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    22/03/2018

    « Ah bon, t'applaudis un truc que tu ne comprends pas ? »

    Conseil municipal de Bobigny : les fonctionnaires grognent et les soutiens du maire ne parlent pas français

    Par Mathieu Molard

    Conseil municipal tendu. Après les malaises en série à la mairie, la CGT était venue crier son mécontentement, rejointe par des habitants menacés d'expulsion et les soutiens d'un élu démis. Mais la majorité s'est trouvée de nouveaux fans...

    « Calmez-vous ou je fais évacuer la salle », tonne le maire UDI de Bobigny, Stéphane De Paoli. En guise de réponse, une poignée de salariés de la ville venue assister au conseil municipal entonne « Les portes du pénitencier ». Un hommage non pas à Johnny, mais au premier adjoint, Christian Bartholmé, dont ils réclament la démission. En 2017, l’homme a été condamné pour « violence morale en réunion », après avoir menacé une autre élue. « Bobigny, c’est devenu une République bananière », grogne une militante de la CGT Territoriaux de la ville.

    Convergence des luttes

    Ce mercredi 21 mars, les employés de la commune sont remontés : la semaine précédente, en à peine 48 heures les secours ont dû intervenir à trois reprises dans les locaux de la mairie, pour des malaises. Des burn out en série qui font suite à un rapport au vitriol de la chambre régionale des comptes (CRC). Dans ce document provisoire, dont StreetPress détaillait le contenu, la CRC pointe de nombreux et graves dysfonctionnements dans la gestion municipale : possibles emplois fictifs, rémunérations indues, pistons… Il faut nettoyer les écuries d’Augias à vitesse accélérée. « Tout le monde s’est retrouvé encore un peu plus sous pression », rapportait un fonctionnaire sous couvert d’anonymat.

    Sur le parvis de la mairie, le syndicat est rejoint par une quarantaine de propriétaires en colère venus protester contre leur expulsion programmée. Les soutiens de l’élu Slimane Abdheramane sont également de la contestation. Le conseiller municipal, artisan de la victoire de la majorité en 2014, se voit retirer son écharpe de septième adjoint. Motif invoqué en conseil municipal : un manque d’investissement sur le terrain. Debout derrière son pupitre, l’élu conteste et s’insurge :

    « Contrairement à Monsieur Bartholmé, je n’ai jamais été condamné ! »

    Il conclut son discours en faisant le V de la victoire, tandis que le public scande « Bartholmé démission ».

    Les drôles de soutiens de la majorité

    Place au vote. A une très large majorité, le conseil municipal vote le retrait définitif des délégations de Slimane Abdheramane. Il est remplacé par Marc Drané. Applaudissement des élus de la majorité. Sur les bancs du public, une vingtaine de personnes, déjà présentes dans la salle à l’entrée du public et jusque là silencieuses, se réveillent pour applaudir à tout rompre. « Jusque là, ils ne sont jamais venus », grogne un autre spectateur, avant de décrypter :

    « La mairie a fait venir des membres de la communauté Sikh pour se faire applaudir. »

    Une journaliste tente d’interroger l’un d’eux sur le motif de sa présence, mais l’homme… ne parle pas français ! A la sortie de la salle du conseil, le média citoyen Bobigny Community, interpelle un autre de ces étonnants soutiens. Extrait vidéo :


    Dans la salle du conseil, dont l’architecture rappelle le siècle de gouvernance communiste, retour à l’ordre du jour avec le vote du budget. Et Christian Bartholmé, d’annoncer fièrement :

    « Les subventions aux associations augmentent d’à peu près 100.000 euros en 2018 ! »

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