leur précédent squat, Seb* et ses potes (un collectif de chômeurs, de précaires et de réfugiés) s’installent au 1 rue Désiré Lelay dans une vieille bâtisse, à deux pas de la Basilique de Saint Denis. Inoccupée depuis plusieurs années, en bon état, c’était le plan parfait. Sauf que depuis le 10 janvier, date de leur installation, les 7 potes qui habitent la maison essuient les assauts répétés d’une bande de gros bras bien décidés à leur faire plier bagage.
Coups de masse, fenêtre barricadée et vitre pété / Crédits : Tomas Statius
Etat de siège
On ne rigole pas avec la sécurité à la Maison Rouge. Après notre entrée dans l’imposante demeure style Art Déco, Lur* verrouille consciencieusement les 3 loquets qui barrent la porte. « Une fois on les a retrouvés devant la porte. Ils essayaient de la défoncer avec une masse », explique Patxi*.
La pièce principale porte aussi les traces des assauts des dernières semaines. Une palette se dresse devant la baie vitrée qui donne sur le jardin, depuis qu’un assaillant a essayé d’ouvrir la fenêtre avant de balancer un pavé et une bouteille de bière à travers. A côté du coin canapé, un maigre bout de carton est scotché à même la vitre pour masquer un carreau pété. Patxi, petite boucle à l’oreille droite et béret sur le crâne, rembobine l’histoire :
« On était en train de discuter à côté de la fenêtre. Un mec est passé et a cassé la vitre au pied de biche. »
2 heures plus tard, le même mec repasse et vide une bombe lacrymo dans l’appartement :
« Ça empestait dans toute la maison. »
Ali et les gros bras
Un dénommé Ali, « crâne rasé et à la forte carrure », serait, selon les habitants de la Maison Rouge, responsable de ces méfaits. Depuis l’installation de la petite troupe, celui qui se présente comme un ami de la proprio, débarque plusieurs fois par semaine, accompagné de gros bras.
Les malabars ne font pas dans la dentelle : insultes, intimidation, menaces de mort et une dizaine de tentative d’incursion au compteur. Sur cette vidéo du 29 janvier on voit, dans le jardin, l’un des assaillants armé d’un pied. « Une fois, ils ont même essayé de rentrer chez les voisins avec un jerrican d’essence à la main » ajoute Seb.
Négo
Mi-mars, le chef des gros bras donne carrément rendez-vous à un pote de Seb, dans un troquet du coin. Après leur avoir expliqué qu’il pouvait reloger les squatteurs de la Maison Rouge ailleurs, Ali aurait finit par lâcher :
« Et puis on sait jamais, quelqu’un pourrait passer avec un cocktail molotov. »
Les squatteurs apprécient le message. Ils ont d’ailleurs porté plainte. La petite bande espère tout de même une issue heureuse à cette histoire. « On a toujours la volonté de trouver un accord avec la propriétaire », explique Patxi en finissant sa tasse de café.
La proprio nie son implication
La proprio, qui a hérité la maison de son père décédé en 2013, ne l’entend pas de cette oreille. Selon elle, l’arrivée des squatteurs aurait fait capoter la vente de la jolie demeure. A StreetPress, elle assure avoir porté plainte :
« On devrait envoyer des huissiers la semaine prochaine sur place avec des policiers. »
Elle ajoute, plutôt en rogne :
« Ce sont des enfants de bonne famille, des étudiants Erasmus, des gens entretenus par la société. Je n’ai plus accès à mon bien et ces sales gosses viennent me donner des leçons de morale. »
Si elle réfute être en contact avec les gros bras qui cherchent des noises aux habitants de la Maison Rouge, la femme reconnait s’être emporté lors de sa première rencontre avec les squatteurs. Ce jour-là, son mari aurait menacé les habitants que « tout cela allait se finir à la carabine » selon le site d’info militant Paris Luttes :
« On venait d’apprendre que la maison de mon enfance était squattée, on était super énervé. Mon mari a piqué une colère. Il est avocat, vous ne prenez pas ça au sérieux quand même ? »
(*) Les prénoms ont été modifiés
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