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    29/10/2024

    La Bastide a déjà été impliquée dans de nombreuses violences

    Les néofascistes bordelais tentent de s’incruster chez les ultras de la North Gate

    Par Daphné Deschamps

    Depuis le début de saison, deux militants néofascistes de la Bastide bordelaise, un mouvement d’extrême droite violent, squattent les rangs d’un jeune groupe ultra des Girondins de Bordeaux, la North Gate. À leur insu ?

    1er septembre 2024 : plus d’un millier de supporters se rassemblent au parc Lescure à Bordeaux (33), l’ancien stade du club de football local : les Girondins. Les ultras de la North Gate, moteurs du rassemblement, déploient une banderole pour réclamer le départ du président Gérard Lopez. Parmi eux, deux figures bien connues du milieu néofasciste bordelais : Luca C. et Arthur R. Le duo est membre de la Bastide bordelaise, un groupuscule d’extrême droite derrière de nombreuses agressions racistes et homophobes.

    Depuis le rassemblement, Luca C. et Arthur R. ont été aperçus à plusieurs reprises dans les rangs des North Gate Bordeaux, arborant les t-shirts du groupe lors du rassemblement du 1er septembre, au cœur du groupe ultra lors du match de National 2 opposant les Girondins de Bordeaux aux Voltigeurs de Châteaubriant le 21 septembre, ou contre les Normands d’Avranches le 19 octobre. Ancien militant de Génération Z, mais aussi des royalistes de l’Action française Bordeaux, Luca C. est un des fondateurs de la Bastide bordelaise. Recrue plus récente, Arthur R. est entré chez les néofascistes aquitains via des entraînements aux sports de combat organisés dans les jardins publics de Bordeaux, avant de commencer à servir de porte-banderole pour le groupuscule courant 2023.

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    Lucas C. au cœur du groupe ultra lors du match de National 2 opposant les Girondins de Bordeaux aux Voltigeurs de Châteaubriant le 21 septembre dernier. / Crédits : DR

    Les néofascistes violents de la Bastide bordelaise

    Héritière direct de Bordeaux nationaliste, dissout en février 2023 pour son « idéologie xénophobe » et ses « appels à la haine et à la violence », la Bastide bordelaise a un passif conséquent. Sous l’étiquette Bordeaux nationaliste, plusieurs de ses membres ont notamment été condamnés pour des violences commises en juin 2022 lors d’une descente raciste dans le quartier Saint-Michel. Le même mois, ils avaient aussi attaqué la marche des fiertés locale. Les militants sont également derrière l’attaque d’une conférence des députés LFI Louis Boyard et Carlos Martens Bilongo à la fac de Bordeaux en décembre 2022. Et en juin 2024, un militant de la Bastide a attaqué un bar antifasciste à Rome avec d’autres néofascistes français.

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    Arthur R. dans les rangs des North Gate Bordeaux lors du match du 21 septembre dernier. Il est entré chez les néofascistes aquitains via des entraînements aux sports de combat organisés dans les jardins publics de Bordeaux, avant de commencer à servir de porte-banderole pour le groupuscule courant 2023. / Crédits : DR

    Le grand public a surtout fait connaissance avec la Bastide bordelaise lors de la candidature de son leader, Yanis Iva, aux élections législatives anticipées de juin 2024. Ce dernier, condamné pour les violences de l’été 2022, avait orné son tract d’une croix celtique, symbole néofasciste, et revendiquait vouloir donner « une bonne droite à la gauche » comme slogan de campagne.

    Un autre membre de la Bastide, Enzo Lebrun, condamné pour les violences dans le quartier Saint-Michel en juin 2022, s’affiche avec Arthur R. sur ses réseaux sociaux vêtu d’un sweat-shirt du Kop of Boulogne, l’ancienne tribune du Paris Saint-Germain, qui sert désormais de label pour les néonazis hooligans de la capitale.

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    Lucas C. est un ancien militant de Génération Z, mais aussi des royalistes de l’Action française Bordeaux. Il est aussi un des fondateurs de la Bastide bordelaise. / Crédits : DR

    Une tentative d’implantation ?

    Les groupuscules d’extrême droite tentent souvent de s’incruster dans les tribunes ultras, avec plus ou moins de succès. Un ancien militant de Bordeaux nationaliste, Tristan Arnaud, a notamment été un élément clé dans la bascule d’une partie des tribunes de Clermont-Ferrand à l’extrême droite, via un groupe hooligan informel, la Brigade Arverne. Luca C., Arthur R. et le reste des néofascistes de la Bastide bordelaise tentent-ils de s’implanter au sein des tribunes des Girondins avec le même objectif que Tristan Arnaud à Clermont-Ferrand ?

    Contactée, la North Gate Bordeaux (NGB) n’a pas donné suite à nos sollicitations. Créé en mars 2023, situé dans le virage Nord du stade dans le bloc 58, ce jeune groupe s’est monté alors que les Girondins étaient alors en grande difficulté sportive. La NGB s’est également formée en scission avec les ultras historiques de Bordeaux, les Ultramarines, autour de différends au sujet du pass vaccinal et des relations de ce principal groupe de supporters avec la direction du club. Selon nos informations, une partie de ses troupes serait issue d’anciens groupes hooligans bordelais. Dont la Meute, un groupe actif entre 2011 et 2012, soupçonné de vouloir véhiculer des idées d’extrême droite dans le stade et disparu lors de l’interdiction de stade de la majorité de ses membres. La North Gate est aujourd’hui en conflit ouvert avec les Ultramarines, connus entre autres pour leurs positions antiracistes, comme l’a raconté le média Rue89 Bordeaux. Contactés, ces derniers ont déclaré à StreetPress ne pas souhaiter « répondre sur ce sujet ». Les deux groupes en sont déjà venus plusieurs fois aux poings, en février et en mars 2024 notamment.

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