François Hollande est venu visiter notre centre de formation de Charleville-Mezières (dans les Ardennes) et voir la machine Platinium 3D jeudi dernier. Du coup, la région s’est pliée en quatre pour redécorer le centre pour lui, alors que nous ça fait des mois qu’on demande un simple micro-onde. C’est devenu une blague entre nous et j’ai appelé L’Union, le journal local, pour lui raconter l’histoire, qui est hallucinante.
Avant l’établissement était laissé à l’abandon
Lundi, dix ouvriers sont arrivés pour refaire la peinture. Avant c’était laissé à l’abandon, avec de la moisissure dans le faux-plafond, mais on s’en plaignait pas, on est dans l’industrie. Là ils ont refait les dalles, la peinture. Ils ont tout nettoyé et enlevé les vieilles plantes, on pouvait manger par terre. Ca a dû coûter bonbon, des travaux en urgence, trois jours de suite comme ça.
« Dix ouvriers sont arrivés pour refaire la peinture. Avant c’était laissé à l’abandon, avec de la moisissure dans le faux-plafond […] ça a dû coûter bonbon, des travaux en urgence, trois jours de suite comme ça »
David, élève en CFA
On nous a pas dit que c’était à cause de la visite, mais on a vite compris quand on a su qu’il venait. C’est ça qui m’a énervé, ainsi que d’autres élèves et enseignants, c’est qu’on ne le fasse pas pour nous. Qu’on investisse des milliers d’euros dans la décoration et la peinture en urgence alors qu’on n’a pas un coin pour manger. Nous on demande ce micro-onde, parce que beaucoup d’entre nous ne peuvent pas se permettre de manger tous les jours, et niet. Là tout à coup, on a de l’argent.
Mais ce n’est que le parcours de Hollande qui a été repeint
Et surtout, c’était totalement une mise en scène. Tout a été maquillé, superficiellement. Ca sentait encore peinture fraiche quand François Hollande est arrivé. Le pire est qu’ils n’ont refait que le parcours du président, on savait déjà par où il allait passer. Il y a un côté de la barrière qui est refait en blanc et l’autre qui est gris par exemple, c’est hallucinant. Ca nous fait rigoler…
Ensuite, pendant trois heures, tous les élèves du CFA étaient cloitrés dans leurs salles, sans pouvoir sortir, aller aux toilettes, et même de regarder par la fenêtre pour essayer de l’apercevoir. Alors même qu’on nous avait tous fouillés à l’entrée. Quand on a demandé pourquoi, on nous a dit que c’était des questions de sécurité. Mais moi je pense qu’on n’est pas beaux !
Seuls 12 élèves ont rencontré le Président
Les 12 élèves qui ont accompagné François Hollande étaient sélectionnés sur dossier. Ils devaient avoir peur qu’on le chahute, surtout avec la claque de Valls la veille, ça avait mis tout le monde sous tension. Mais je pense que beaucoup d’entre nous auraient aimé le voir, vu qu’il passait dans notre centre, même ceux qui ne partagent pas ses idées politiques.
Mais non, on est resté derrière une affiche qu’ils avaient collée pour séparer les deux ateliers. On n’a rien entendu. Quand on nous a dit qu’ils étaient venus on s’est dit que c’était pas possible. Si les journalistes avaient poussé l’affiche et avaient vu ça, 10 élèves collés derrière, dans un atelier qui lui n’était pas du tout nettoyé et flambant neuf comme l’autre, ils auraient rigolé.
Si tout le monde fait ça partout, forcément tout est rose
François Hollande donne une mauvaise image de la réalité, en disant que tout va bien. Mais ça m’étonne plus maintenant. Si tout le monde fait ça partout, forcément tout est rose. C’est sûr que maintenant le hall il est beau. Mais nous on n’a toujours pas de micro-onde.
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