Aix-en-Provence (13), vendredi 24 novembre – Quelques dizaines de personnes sont rassemblées devant le palais de justice de la ville pour rendre hommage à Thomas, tué à Crépol à la mi-novembre dernière, et écouter les orateurs du soir. À côté de Raphaël Ayma, porte-parole des néofascistes de Tenesoun, de Stéphane Ravier, sénateur Reconquête des Bouches-du-Rhône ou encore de Jérémie Piano, ex porte-parole du mouvement dissous Génération Identitaire passé aussi chez Zemmour, plusieurs militantes du groupuscule féministe identitaire Némésis. Mégaphone en main, on retrouve l’assistante du député Rassemblement National Romain Baubry Nina Azamberti, épinglée le mois dernier dans notre enquête sur les radicaux au RN. Collée à elle, l’une de ses très bonnes connaissances, Clémence Le Saint. Celle qui se fait surnommer : « Trastour » milite avec elle au sein de Némésis, mais est, depuis peu, également assistante parlementaire de… Romain Baubry. Une nouveauté pour la néo-aixoise, qui a quitté Paris pour le sud en septembre, et dont l’arrivée dans l’équipe du député remonte au mois dernier.
À gauche, Clémence Le Saint. À droite, Nina Azamberti. / Crédits : Capture d'écran Instagram
Némésis et néofascisme
Les deux assistantes du député se connaissent bien. Lorsque Clémence Le Saint militait dans la section parisienne de Némésis, elle croisait déjà Nina lors des actions chocs du collectif, comme en janvier 2022 lorsqu’une quarantaine de militantes, vêtues de robes blanches ou de burqas, s’étaient rassemblées à Montmartre pour dénoncer le hijab. Militante historique du groupuscule, Clémence Le Saint a été recrutée à 17 ans à peine. Elle est aujourd’hui l’une des figures du mouvement identitaire. Le 14 décembre Alice Cordier, porte-parole officielle de Némésis l’invitait dans son émission sur Radio Courtoisie. À cette occasion, elle expliquait que Clémence Le Saint, arrivée de Paris pour son master de droit public, a « gagné en grade cette année » en « relançant la section d’Aix-en-Provence, couplée avec la ville de Marseille (13) ».
Les deux comparses fréquentent également de manière assidue le groupuscule néofasciste aixois Tenesoun. Lorsque Nina Azamberti ne participe pas à une action en hommage à Lola, tuée en octobre 2022, et que Clémence Le Saint ne s’entraîne pas à la boxe dans des cours exclusivement féminins, dispensés par un militant du groupuscule, elles se retrouvent par exemple au local aixois du mouvement pour boire des coups et jouer au billard.
Clémence Le Saint a été recrutée à 17 ans à peine. Elle est aujourd’hui l’une des figures du mouvement identitaire. Le 14 décembre Alice Cordier, porte parole officielle de Némésis l’invitait dans son émission sur Radio Courtoisie. / Crédits : Capture d'écran Instagram
Catholique convaincue
L’ancienne étudiante de l’Institut Catholique de Paris écrit également pour le magazine d’extrême droite L’Incorrect. Elle y interview Thaïs d’Escufon pour le lancement de l’Asla, s’oppose à la loi bioéthique, tacle l’influenceuse d’extrême droite Estelle Redpill – qui a pourtant réalisé une vidéo aux côtés de Némésis – ou se rend en reportage en 2021 à l’université d’été de l’organisation en cours de dissolution Academia Christiana. Sur les réseaux sociaux, Clémence Le Saint multiplie les posts de soutien au mouvement depuis l’annonce de dissolution par Gérald Darmanin le 10 décembre dernier et a participé à l’université d’été du mouvement cette année encore, aux côtés d’autres militantes de Némésis, et de militants identitaires ou néofascistes venus de toute la France.
Nina Azamberti et Clémence Le Saint lors d'une action Némésis. Celle qui se fait surnommer : « Trastour » milite avec elle au sein de Némésis. / Crédits : Capture d'écran
Après notre première enquête sur la jeunesse bien radicale du Rassemblement national (RN) en novembre dernier, plusieurs sources, dont certaines internes, nous ont rapporté que Renaud Labaye, le secrétaire général du groupe RN à l’Assemblée s’était pris une « volée de bois vert », son rôle étant – entre autres – d’éviter au parti en pleine tentative de dédiabolisation de s’encombrer de radicaux du type. Une source affirme même à StreetPress qu’il aurait chargé des cadres de surveiller les réseaux sociaux des collaborateurs les plus jeunes. Mais aucun des militants radicaux employés par le parti n’a été remercié entre-temps et Clémence Le Saint a même été embauchée. Le RN n’a donc pas coupé les ponts avec les radicaux. Ils sont simplement priés de rester discrets.
RELIRE NOTRE ENQUETE : Le Rassemblement national et les radicaux poursuivent leur collaboration
Contactés, le député Romain Baubry et sa collaboratrice parlementaire Clémence Le Saint, n’ont pas répondu à nos questions.
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