Pigalle – 19h45. La salle de la Cigale est pleine à craquer. Pendant que la lumière baisse, les retardataires prennent place sur leurs sièges en velours rouge et les rideaux s’ouvrent enfin. Derrière, une femme aux airs latinos est suspendue à une barre haute de trois mètres, telle un gymnaste russe lors d’une compet’ de barres asymétriques. La musique se lance et la voilà qui virevolte dans tous les sens, ses longs cheveux noirs à l’air libre tenus par deux grosses roses. Jamilla Deville est une figure de « la pole » dans le monde. Elle cumule les titres de « Miss Pole Dance Australia » (2005) et de « Professeure Internationale de l’année » (2010 et 2011). Ce vendredi 25 octobre, elle fait partie des membres du jury pour la compétition française. Arrivée d’Australie, quelques heures auparavant, la vedette fait démonstration de ses talents, avant de laisser place aux stars du jour : les dix-huit candidats en lice pour le titre de champion de France 2013.
Compétition Pro Un championnat de France de Pole Dance ? Depuis maintenant 5 ans, l’école « Pole Dance Paris » organise une compétition pour réunir les meilleurs « pole dancers » de l’hexagone. Un championnat tout ce qu’il y a de plus sérieux et qui réunit les vedettes du petit milieu. Parmi le jury de cette édition 2013, l’Américain Steven Retchless, demi-finaliste de l’émission « America’s got talent ! » ou encore Lizz Schofield, directrice de l’école de Pole de Salt Lake City. D’autres sont venus du Canada comme la bodybuildeuse Fawnia Mondey
Ce soir, pour cette cinquième compétition française, près de 900 personnes sont au rendez-vous à La Cigale. Rien à voir avec les éditions précédentes, plus modestes, au Vingtième Théâtre puis au Théâtre Déjazet. Signe que la Pole Dance intéresse un public de plus en plus large. Mariana Baum, l’organisatrice de l’événement du soir date à 2009 le début de l’engouement pour la Pole Dance. « Mais aujourd’hui, il y a plus d’une cinquantaine d’écoles et les adhérents se comptent par milliers », ajoute celle qui fait figure de big boss de la Pole Dance made in France.
Le pole dancer Thomas Vatant Antonelli
Casser l’image strip club Sortir la discipline du ghetto des strip clubs, c’est bien l’objectif des organisateurs de la compétition du soir. Née dans les clubs de strip-tease aux Etats-Unis, la Pole Dance est encore souvent réduite à « un show érotisant » dans l’imaginaire collectif. Allez au « Pussy’s » à Pigalle et demandez aux clients des synonymes des mots « pole danceuses », ils vous diront sans doute « entraîneuse » – et encore nous sommes polis… Mariana Baum monte au créneau :
« Ce sont des amalgames assez risibles. On ne se permettrait jamais de dire la même chose du tango ou de la salsa qui sont pourtant des danses très sensuelles. »
Au championnat de France, tout est réglé comme du papier à musique et c’est à une véritable compétition sportive à laquelle assiste le public. Les danseurs descendent des poteaux à une vitesse folle. Leurs muscles sont saillants et ils se jouent de la gravité. Souvent, la barre grince et le public retient son souffle. Mais ouf ! Personne ne s’écrase au sol. « Ils sont bons cette année », peut-on entendre ici et là. Mariana, l’organisatrice de l’événement le confirme :
« Le niveau monte en puissance d’une année à l’autre… Il y a de plus en plus de gymnastes et de danseurs qui se mettent à la Pole. »
Des hommes aussi Vendredi soir à la Cigale, c’est un homme qui a ouvert la compétition. Nicolas Casanova, arrive sur scène sur le rythme d’une balade anglaise. Il enchaîne ses figures sur la musique. Son costume de bandelettes noires collées les unes sur les autres semble tenir le choc, malgré ses mouvements amples. C’est une des surprises pour ceux qui ne connaissent pas la Pole Dance : la discipline attire aussi des hommes. Ici, les mecs n’ont pas honte de danser accrochés à la barre, bien au contraire. Pour Keem, par exemple, « la pole » est une évolution dans sa carrière. Il y a huit ans, il a troqué la danse pour cette discipline, encore très peu pratiquée en France.
Ils sont bons cette année !
Cyd Saylor à la barre
« Quand j’ai voulu commencer, tous les cours étaient réservées aux femmes, j’ai dû protester pour avoir des leçons particulière ! » se souvient-il.
Mais aujourd’hui la pratique s’ouvre de plus en plus. Kevin, lui, a commencé « la pole » il y a trois ans, dans un cours mixte. « Au départ t’es les seuls mecs et les filles se sentent observées… Mais ça passe ! Face à la barre on est à égalité et on est tous tout nus », blague-t-il. Entre filles et garçons, les techniques et les figures varient peu : il s’agit avant tout de style. Les premières années, les organisateurs peinent à trouver plus de quatre hommes pour participer aux compétitions. Mais ce soir, 6 sont encore en course après sélection. « C’est bien ça s’équilibre ! » se félicite Mariana.
Fédération En coulisse, les candidats essaient tant bien que mal de gérer leurs stress… Ce soir, ils ont la pression : non seulement, le jury est composé de professionnels de renom mais en plus le vainqueur représentera la France lors de compétitions internationales. Les règles sont très strictes : en moins de quatre minutes, ils doivent prouver leur capacité à chauffer le public tout en respectant des contraintes.
Sur scène, le temps est venu d’annoncer le nom des champions de l’année. C’est Doris Arnold qui est sacrée championne, au côté de Guilherm Wandrésén pour la catégorie masculine. Ce dernier est brésilien mais réside en France, le seul impératif pour participer à la compétition. La discipline est déjà reconnue comme un sport à part entière dans plusieurs pays, comme en Suisse ou en Hollande. En France, les militants de la Pole espèrent en faire de même en créant une fédération française de Pole Dance dans les années à venir. Mais attention s’il y a une volonté d’officialiser un sport, la sensualité du show ne doit pas être négligée : Mariana ne veut pas organiser de compétition dans des gymnases.
Les filles se sentent observées… Mais ça passe !
Le grand moment… l’annonce des vainqueurs !
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