#1 Gonjasufi : A sufi and a killer
Vous recherchez l’OVNI musical de l’année ? Le voici ! Aucun disque ne ressemble à celui-ci, et pourtant sa musique expérimentale est fascinante. Signé sur l’excellent label Warp (!!!, Boards of Canada, Brian Eno, Jamie Lidell…) repéré par Flying Lotus (rien que ça !), Gonjasufi est en fait un ancien rappeur californien qui est revenu de la drogue par le yoga et à la musique par un étrange chant mystique. Et c’est celui-ci qui rend ce premier album si jouissif. C’est en fait un véritable trip inédit dans son univers bizarre que l’on pourrait décrire comme un chant de western rastafarien sur des instrumentaux futuristes. Car, derrière sa voix étrange, on passe d’une ambiance trip-hopienne, à des sonorités bollywoodiennes, à du rock, du hip-hop, de la soul et de l’électro avant-gardiste. Le résultat est incroyable et c’est sûrement l’un des plus beaux voyages de l’année. En 2010, le psychédélisme, ça ressemble à ce disque!
Meilleur morceau : She gone
Note : 9/10
#2 Yasmine Kyd : Earth woman
Vous aimez la soul, le jazz ou les jolies voix comme Erykah Badu ? Découvrez Yasmine Kyd, une auteur-compositeur-interprète française, qui a sorti cette année son 1er album auto-produit. Et quel album ! On reste captivé du premier au dernier morceau par son univers et par sa voix. Car celle-ci est magnifique, tout en finesse, digne des plus grandes chanteuses de jazz et crée une ambiance intime et chaleureuse. Surtout, elle se marie parfaitement à l’accompagnement musical. Car la sonorité soul acoustique qui accompagne sa voix est variée et devient très vite envoûtante. De telle sorte que l’on a envie de se faire bercer par cet album encore et encore. En bref, un grand moment d’évasion et beaucoup de bonheur assuré pour tous ceux qui rentreront dans son univers. Une vraie pépite de 2010, et c’est français !
Meilleur morceau : Losing your mind
Note : 8/10
#3 Clara Clara : Comfortable problems
Pour les amateurs de nouvelles expériences sonores rock, le groupe Clara Clara devrait vous combler. C’est un peu le chainon manquant entre Animal Collective et MGMT, avec des mélodies déstructurées à couper le souffle ! Ce groupe français, porté par le leader François Virot, nous bluffe de créativité le temps de 8 chansons. En quête d’expérimentations sonores, le groupe invente et se réinvente pour créer de magnifiques bijoux pop, en croisant à l’énergie rock et les bidouillages électroniques étranges. L’énergie qui s’en dégage est très excitante. Cependant, les oreilles en quête de conformisme pourraient trouver ces morceaux brouillons, trop déstructurés, mais pour les autres, cet opus est une vraie bonne claque musicale.
Meilleur morceau : One on one
Note : 7/10
#4 Tribeqa : Qolors
Tribeqa, c’est un peu un melting-pot musical doté d’un sens du groove imparable. Après un incroyable premier album en 2008, ce groupe nantais de musique instrumentale revient avec une suite aussi entêtante. Un album métissé où les scratchs bien sentis de Djo, le dj du groupe, ponctuent les titres avec les autres instruments du groupe. Les rythmes sont irrésistibles, tribaux et fous. Les invités, qui posent leurs voix et leurs vibes sur 4 morceaux, sont proches du rap, de la world music ou de la soul. L’ensemble du disque est inspiré, plaisant et surprenant. Jamais ennuyeux, un fait assez rare pour un groupe de musique instrumentale. En effet, leur sens du groove est contagieux et le plaisir qu’ils ont pris pour faire cet album est communicatif. En témoignent les 5 interludes de la beatbox. Un bon moment musical hip-hop, et sur scène, leur groove irrésistible prend encore une autre dimension.
Meilleur morceau : Sands of time
Note : 8/10
#5 Caribou : Swim
Caribou, en voilà un drôle de nom, ça ne peut qu’être québécois ! C’en est en effet très proche, puisque ce DJ, chanteur et producteur est canadien. Après un 1er album aux sonorités pop, son 2ème album est bien plus enthousiasmant. Car Caribou nous amène dès le premier morceau dans un univers électronique décadent. « Odessa » est un vrai morceau hypnotique (à l’image de la pochette) qui, après plusieurs écoutes, ne quittera pas votre tête. Nova l’a bien compris, en le diffusant cette année. Mais réduire cet album à un morceau n’est pas juste, tant il renferme de moments excitants. En bref, un disque planant de bout en bout, rempli de ritournelles électro hypnotiques. Et après l’écoute, on se dit que finalement, Caribou ce n’est pas un nom si vilain que ça !
Meilleur morceau : Leave house
Note : 8/10
#6 Milk Coffee and Sugar : Milk Coffee and Sugar
Le rap français en 2010, ce n’est pas que Booba, Rohff, Sexion d’Assaut, Mister You ou Cortex. C’est aussi les excellents albums d’Ali, Rocé, Casey, Rockin’Squat, Hocus Pocus ou Nakk. Et au milieu de tout ça, un album est passé un peu inaperçu : le premier de Milk Coffee and Sugar. Peut-être trop «mature» pour une partie des amateurs de rap qui s’abreuvent parfois trop de clichés et de hits radiophoniques. Peut-être trop vrai de simplicité et de poésie, pour ceux qui recherchent en vain une street crédibilité aux artistes. Peut-être trop engagé, pour plaire à un public plus large que celui du hip-hop. En fait, peut-être trop jouissif tout simplement. Car cet album est bourré de morceaux passionnants remplis de bonnes punchlines, tour à tour engagées, poétiques, spirituelles ou drôles. Les connaisseurs y verront également plusieurs clins d’œil à d’autres grands piliers du rap comme à Kery James ou à IAM. Ainsi, pour tout vrai amateur de rap français, l’écoute de cet album est indispensable !
Meilleur morceau : Un peu de musique
Note: 7/10
#7 Andreya Triana : Lost where i belong
Vous recherchez un album apaisant ? La soul magnifique d’ Andreya Triana devrait vous convenir. Jeune recrue du très bon label Ninja Tune (qui fête ses 20 ans cette année), elle s’était déjà fait remarquer sur le dernier album de Bonobo (même label) où elle était présente sur 3 titres. Mais, c’est véritablement sur ce premier long format de 9 titres que l’on découvre tout son talent. Dans une ambiance neo-soul aux sonorités trip-hop, sa voix envoûtante prend tout son sens. L’album, plaisant de bout en bout dévoile un univers rempli d’une douceur fantastique : on tombe très vite sous le charme. Une fois qu’on y a gouté, on y revient. Un album qui fait du bien, ça devrait être remboursé par la sécu, non ?
Meilleur morceau : A town called obsolete
Note : 8/10
#8 Owen Pallett : Heartland
Après Caribou, nous revoilà en terre canadienne. Et si pour vous le nom d’ Owen Pallett est inconnu, sachez qu’il a tout de même collaboré avec Arcade Fire, Beirut ou The Last Shadow Puppets. Rien que ça ! Jusqu’en 2010, il délivrait ses albums sous le nom de Final Fantasy, mais pour éviter la confusion avec le jeu vidéo, il reprend son vrai nom pour ce nouvel album (son 3ème). Violoniste classique de formation, il propose une pop moderne avec des arrangements inédits de musique classique. Bien plus expérimental que ses œuvres passées, cet album peut être déroutant au premier abord. Il faut plusieurs écoutes pour bien saisir les subtilités de ses arrangements. Ainsi, bien qu’un peu difficile d’accès, et inégal dans la forme, cet album vaut le détour pour ses mélodies pop, vraiment uniques.
Meilleur morceau : Lewis takes off his shirt
Note : 6/10
#9 Batlik : L’art des choix
Comme promis dans l’intro de l’article, voici l’album de chanson française engagée. D’ailleurs, son titre «L’art des choix» annonce bien la couleur. Batlik, c’est un auteur-compositeur français qui a déjà 5 très bons albums à son actif. La plupart de ses chansons sont le résultat de ses fines observations vis-à-vis de la société et des relations humaines en général. A la fois drôle, touchant et révoltant dans ses paroles, Batlik prend souvent position, mais avec finesse et poésie. L’accompagnement musical, de grande qualité sur cet album, se marie très bien avec les paroles. Un album qui donne ses lettres de noblesse à la chanson française de 2010, et qui nous démontre, avec beaucoup de talent, que la bonne musique doit aussi faire réfléchir.
Meilleur morceau : Un bon français
Note : 8/10
#10 Gil Scott-Heron : I’m new here
Pour conclure ce classement des meilleurs albums méconnus de l’année, celui du retour d’un monstre sacré de la culture afro-américaine, précurseur du rap, connu notamment pour ses mythiques « The bottle » ou « The revolution will not be televised » dans les années 70. Après 10 ans de silence musical, Gil Scott-Heron nous propose un album court (28 minutes) mais intense par ses nombreux arrangements et surtout par ses paroles. Et c’est avec grand plaisir que l’on retrouve sa voix chaude et profonde, qui parle, gémit, susurre et chante sur un son complètement dépouillé. Car la musicalité des morceaux et les nombreux effets du disque reposent sur sa voix. Captivante de bout en bout, il s’impose comme un véritable conteur moderne. Un album à écouter seul et d’une traite pour mieux l’apprécier.
Meilleur morceau : Me and the devil
Note : 8/10
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