Ophélie Latil fait face à trois flics de Matignon qui lui font barrage. Derrière elle, une vingtaine de jeunes masqués sont venus manifestés Rue de Varenne, ce jeudi soir. Leur problème : les modifications apportées à la proposition de loi sur le statut des stagiaires. Poliment et sourire en coin, la leader se présente :
« Bonjour. Nous, c’est Génération Précaire. On voudrait déposer cette carte d’adhérent au Medef à notre cher Premier ministre Manuel Valls. Pour le remercier des efforts qu’il fournit pour nous, les stagiaires. On peut aller lui déposer dans son bureau ? »
Il ne lui manquait plus que la carte de membre…
COLÈRE Ce qui fout en rogne le collectif de stagiaires, se sont les modif’ apportées par la commission mixte paritaire, sur la loi stagiaire, pourtant votée à l’Assemblée Nationale puis au Sénat. Comme Streetpress vous le racontait le document promettait de belles avancées. Mais dans la nuit du 3 au 4 juin que les 14 parlementaires ont caviardé le texte et notamment ses deux mesures phares :
> La rémunération obligatoire dès le début du deuxième mois de stage, initialement prévue a été abandonnée. Les gratifications resteront donc obligatoires pour les stages supérieurs à deux mois.
> Les 87 euros d’augmentation de la rémunération sont repoussés à 2015… ou aux calendes grecques ?
La commission jure que c’est parce que les assoc’ ou les services publics ont déjà voté leurs budgets 2014. Un peu léger comme argument pour Génération Précaire: « C’est une reculade de la part du gouvernement ! » L’assoc’ redoute une manœuvre visant à enterrer un peu plus tard le coup de pouce financier.
Alors, que reste-t-il ?
> Des congés, pour les stages supérieurs à deux mois
> Des tickets resto, si les salariés en bénéficient
> Un nombre limité de stagiaires par référent au sein de la formation
Pour Ophélie, ça n’est pas suffisant :
« On ne demandait pas grand chose. Juste le droit, comme tout le monde, d’avoir des conditions de travail correctes. Mais le gouvernement n’est pas capable de nous les garantir »
Patrons Un gouvernement à la botte du Medef, selon la militante :
« Le gouvernement a fait pression sur les parlementaires pour qu’ils reviennent sur toutes ces avancées. Il est totalement démissionnaire face aux syndicats patronaux. »
La rémunération obligatoire dès le début du deuxième mois de stage, a été abandonnée.
On demandait juste le droit, comme tout le monde, d’avoir des conditions de travail correctes.
« Vous n’irez pas à Matignon. Envoyez une lettre… »
Génération Précaire a donc décidé d’offrir à Manuel Valls sa carte de membre du Medef. C’est Charlotte, jeans, débardeur et masque blanc qui tient la grande carte, devant huit policiers. « Des gentils manifestants », commente sourire aux lèvres l’un des pandores. Pourtant une manifestante tente de se faufiler entre les policiers. Mais elle est vite rattrapée. « Vous n’irez pas à Matignon. Envoyez une lettre… ».
Après une quarantaine de minutes de manifestation pacifique à 100 mètres de Matignon, les militants de Génération plient bagages. Mais pas sans un dernier message au micro :
« Ce qu’on veut, c’est que ce qui a été promis durant la campagne présidentielle soit maintenant gravé dans le marbre de la loi, explique Ophélie. On continuera à le rappeler jusqu’au 12 juin, jour du vote du texte au Sénat. »
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