Le mec
Astérix, un surnom donné par ses potes au dessinateur de 32 ans. C’est d’ailleurs inscrit sur son bracelet aux couleurs de la Jamaïque. L’artiste en sarouel bordeaux n’est plus sûr de son origine :
« Peut-être parce que je suis petit et un peu blond. »
Au sol, son compère Baleine en T-shirt bleu fluo est en train d’affiner les traits d’un clown au pastel.
La spécialité
Astérix dessine surtout pour les gosses.
« Le truc qui marche bien en ce moment, ce sont les Minions. Mais je fais aussi les classiques comme Mickey ou Minnie. »
La technique est bien rôdée : attirer les enfants pour que les parents lâchent une pièce. Pour faire ses dessins, il utilise des craies, des pastels et du pigment.
Le spot
Avec le centre Georges Pompidou, il y a énormément de passage autour des dessinateurs. Les gens du quartier ont aussi pris l’habitude de jeter un œil aux œuvres de l’artiste de rue. Et parfois, ils apportent même à manger. Astérix et ceux qu’il appelle sa « petite famille », ses potes et sa chienne Izi, dorment dans la rue à quelques mètres à peine de l’endroit où ils dessinent. La seule petite galère de la dalle : le sol est plein de rainures.
« On fait souvent tomber des craies, et si tu regardes bien, tu vas sûrement trouver un petit pactole. »
La story
Ca fait 6 ans qu’Astérix dessine ses œuvres éphémères sur le sol de Beaubourg. Lui n’est pas de Paris, mais d’Angers dans le Maine-et-Loire. Il a débarqué dans la capitale il y a 14 ans. Sans domicile fixe, Astérix s’installe du côté de la Fontaine des Innocents. Puis, il se met à dessiner pour gagner sa vie.
« J’ai commencé avec un bon prof, un artiste qui avait fait une école d’art. J’ai appris sur le tas. »
Astérix et Baleine dessinent une à deux fresques par jour. / Crédits : Matthieu Bidan
Depuis, il enchaîne les dessins chaque jour avec son pote Baleine, originaire de Roumanie. « Dans mon pays, on se faisait dégager dès qu’on faisait ça. Alors qu’ici, on est des stars », rigole-t-il avant de foutre de la craie partout sur le visage de son pote. Les deux trentenaires se considèrent comme de vrais artistes. Pas comme cet « escroc » qui s’était installé un jour à quelques mètres d’eux.
« Le gars traçait un cadre à la craie, il mettait une sorte d’énorme calque en plastique avec le dessin et n’avait plus qu’à passer par-dessus. Pour moi, ce n’est pas de l’art. »
La thune
Astérix et Baleine commencent leur journée vers 8h et terminent parfois à 2h du matin. « Le bar juste à côté ferme vers cette heure-là donc il y a du monde qui passe. » Les recettes sont variables, mais ça tourne aux alentours d’une centaine d’euros. Un après-midi, l’artiste a explosé tous les scores avec un dessin du célèbre gaulois breton en mode statue de la liberté :
« Un groupe de Belges passait à ce moment-là. Comme Astérix vient de chez eux, ils ont été généreux. »
200 euros sont déposés dans la petite gamelle grise. De quoi acheter un paquet de craies.
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