« Si l’école privée sous contrat est financée à 73% par les fonds publics, elle n’est cependant pas accessible à tous. L’État injecte donc de l’argent dans des établissements qui ne jouent pas la carte de la mixité et qui aggravent les inégalités. Le financement de l’enseignement privé sous contrat nuit à la mixité scolaire.
Comment se comprendre quand on ne vit pas ensemble ? Quand la ministre de l’Éducation est en visite dans un collège dans le 94, elle voit des élèves qui portent des baskets et leur demande s’ils ont fait du sport. C’est évident : tous les adolescents mettent des baskets. Mais pas dans tous les établissements ! C’est cette façon de vivre dans deux mondes différents qui empêche de se comprendre, et donc la construction d’un futur commun. Voici l’enjeu de la mixité sociale.
Si l’on prend l’évaluation du PISA, on voit bien qu’au lieu de réduire les inégalités de naissance entre les élèves, l’école française est en train de les accentuer. En effet, les résultats montrent que les enfants de milieux populaires sont de plus en plus en difficulté à l’école. Au contraire, ceux issus de milieux favorisés – voire très favorisés – font partie des meilleurs élèves européens.
L’école des riches vs l’école des pauvres ?
L’établissement Stanislas a bénéficié de subventions obligatoires des collectivités, mais aussi de subventions non obligatoires de la région. L’établissement a deux murs d’escalade, deux piscines, 21 laboratoires… donc une multitude d’infrastructures qui permet de bonnes conditions d’apprentissage. Dans le même département, le lycée Bergson, dans le 19ème arrondissement, a des fuites récurrentes d’eau. Des plaques du plafond sont tombées dans une des classes. C’est étonnant de constater un tel subventionnement d’un établissement privé au détriment d’autres établissements publics.
Si je suis caricatural, on se retrouve finalement avec deux écoles : l’école des riches et l’école des pauvres, qui serait l’école publique.
Des subventions et peu de contrôle
Jusqu’en juin 2019, l’école était obligatoire à partir de six ans. Quand Jean-Michel Blanquer était encore ministre de l’Éducation nationale, il a décidé que l’école deviendrait obligatoire à partir de trois ans. La décision a étonné un peu tout le monde… 97% des élèves français allaient déjà à l’école obligatoire avant cette nouvelle mesure. Mais en réalité, c’était un énorme cadeau à l’enseignement privé sous contrat, puisque ça oblige désormais les collectivités à participer aux frais de scolarité des élèves de moins de six ans.
Le problème, c’est que les subventions obligatoires qui sortent de la poche du contribuable ne sont pas contrôlées. C’est d’ailleurs la Cour des comptes qui a révélé l’année dernière qu’il n’y avait pas de contrôle de l’utilisation de ces fonds. Et on ne peut pas dire que la Cour des comptes soit orientée à gauche…
Quelles solutions ?
Toujours selon la Cour des comptes : les établissements privés disposent de trois fois moins de boursiers que dans les établissements publics. Pap Ndiaye, ancien ministre de l’Éducation, semblait aller vers cette proposition : instaurer des quotas de boursiers dans ces établissements privés sous contrat. Ça peut être une solution. Mais on le sait très bien : si les établissements privés sous contrat ont une obligation, ils choisiront les meilleurs élèves. Pas sûr que cette solution soit la plus pertinente.
Aussi, je me permets d’ajouter une nuance : tous les établissements privés ne sont pas comme Stanislas. Certains jouent le jeu de la mixité. En Bretagne, par exemple, énormément d’établissements privés jouent la carte de la mixité sociale.
Pour finir, je dirai qu’il ne faut pas non plus jeter l’opprobre sur les parents qui font le choix de l’école privée. Pour que les parents n’aient plus à faire ce choix, il faut tout simplement investir dans l’école publique. »
Illustration de Une par Caroline Varon.
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