Sur Facebook, le message est aguicheur :
« N’hésitez pas à signaler l’utilisation d’un logiciel sans licence en entreprise dès aujourd’hui. »
Pour illustrer ce post sponsorisé, une photo franchement aguicheuse d’un portefeuille bien rempli. Le message est clair : Balance ton patron qui utilise des logiciels piratés contre du cash.
Derrière cette campagne, se cache la BSA pour Business Software Alliance. L’assos’ se présente comme « le principal organisme de défense et de promotion de l’industrie du logiciel ». Le lobby regroupe une trentaine des plus importantes world-companies éditrices de logiciels. En vrac : Adobe, Siemens, Microsoft, Dell ou encore IBM.
Une délation rémunérée
Pour balancer ton boss, rien de plus simple : il suffit de remplir un formulaire sur le site No Piraty. La BSA promet même l’anonymat. A partir des informations recueillies, elle va mener sa petite enquête. Puis, le cas échéant, déposer un recours en justice.
(img) Sur Facebook
C’est uniquement à la fin de la procédure que la balance / le lanceur d’alerte (rayez la mention inutile) touche sa récompense. La BSA assure être « disposée à verser une récompense qui s’élèverait à 10 % de l’indemnité qu’elle percevrait (…) avec un montant maximum de 10.000 euros ». Un montant qui donne le tournis, d’autant que selon le code de la propriété intellectuelle, les pirates risquent jusqu’à 300.000 euros d’amende.
Ça, c’est pour la théorie. Dans les faits la procédure est particulièrement longue et la BSA ne nous a donné aucun exemple de bénéficiaire en France. Trop tôt. Mais l’appel de l’argent semble en motiver plus d’un. Contacté par StreetPress, Georg Herrnleben, directeur des Affaires extérieures de l’organisation revendique faire un carton :
« Nous avons commencé ce programme courant novembre 2015 et nous avons reçu environ 200 rapports sur des entreprises travaillant avec des logiciels illicites dans les 10 premiers jours de la campagne. »
You need money? / Crédits : DR.
Est-ce bien légal ?
La BSA pousse à balancer son boss contre un gros chèque. Une pratique pas forcément très morale, mais légale selon Mickaël Ghnassia, avocat de StreetPress :
« La délation, tant qu’elle n’est pas publique, n’est pas une infraction. Et ce même si elle est rémunérée. »
Quant à Georg Herrnleben, ça ne semble pas vraiment lui poser de cas de conscience :
« Dans un état de droit, on ne parlera pas de dénonciation si une violation de la loi est rapportée. »
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