« Merci pour le combat que vous menez à nos côtés. Nous allons essayer de nous montrer dignes de vous. » Sous les lambris et les moulures dorées des salons du Palais du Luxembourg, ce 7 février 2024, le sénateur Reconquête des Bouches-du-Rhône Stéphane Ravier ne tarit pas d’éloges sur son invitée du jour. Ce jour-là, il remet une « médaille du Sénat » pour « acte de courage » à Yona, militante du groupuscule fémonationaliste Némésis. La raison ? En novembre dernier, à Besançon (25), alors que Némésis était en train de coller des affiches qui récupéraient la récente mort de Thomas à Crépol, le journaliste indépendant Toufik-de-Planoise était venu arracher les posters. Yona lui avait opposé une résistance passive, restant immobile devant le panneau.
La vidéo a fait le tour des réseaux identitaires et nationalistes, et a débouché sur un cyberharcèlement en règle du journaliste. Pas de quoi décourager Stéphane Ravier, qui a reçu la militante avec trois de ses camarades – dont Alice Cordier, présidente et fondatrice de Némésis –, pour une cérémonie suivie d’une visite guidée du Sénat. Une « magnifique journée » que Yona s’est empressée de partager via de multiples posts sur ses réseaux sociaux.
Une médaille en bois
Cette « médaille du Sénat » n’est pas en réalité une véritable distinction. Il s’agit davantage d’« une médaille fictive ou symbolique, qui n’a de valeur que celle que Ravier veut bien lui accorder », commente une source interne au Sénat. Contacté, le service presse de l’institution confirme qu’il « n’existe pas de médaille “du Sénat”, mais des médailles souvenirs, sans caractère officiel, qui sont en vente au comptoir de souvenir du Sénat où elles peuvent être achetées par les sénateurs et les visiteurs du Palais du Luxembourg ». Une breloque que Stéphane Ravier a donc jugée « digne » de Némésis !
Selon notre source, il arrive aux sénateurs de les distribuer à leurs grands électeurs, ou à des appuis sur le terrain. D’après la com’ du Sénat, il y a aussi des « médailles protocolaires » qui sont « à la disposition des sénateurs pour leurs entretiens officiels, en particulier avec des personnalités étrangères ».
À LIRE AUSSI : Némésis, le groupuscule d’extrême-droite qui se dit féministe
Un amour des radicaux
Plus que la valeur réelle de cette distinction symbolique, la petite sauterie pose la question des liens du sénateur de Reconquête avec Némésis. Son attrait pour les radicaux n’est plus à prouver, comme l’a récemment documenté Libération.
Et rien qu’au sein de son mouvement local, Défends Marseille, on retrouve pêle-mêle des militantes de Némésis – dont Nina Azamberti, une des égéries de Défends Marseille, qui est également collaboratrice parlementaire du député Rassemblement National Romain Baubry –, des militants de la Cocarde habitués des saluts nazis, un ancien du Bastion Social Lyon… Ça en fait des médailles à acheter !
À LIRE AUSSI : Le Rassemblement national et les radicaux poursuivent leur collaboration
Contactés, Stéphane Ravier, Yona et Alice Cordier n’ont pas donné suite à nos sollicitations.
Photo d’illustration via une image du compte Instagram public de la militante de Némésis Yona.
Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.
Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.
Je fais un don à partir de 1€ 💪Faf, la Newsletter
Chaque semaine le pire de l'extrême droite vu par StreetPress. Au programme, des enquêtes, des reportages et des infos inédites réunis dans une newsletter. Abonnez-vous, c'est gratuit !
Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.
Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.
Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.
Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.
Je donne
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER