AU PROGRAMME DE CETTE NEWSLETTER :
L’ARTICLE DU MOIS : Tiffany Joncour, la députée identitaire mariée à un néonazi.
FAFOSPHÈRE : Les Active clubs, fight clubs néonazis importés des USA.
C’EST ARRIVÉ PRÈS DE CHEZ VOUS : Procès des violences commises au meeting de Zemmour en 2021.
ALBUM DE FAMILLE : Le concert néonazi a bien eu lieu près de Lyon.
Edito : Retailleau à Matignon ?
20h27, l’Assemblée nationale vote la censure du gouvernement. Sur le groupe WhatsApp de StreetPress, on s’échange nos impressions. Il y a l’équipe « vu et s’en tape » et ceux qui veulent « savourer un peu de bonheur ». « Adieu Bruno Retailleau. On ne te regrettera pas », lance l’un. « Pas sûr, la rumeur le donne à Matignon. » « Vraiment ? » Oui, vraiment. Explications.
L’Assemblée est, si on schématise, coupée en trois blocs : l’extrême droite (le RN et la bande à Ciotti), la droite (les macronistes et LR) et la gauche (le NFP). Un gouvernement doit, pour tenir, être issu de l’un de ces blocs et obtenir une neutralité bienveillante d’une bonne partie d’un second bloc.
Détaillons les différents scénarios. Hypothèse un, Macron décide de reconnaître les résultats de juillet dernier et nomme à Matignon une personnalité issue de la coalition de gauche et – c’est important – demande à ses troupes de ne pas censurer ce gouvernement. Les macronistes, comme le RN jusque-là, pourraient fixer leurs lignes rouges. Ou plutôt leurs lignes rose pâle : un peu de social mais pas touche aux retraites. C’est le scénario Cazeneuve à Matignon. Hypothèse deux, le président envoie, avec l’aval de ses députés, Bardella à Matignon. La pilule risque d’être trop dure à avaler pour une bonne partie des députés macronistes. Dernière hypothèse, la plus probable : il nomme un Premier ministre de droite encore plus extrême. Marine Le Pen a déjà commencé à rédiger sa lettre au Père Noël, ou plutôt au père Macron. Lecornu ou Bayrou lui irait bien, rapporte l’opinion. Retailleau ne devrait pas non plus lui déplaire…
Les fêtes de Noël s’annoncent bien.
Mathieu Molard
Article du mois :
Tiffany Joncour, députée identitaire au mari encombrant
Meyzieu, 20 juin. Dans la nuit, une poignée de militants identitaires des Remparts Lyon collent des affiches du Rassemblement national. « Le pays va plonger dans une guerre raciale, la victoire du RN, c’est le seul moyen pour la France d’aller mieux », explique l’un d’eux à Nassim. À l’écart, sous un lampadaire, une femme âgée d’une trentaine d’année semble « mal à l’aise ». Elle se tient « éloignée du débat » et des téléphones portables des jeunes du quartier qui filment les colleurs. Rapidement, elle enjoint ses camarades à « se retirer ». Nassim en est persuadé, il s’agit de la candidate du RN, dont le visage est placardé sur les affiches de campagne que les identitaires veulent coller : Tiffany Joncour.
La nouvelle députée, élue lors d’une campagne électrique, a des relations qui ne collent pas vraiment avec la stratégie de dédiabolisation portée par Marine Le Pen. Derrière une façade de mère de famille nombreuse se cache une militante identitaire radicale. Son mari est un ancien hooligan néonazi, multi-condamné pour des faits de violences. Le couple fréquente la plupart des figures identitaires importantes de Lyon, y compris des militants ultra-violents, condamnés pour des agressions racistes. Portrait d’une trentenaire bien implantée dans la mouvance identitaire lyonnaise.
D.D
Fafosphère
Les Active clubs, fight clubs néonazis importés des USA
Depuis deux ans, un mouvement suprémaciste blanc venu tout droit des Etats-Unis s’installe en France et en Europe. Ses adeptes étaient dans la descente raciste de Romans-sur-Isère en novembre 2023, ou dans les manifestations anti-immigrés à Saint-Brévin en avril de la même année.
Dans notre nouvelle vidéo basée sur notre cartographie, StreetPress vous raconte l’histoire d’une mouvance fondée par un néonazi américain, qui a fini en cavale en Europe après être passé par la case prison. Il a fondé des fight clubs à la sauce néonazi qui pullulent en Europe : les Active clubs.
C-C.G & M.B
C’est arrivé près de chez vous
Le collectif Némésis en guerre contre des journalistes de Channel 4
Elle en a été « choquée ». Le 16 novembre dernier, au sortir d’une conférence sur « l’entrisme islamique », Alice Cordier, présidente des fémonationalistes de Némésis, n’en démordait pas sur Twitter. Selon elle, des journalistes de Channel 4, chaîne publique britannique, seraient « entrés DE FORCE pendant la conférence et ont commencé à [la] filmer (…) dans un lieu privé, privatisé par [ses] soins ». Le lieu privé en question ? La Villa Aurélienne, un monument historique, propriété de la ville, pour une conférence publique organisée en présence du maire RN David Rachline, mais aussi de l’ancienne assistante parlementaire RN Nina Azamberti et d’Astrid Mahé O’Chinal – la fille d’une des figures tutélaires de la GUD connexion. De quoi nuancer un poil le propos en majuscules de la militante d’extrême droite sur cette sauterie intime. Et une fois qu’on interroge les journalistes de Channel 4, ça frôle bien la fake news… Le média avait prévenu de sa venue et dément formellement le déroulé de Némésis : « On s’est assis, avec notre caméra en évidence, avant le début de la conférence. Quand on l’a saluée, Alice Cordier s’est mise à nous hurler dessus et à nous menacer de poursuites. Notre fixeuse en a même fondu en larmes. »
Une semaine plus tard, la même équipe de Channel 4 vient filmer les militantes de Némésis, qui sont sous haute protection policière, pour leur « happening » à la manifestation féministe NousToutes à Paris. Dès qu’Alice Cordier les aperçoit, elle demande aux policiers encadrants de les expulser : « Ils ne sont pas avec nous. » Ordre immédiatement exécuté, malgré l’identification en tant que journalistes. De quoi être vraiment « choqué ».
D.D
Violences lors du meeting de Zemmour contre SOS Racisme : des Zouaves Paris passent au tribunal
Il y a trois ans jour pour jour, le 5 décembre 2021, une douzaine de militants de SOS Racisme étaient passés à tabac au meeting du candidat à la présidentielle Éric Zemmour. La scène, filmée sous tous les angles, a fait la Une de la presse. Mais seulement deux de leurs agresseurs, militants du groupuscule néonazi Zouaves Paris, seront jugés demain pour violences volontaires aggravées.
StreetPress s’est procuré le dossier à l’avance, et il est relativement vide, entre une enquête quasi-bâclée et presque pas d’auditions. Outre Marc de Cacqueray-Valmenier, reconnaissable sur toutes les vidéos, l’enquête a permis d’identifier un autre militant. Bien maigre, quand on sait que plusieurs dizaines de personnes ont été impliqué dans ces violences filmées.
D.D
Chambéry fait la promotion d’une association anti-IVG et contre le mariage pour tous
En voilà une référence particulière ! Sur son site, la ville de Chambéry référençait dans sa rubrique « solidarité » Alliance Vita, association anti-IVG et contre le Mariage pour tous, fondée par Christine Boutin. Ça fait un peu tâche pour une mairie dirigée par Thierry Repentin, ancien ministre de François Hollande. D’autant que la ville aspire à se positionner comme une « ville inclusive ». Après l’envoi des questions de StreetPress, restées sans réponse, la fiche de l’association a été déprogrammée.
Calvin Leclere
Album de famille
Le concert néonazi a bien eu lieu près de Lyon
Renaud Mannheim l’avait juré presque la main sur le cœur : le concert organisé par ce militant d’extrême droite radicale était annulé. « Je n’ai pas assez de monde », soufflait au téléphone celui qui a récemment chanté chez Jean-Marie Le Pen. StreetPress doutait, avec raison ! Le concert a, selon nos informations, bien eu lieu. Dans une salle sans âme, les groupes de rock néonazis, dont les Polonais Konkwista 88, ont fait leur live.
Certains de leurs membres ont même profité de leur passage en France pour participer à une visite guidée du stade Gerland, l’ancien stade de l’Olympique lyonnais. Des militants du réseau international de Blood and Honour ont aussi fait le déplacement. « C’était une excellente soirée, salutations à tous les 88 », a félicité un Allemand sous une photo du live, postée sur Facebook. Pour les profanes, le 88 est le code des néonazis pour « Heil Hitler », le H étant la huitième lettre de l’alphabet. Une ambiance de bras tendu, et pas que pour applaudir.
C-C.G
Lu ailleurs :
Les Jours débusquent une nouvelle « brebis galeuse » dans le troupeau du RN
Une nouvelle brebis rejoint le troupeau. Nos confrères des Jours ont débusqué une nouvelle « brebis galeuse » au sein du cheptel du Rassemblement national à l’Assemblée. Il s’agit d’Angelo Heilig, collaborateur parlementaire d’Alexandre Loubet, député de la Moselle et vice-président du groupe RN à l’Assemblée. Ce militant de 24 ans a, au fil des années, multiplié les « dérapages » sur X avec en vrac des blagues sur les chambres à gaz, des insultes au président de la République, traité de « chien », ou à la maire de Paris, qualifiée de « lèche-boule ». Il parle aussi de « civilisation de race blanche ». Un portrait à retrouver sur le site des Jours. Le média est sur abonnement, mais on vous a négocié un mois gratuit, si vous utilisez le code NONAUXFAFS (tout est pré-rempli, si vous passez par ici).
L’appel à projet du FPL
Le Fonds pour une presse libre (FPL) a lancé son appel à projets « Extrême droite: enquêter, révéler, démonter », doté d’une somme globale de plus de 100.000 euros. Ils vont soutenir plusieurs projets d’enquêtes aussi bien locales que nationales, avec un intérêt particulier pour les projets sur les réseaux économiques, l’entrisme dans l’appareil d’État et les recherches data, Osint ou sur des leaks.
Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.
Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.
Je fais un don à partir de 1€ 💪Faf, la Newsletter
Chaque semaine le pire de l'extrême droite vu par StreetPress. Au programme, des enquêtes, des reportages et des infos inédites réunis dans une newsletter. Abonnez-vous, c'est gratuit !
Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.
Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.
Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.
Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.
Je donne
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER