Qu’il y ait des « photographes culinaires », pas très étonnant. Il faut bien quelqu’un pour illustrer les livres de cuisine. En revanche, qui sait qu’avant la photo, il y a la styliste ? Sabine Paris, styliste culinaire, dévoile les coulisses d’un métier qui se veut plutôt secret.
Top secret Difficile d’obtenir des conseils de la part des photographes ou stylistes culinaires. « Je ne vais pas vous confier mes secrets, c’est ce qui fait l’originalité de mon travail », explique Loïc Nicoloso, photographe. Même credo pour Sabine Paris, avec qui il a travaillé en binôme. « La concurrence se fait rude dans le métier ».
Styliste culinaire, son travail consiste à mettre en place les aliments avant qu’ils ne soient photographiés. Ecarter les cuisses du poulet, empiler joliment les haricots, c’est pourtant ce que font aujourd’hui les centaines de bloggeurs qui prennent en photo leur assiette, mode des blogs culinaires oblige. « J’ai vu certains blogs, s’écrie Sabine, les photos étaient vilaines, c’était un gloubi-boulga non-identifiable ». Parce qu’il ne s’agit pas simplement de photographier un plat, mais de le créer de toute pièce.
Tomate parfaite « Le poulet sur les photos, il n’est pas cuit », explique-t-elle, « juste poché. Puis peint, de sorte qu’il ait l’air grillé ». Même chose pour le poisson ou les champignons : c’est une loi, « le client n’aime pas les champignons foncés ». Donc on ne les cuit pas, on les peint simplement sur les bords. Le fromage fondu ? « En fait, c’est de la sauche béchamel ». Quant aux pizzas, il ne s’agit pas simplement de faire cuire la pizza surgelée dans son four puis de la photographier. Ce qu’il y a sur la photo, c’est tout sauf le produit que vous consommez : « tout ce que la marque italienne nous fournit, c’est une soixantaine de pâtes précuites, pour choisir la plus belle, que je garnis moi-même de bons ingrédients ». Des ingrédients tout frais qu’elle va chercher dès 7h30 sur le marché de Rungis. Et encore une fois, le gaspillage est inévitable : « pour trouver la tomate parfaite, j’en achète plusieurs kilos ».
Je fais ça à l’instinct. Mais forcément pour ce genre de travail il faut savoir un minimum cuisiner
Bidouille Armée de son barda de colorants, seringues, pinces à épiler et autres pinceaux, elle insiste bien sur une chose : elle ne triche pas, elle « arrange ». Même si elle admet n’avoir aucune liberté pour illustrer les emballages alimentaires, qui sont élaborés selon des croquis à respecter au millimètre près, la styliste se considère comme une artiste. Du moins quand il s’agit des photos de livres ou de magazines, comme Femina, pour lequel elle réalise même les recettes avant de les mettre en scène à l’envie. « Je fais ça à l’instinct. Mais forcément pour ce genre de travail il faut savoir un minimum cuisiner ».
Titulaire d’un BEP-CAP photo, elle n’a pourtant aucune formation en cuisine, contrairement à certains de ses confrères qui ont des formations cuisinières ou en pâtisserie. « Il fallait trouver un travail, celui-là était parfait pour moi, quelqu’un de méticuleux, qui aime la bidouille ». Qui a dit qu’il ne fallait pas jouer avec la nourriture ?
Et si on mangeait le burger qui est sur la photo ?
Crédit photo : Dario D.
> un steak hâché cru, peint avec un colorant de couleur brune pour donner l’impression qu’il est grillé
> du film plastique, pour éviter que le fromage ne coule
> une salade qui a été changée toutes les 5 minutes pour éviter qu’elle ne défraîchisse
> des cornichons régulièrement humidifiés
> de la sauce appliquée avec une seringue
> des ingrédients empilés à la pince à épiler
> le beau pain rond parfait avec des grains de sésame également répartis, choisi parmi une centaine d’autres pains qui finiront à la poubelle
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