En ce moment

    16/11/2015

    « La peinture doit couler, pas le sang! »

    Après les attentats, les graffeurs sortent leurs bombes

    Par Inès Belgacem , Matthieu Bidan

    Les graffeurs se mobilisent autour du hashtag #SprayForParis. Toulouse, Rennes, Grenoble et même Melbourne, c’est toute une communauté qui réagit à sa manière.

    Paris 11e – 16h. A quelques mètres du Canal Saint-Martin, une dizaine de graffeurs est à pied d’œuvre sur un grand mur habitué à accueillir des fresques. Le spot choisit ne doit rien au hasard : juste de l’autre côté du Canal, des dizaines de parisiens se recueillent devant le Carillon et le Petit Cambodge.

    Perchés sur des échelles, les gaffeurs de la Grim Team peignent, à l’encre noire sur fond blanc, la devise de la ville de Paris: « fluctuat nec mergitur » – « Le bateau est battu par les flots mais ne sombre pas ». Orel, à peine descendu de son perchoir, revient sur les origines de l’opé :

    « Avec le collectif, on a toujours joué avec cette devise. Après les attentats de vendredi, elle n’a jamais eu autant de sens. »

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/dsc_1924.jpg

    Work in progress / Crédits : Matthieu Bidan

    Dès samedi, il prend toute la peinture qu’il a chez lui puis investit République avec une dizaine de membres de son crew. Le graff est posé de manière anonyme :

    « Avec notre égo, on signe toujours nos fresques. Cette fois, on ne l’a pas fait. La devise a pris le dessus sur nous. »

    Les mains encore pleines de peinture, Orel explique avoir vu les gens réagir très vite :

    « Les seniors ont compris tout de suite ce qu’on faisait. Ils nous felicitaient. Les jeunes, eux, sont venus nous demander ce que ça voulait dire. »

    #SprayForParis

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/tag8.jpg

    Attentats à la bombe, par Thurb. / Crédits : Thurb

    Très vite, l’initiative des artistes parisiens est relayée sur les réseaux sociaux. La devise de Paris devient même l’un des slogans des réactions post-attentats. La Grim Team, n’est pas le seul crew à faire parler la peinture. Un peu partout en France, les graffeurs se mobilisent autour du hashtag #SprayForParis . Sur Instagram, le mot-clé est lancé par le français Goin , qui met en scène une Marianne, rouleau de peinture bleu-blanc-rouge au poing. En guise de légende : « The paint Must flow, not the blood ! », littéralement « La peinture doit couler, pas le sang! ».

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/tag6.jpg

    "Mariannne au rouleau", par Goin / Crédits : Goin

    Sur Twitter, l’émergence du hashtag est plus cocasse : les premiers à utiliser #SprayForParis sont des ados qui, dans la précipitation, se sont plantés dans l’orthographe de #PrayForParis. Ces étourderies passées, le hashtag est rapidement repris par les graffeurs. D’abord aux Etats-Unis, où les graffeurs français lancent l’appel , puis en France.


    Sur Twitter, le tag #SprayForParis revient des centaines de fois. Hipy , graffeur du Nord Pas-de-Calais a décidé d’investir un des murs du skate parc de Valenciennes. « L’important était d’être vu et de partager avec le plus grand nombre », explique-t-il.

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/taglillemontage.jpg

    Par Hipy, à Valenciennes. / Crédits : Hipy

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/tag13.jpg

    Le NRS Crew à Besançon. / Crédits : NRS Crew

    Le NRS Crew a décidé de taper un mur du nouveau skatepark de Besançon. Toulouse, Rennes, Lille… C’est toute la France du StreetArt qui sort les bombes ou simplement un cahier.

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/tag2.jpg

    Fresque à la craie, Rue Richard-Lenoir à Paris, par J3. / Crédits : J3


    J3 et Moyoshi ont choisi de dessiner une fresque à la craie rue Richard-Lenoir, à deux pas du Boulevard Voltaire.

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/tag3.jpg

    Place Ménilmontant à Paris, par seth globepainter. / Crédits : seth_globepainter

    Du côté de Place Ménilmontant, c’est Seth Globepainter qui met la main à la bombe.

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/tag4.jpg

    A Lille, par Kseukseu et Pseoo. / Crédits : Kseukseu

    Dans le nord, les lillois Kseukseu et Pseoo se sont également mobilisés.

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/tag9.jpg

    Par le PMB Crew / Crédits : PMB Crew

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/tag10.jpg

    A Rennes. /

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/tagpau.jpg

    A Billere à coté de Pau, par Moze. / Crédits : Moze

    Moze, qui représente son crew ODC, a décidé de taper à Billère, à coté de Pau.

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/img_1584.jpg

    Dans le 19e. / Crédits : Tomas Statius

    Dans le 19e, juste à côté de la rédac’, on a photographié ça.

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/tag12.jpg

    November Rain / Crédits : Onizbar

    Onizbar a lui opté pour une toile, « un drapeau français déconstruit, avec cette jeunesse qui a été touchée par les attentats ». Lorsqu’il travaillait dessus, il écoutait November Rain des Guns N’ Roses.

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/dsc_1930.jpg

    Work in progress / Crédits : Matthieu Bidan


    Dans le 10e, la Grim Team attend une nacelle pour pouvoir terminer sa fresque géante. Ils prévoient d’apposer à nouveau le slogan du côté de Charonne et Saint-Denis dans les prochains jours. Histoire de faire « acte de présence ».

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/tag11.jpg

    <3 /

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/graff_gobelet.jpg

    Une Marianne en gobelets à Moirans signée Romain Minotti /

    Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.

    Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.

    Je fais un don à partir de 1€ 💪
    Sans vos dons, nous mourrons.

    Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.

    Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.

    Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.

    Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.

    Je donne

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER