Manifestation anti-bling bling
« C’est le comble, non seulement il y a une minorité de gens extrêmement riches mais on les invite dans des soirées privées pour se gaver un peu plus », s’insurge Mico, organisateur de la manifestation contre la soirée American Express aux Galeries Lafayette à Paris. A l’intérieur, quelques privilégiés bénéficiant d’une entrée exclusive dans le magasin font leur shopping tranquille, avec réductions à la clé, petits, fours, champagne, et distribution de cadeaux.
Mico le musicien, DJ et fondateur du mouvement Tout va bien M’sieur le président ne s’émerveille pas comme un enfant devant la magnificence des vitrines de Noël. Alors que les élégants convives investissent les lieux, l’homme, entouré d’une dizaine d’indignés et muni de son béret et d’un mégaphone, se plait à ironiser : «Continuez à consommer, tout va bien !». Car, selon lui, si rien ne change, «l’insurrection» sera inévitable.
« C’est important d’occuper la rue et de marquer son opposition à cet événement »
« Forcément, ça va bouger un moment, et c’est dommage d’en arriver là, parce que les insurrections et les révolutions sont des mouvements très brutaux »
La Révolution est proche
Ils sont certes peu nombreux à se cailler les miches ce 7 décembre, mais ils constituent un panel « représentatif de la société » selon l’organisateur. Parmi eux, une vieille dame en faux manteau de fourrure, un lycéen dont les parents ne savent visiblement pas où est leur fils, un cadre trotskiste, deux étudiants au look décontracté, un chômeur discret et souriant, une jeune journaliste au ton affirmé, etc… Un mouvement qui ne semble pas ébranler le moins du monde les invités de la banque.
Pour contraster avec le luxe ambiant, les manifestants, habitués à participer à ce type de micro-actions, ont préparé un apéritif de fortune. Chacun était libre d’amener petits gâteaux et boissons pour les partager dans le froid. Une initiative qui se voulait conviviale car « on est pas triste, seulement révoltés », explique Mico. Afin de tester la générosité des invités, une petite boite en carton trouée est passée parmi eux. Bien qu’une femme d’une cinquantaine d’années sautille en brandissant son porte-monnaie rouge et en scandant “J’ai tout vidé”, le succès n’est pas au rendez-vous.
« D’habitude tout le monde peut rentrer mais là (…) c’est limite si on nous cire pas nos chaussures pendant qu’on fait nos achats. Moi, je trouve que ça pue »
Comme un odeur de guillotine
L’un des manifestants, un jeune étudiant venu avec une amie fait la fierté de ses compères. Il a en effet réussi à tromper la vigilance des nombreux hôtes et hôtesses postés à l’entrée, et a pénétré dans le magasin. Une première impression ? «D’habitude tout le monde peut rentrer mais là comme il n’y a qu’eux (…), pratiquement une vendeuse par personne, c’est limite si on nous cire pas nos chaussures pendant qu’on fait nos achats. Moi, je trouve que ça pue», raconte-t-il.
Moins glorieux mais plus marquants, les propos agressifs de la vieille dame (en apparence rigolote) envers les employés des Galeries Lafayette: « Ils vont se goinfrer de conneries, de futilités, pendant que des gens crèvent dans la rue ». Plus vindicative que marrante, elle a pris à partie un pauvre vigile « vulgaire », l’accusant de travailler pour des «capitalistes de merde». L’homme s’est contenté de répondre qu’il ne faisait que son travail et qu’il avait une famille à nourrir. Les autres manifestants ont tenté de calmer les esprits, expliquant qu’ils ne partageaient pas cette prise de position.
Père Noël, salaud, le peuple aura ta peau !
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