Depuis sa garde à vue, Pierre C. est privé de sortie. Il a été arrêté après avoir participé à une tentative de ratonnade, le soir de la demi-finale de Coupe du monde France-Maroc en décembre 2022. Comme une trentaine de militants d’extrême droite, équipés de gants coqués et de protège-tibias, le lycéen de 17 ans voulait « défendre [le] drapeau [français] face aux hordes de Marocains ». Sa mère n’a pas vraiment apprécié le projet. Désormais, c’est niet, plus de sorties avec ses amis d’extrême droite. A-t-il pensé à Parcoursup ? Le double visage du jeune homme a de quoi troubler. Côté pile, auprès de sa famille, Pierre suit ses cours de maths et s’enquille les salons d’orientation. Côté face, il enchaîne les actions avec la division Martel.
La bande frappe surtout en Île-de-France mais peut s’afficher à Rouen (76), où des membres se sont filmés en train de courser « des dealers ». Ils se baladent aussi à Besançon (25) avec des plus grands, les Vandal Besak et les Rennais du Korrigans Squad, deux mouvements d’extrême droite violents. Fin avril, ils ont également été aperçus à Saint-Brévin (44), pour un rassemblement d’une centaine de néofascistes venus protester contre l’installation d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile.
Nommé en référence au chef militaire franc Charles Martel qui a battu l’armée omeyyade à Poitiers en 732, ce groupe rassemble une vingtaine de mineurs ou très jeunes majeurs, principalement en Île-de-France. Il y a donc Pierre, d’origine laotienne et puni par sa mère, mais aussi Antoine C., fan de jiu-jitsu brésilien, le noblion Mathis D. ou Léo R., l’ancien militaire qui a choisi un ouvrage des jeunesses hitlériennes comme livre de chevet. Reste Elie I. : le chauffeur. « Il est archi-chaud. Contre les arabes surtout. Enfin l’Islam », commente Pierre qui l’a recruté. Ce lycéen d’origine russe n’a que 16 ans et, donc, pas de permis. Ça ne l’empêche pas de trimbaler la bande à travers la France dans une épave de Fiat Punto.
Ces éléments sont tirés d’une fuite de données récupérées par StreetPress : les FafLeaks. Nous nous sommes procurés plus de 2.000 audios, images, vidéos ou captures d’écran de conversations ainsi que des éléments de procédures judiciaires. Une partie de ces données proviennent d’un téléphone, celui de Pierre, qui a documenté les actions de sa bande. Dans une série de trois vidéos et trois articles, StreetPress va dresser un panorama de la jeunesse radicale d’extrême droite parisienne. Née il y a un peu plus d’un an, la division Martel a multiplié les actions violentes contre des gamins d’origine maghrébine ou des militants de gauche, en pleine rue ou devant des établissements scolaires. Le comportement erratique de la « DM » a causé de nombreuses plaintes judiciaires. Mais aussi à certaines reprises l’embarras des chefs de la mouvance parisienne, comme Marc de Cacqueray-Valmenier après une manifestation néofasciste parisienne, comme l’a raconté Mediapart en août dernier.
Pierre C. a été arrêté aaprès avoir participé à une tentative de ratonnade, le soir de la demi-finale de Coupe du monde France-Maroc, alors qu'il était mineur. Il a ensuite été puni par sa mère, qui l'a interdit de sortir. / Crédits : FafLeaks
Née il y a un peu plus d’un an, la division Martel a multiplié les actions violentes contre des gamins d’origine maghrébine ou des militants de gauche. / Crédits : FafLeaks
Fans d’Hitler
La division Martel arbore toujours les mêmes drapeaux, dont l’un est le Pokemon Ectoplasma, un spectre violet malicieux. Leur groupe Telegram est nommé « Touche pas à mon WP », pour White Power, le « pouvoir blanc ». Chacun y a son surnom. Celui de Pierre est « Bigeard », du nom du général français qui a combattu en Indochine et en Algérie – mais il peut être surnommé « Chinois » en raison de ses origines asiatiques. Il y a aussi Cadoudal, Foch ou Soldat de Dieu. « C’est vraiment le même type de gars raciste, homophobe, misogyne et j’en passe », commente un ancien proche d’un membre, atterré. Il raconte les délires teintés de racisme, comme leurs parapluies qu’ils appellent des « par-arabes » :
« C’est des parapluies pour frapper les arabes. Au début, je pensais que c’était une blague, tellement je n’arrivais pas à y croire. »
Dans une vidéo tirée des FafLeaks, ils se filment en pleine nuit au milieu d’une rue d’une ville cossue de banlieue. La dizaine d’hommes habillés en noir lancent la chanson Erika. Composée dans les années 1930, la musique est connue pour avoir été chantée par les armées du Troisième Reich lors de la Seconde Guerre mondiale. Les gamins défilent en multipliant les saluts nazis.
La division Martel arbore toujours les mêmes drapeaux, dont l’un est le Pokemon Ectoplasma, spectre violet malicieux, associé d'une croix celtique. / Crédits : FafLeaks
Dans une vidéo tirée des FafLeaks, les gamins de la DM se filment en pleine nuit au milieu d’une rue d’une ville cossue de banlieue et défilent en multipliant les saluts nazis. / Crédits : FafLeaks
À les entendre, Hitler serait un influenceur comme un autre. Lors d’une perquisition, des policiers découvrent les « livres de chevet de la jeunesse hitlérienne » dans l’appartement du Rouennais Léo R. Le moustachu de 22 ans a été arrêté en même temps que Pierre, après la tentative de ratonnade avant le match France-Maroc. Durant sa garde à vue, le membre de la div’ explique qu’il « aime beaucoup » le personnage d’Hitler et « ce qu’il a pu représenter ». Interloqués, les enquêteurs demandent à cet ancien militaire, qui a quitté l’institution pour « désaccords politiques », de préciser. « Le fait qu’il soit entre guillemets parti de rien et qu’il soit arrivé à marquer l’histoire. Au-delà du fait qu’il y ait pu avoir une guerre mondiale et les génocides, qu’il soit parvenu à remettre sur les rails son pays. » Un instagrameur à peine controversé :
« Il a fait pas mal de choses à côté, il a eu un passage aux Beaux-Arts, il a défendu la cause animale, il peignait, il a fait la guerre de 14-18. »
Chez lui, les enquêteurs découvrent trois drapeaux rouges « avec croix gammée », ceux du Troisième Reich, un drapeau noir avec le signe des SS et un autre avec une Totenkopf, un insigne d’une division nazie. Ils tombent également sur trois brassards siglés d’une croix gammée. Questionné sur ses possessions, l’admirateur d’Hitler a une nouvelle excuse : « C’était pour faire de la revente sur Le Bon Coin. » Et tant pis si les enquêteurs retrouvent dans son téléphone une photo d’un membre de la DM avec un des brassards au biceps.
Après France-Maroc, les policiers perquisitionnent le domicile de Léo R. Ils découvrent des drapeaux du Troisième Reich et plusieurs brassards siglés d’une croix gammée. Les enquêteurs retrouvent aussi dans son téléphone une photo d’un membre de la DM avec un des brassards au biceps. / Crédits : FafLeaks
L’équipe jeune du Gud
Les jeunes de la division Martel se sont rapidement placés sous la houlette du Gud, qui a été réactivé par d’anciens Zouaves Paris fin 2022 après plusieurs années de sommeil. Ils ont un groupe de discussion commun sur Telegram, où l’on retrouve les gudards des années 2010, comme les frères Kléber et Hugo Vidal. Certains cumulent les appartenances au syndicat étudiant et à la DM, à l’image de Mathis D. Ce dernier a été affiché en avril dernier sur Twitter par la plateforme Tajmaât comme un des responsables de FrDeter, ce canal Telegram où des membres étaient soupçonnés de préparer des actions violentes. Lorsque le thread de Tajmaât tombe, les membres fulminent. Certains ont fait partie des groupes 75 et 94 de l’éphémère clique. Ils ont « balancé la tête de nos frères, leurs adresses, leurs écoles », dit l’un d’eux. Un des responsables, croient-ils, de Tajmaât est identifié. L’homme est en fauteuil roulant, et selon Tajmaât, il ne serait même pas des leurs. Mais rien n’arrête la meute. (3) Léo R., le Rouennais fan d’Hitler, prévient : « Handicap ou pas, on le massacre. Aucune pitié. Il peut encore se servir de ses mains alors il faut les rendre inaptes. » D’autres comme Pierre estiment qu’il ne faut pas le blesser mais détruire son mobilier. Tristan C., une des têtes plus âgées de la DM, s’énerve :
« WTF, qui défend ce bougnoule handicapé ? »
La division Martel se forme au combat avec leurs aînés gudards dans des parcs. En janvier 2023, ils participent à un « stage de sport » avec le Gud et d’autres groupes franciliens d’extrême droite comme Auctorum et Luminis. Ils réitèrent en avril, lors d’une journée de combat au parc de Saint-Cloud (92). Ils sont également fanas de fights en forêts, où deux groupes s’affrontent comme des hooligans pendant plusieurs minutes. Mi-avril, les jeunes Martel attendent avec impatience un de ces combats avec Marc de Cacqueray-Valmenier, chef du Gud et leader néonazi de Paris, et Auctorum. « Samedi, on chasse le marcassin », pérorent sur Instagram Pierre et Antoine, un des mineurs d’alors 17 ans, en référence au surnom de l’ancien Zouave Paris sur les réseaux. Le retour de karma est violent, Marc de Cacqueray et Auctorum dérouillent la div’.
La division Martel se forme au combat avec leurs aînés gudards dans des parcs, comme en janvier et avril dernier. / Crédits : FafLeaks
Plus branchés bagarres que conférences politiques, les ados fafs s’entraînent jusque dans les jardins de leurs baraques quand leurs parents ne sont pas là. Un soir d’été, dans sa maison familiale cossue du Val-de-Marne, Pierre affronte Nino B., jeune commis-sommelier dans un restaurant parisien prestigieux. En moins d’une minute, le maître des lieux se prend une puissante gauche en pleine poire. Quand Nino lui demande s’il va bien, les membres de la DM l’invectivent depuis la terrasse :
« On s’en bat les couilles, demande pas s’il va bien putain ! Hé c’est un antifa ! »
La consigne chez eux, c’est d’être un combattant. « Je veux pas d’une plante verte qui reste passive », a pu dire Tristan C. sur les recrutements. Gare à celui qui ne rentre pas dans le moule. Les jeunes Martel aiment par exemple se moquer d’une ancienne recrue qui n’était pas assez violente. Quant à ceux qui pensent à quitter le groupe, c’est niet. Au moins un des membres de la div’ y a déjà songé. L’ex-proche raconte que son ami avait « peur » :
« C’est pas si simple. Quand tu quittes le groupe, tu es apparemment considéré comme un traître et tu es détesté de la division Martel. Tu risques d’être tabassé. »
Les ados fafs s’entraînent dans les jardins de leurs baraques quand leurs parents ne sont pas là. / Crédits : FafLeaks
Ratonnade et attaque de militants
Les gamins traînent aussi avec des hooligans néonazis de Jeunesse Boulogne – où l’on retrouve des gudards – ou des MesOs Reims. Le 29 avril dernier, certains membres de la DM vont à la « mob foot » parisienne avec des trentenaires et des quadras hooligans de la Camside Tolosa et de Boulogne pour la finale de Coupe de France entre Nantes et Toulouse. D’autres comme Pierre C. ou Elie I. préfèrent aller au rassemblement d’extrême droite le même jour contre les étrangers à Saint-Brévin (44) pour attaquer la contre-manif des antifascistes. Sur une conversation Telegram dédiée à ces mobs, un des fafs se moquent des seconds :
« Vous allez aller à Saint-Brévin, personne va mettre une seule patate, vous aurez dépensé 50 euros d’essence et de péage chacun. »
Commentaire prémonitoire : À Saint-Brévin, les néonazis se font incendier une de leur voiture, tandis qu’à Paris, les hooligans frappent plusieurs personnes, dont l’attaché parlementaire d’une députée LFI.
Les membres de la division Martel ont groupe Telegram nommé « Touche pas à mon WP », pour White Power, le « pouvoir blanc ». Ils partagent aussi un groupe avec le Gud où ils débriefent leurs actions. / Crédits : FafLeaks
Les jeunes fafs de la div’ ont eu plus d’action avec leur ratonnade au lycée Victor Hugo le 20 avril dernier. Dans le groupe commun entre la DM et le Gud, Pierre publie un compte-rendu après l’attaque. Alors qu’une de leur connaissance est victime d’un canular, la division Martel monte une équipe d’une vingtaine de « fachos » dixit Pierre, pour aller tabasser des jeunes d’origine maghrébine devant l’établissement. Une ratonnade qu’ils organisent avec des gudards et des « Titeufs » – un nom plutôt péjoratif pour qualifier des garçons encore plus jeunes qu’eux. Au moins dix ont entre 14 et 17 ans, les autres ont entre 18 et 24 ans. (1)
À 17h40, l’expédition punitive se prépare dans une rue à côté du lycée. Les militants d’extrême droite « enfilent leurs cagoules et gants coqués ». Ils ont également des gazeuses et des béquilles. « Imagine, ils sont plus que nous ? », lâche quand même un des membres, inquiet, sur une vidéo. Lors de leur charge devant le lycée, ils hurlent : « Jambon hooligans ! Paris hooligans ! » En face, il n’y a qu’une poignée de jeunes qui ont entre 13 et 16 ans. « Les malheureux sarrasins plantés là se prennent des coups et du gazage en règle », retranscrit Pierre C. à ses potes fafs.
Certaines victimes comme Théo (2) ne viennent même pas du lycée. « On attendait des amis pour aller sortir vers Châtelet et on voit des gens qui courent vers nous. Ils avaient une pancarte, j’ai cru que c’étaient des manifestants », raconte-t-il. Un des militants de la DM arrive et lui envoie « un chassé sur le torse ». Ils le collent ensuite à côté de la porte du lycée et le frappent. Lorsqu’il réussit à s’extirper, ils lui lancent : « Cours sale bougnoule. » La violence dure une minute et demie avant que les fafs ne se séparent pour éviter la police. Théo, lui, a du poivre dans les yeux, un de ses amis saigne « énormément ». « Il a eu des points de suture ». Côté division Martel, un des jeunes « Titeufs » a une entaille au crâne, causée par un de ses comparses. Cinq victimes ont porté plainte pour les violences. Pierre et un autre prévenu doivent comparaître en mai prochain, d’autres membres du contingent passent devant le tribunal pour enfants.
En avril 2023, la division Martel monte une équipe d’une vingtaine de « fachos » pour aller tabasser quelques jeunes d’origine maghrébine devant l’établissement Victor Hugo. Un des jeunes du groupe est blessé au crâne. / Crédits : FafLeaks
La violence sert la com’
Quelques semaines après la ratonnade de Victor Hugo, Pierre alpague Tristan C., une des têtes du groupe. « Pourquoi on sort pas la vidéo des Arabes ? », lui lance-t-il dans un audio. Tristan explique au jeune loup que ce ne serait « pas glorieux » de revendiquer une telle attaque « parce que la div’ était clairement en infériorité numérique ce jour-là ». « Il y avait autant voire plus de Gud que de DM et beaucoup d’indeps Titeuf donc c’est un peu un mélange miteux », estime-t-il. Face à ces contraintes, Pierre lui demande de mettre les pastilles sur TikTok « pour ramener des gens » :
« Ça nous ferait des recrues. Parce que des actions comme ça, des Français qui niquent des Maghrébins c’est pas tous les jours qu’il y en a. Les patriotes qui voient ça, ils bandent dessus. »
La division Martel a des liens avec les Vandal Besak de Besançon, avec qui ils ont fait une « journée de cohésion » en mai, et les Rennais du Korrigan Squad, deux mouvements d’extrême droite violents. / Crédits : FafLeaks
La division Martel a complètement intégré les réseaux sociaux dans sa stratégie de communication. Les vidéos peuvent finir sur Instagram, TikTok ou Ouest Casual, le canal Telegram néonazi français (surnommé OC). En mai, les militants d’extrême droite préparent par exemple l’agression d’un lycéen antifasciste. Dans une série d’audios qu’ils s’envoient, Lenny M. demande à « tout de suite se mettre d’accord sur qui filme ». « Chaque fois, personne veut filmer au dernier moment », renchérit ce chef. Il prévient : « Faut qu’il y en ait qu’un qui le frappe, deux à la rigueur si vraiment vous y tenez. » Nino le sommelier abonde : « Ce serait bien de faire une petite comparaison à ça. Dire : “Nous on n’a pas besoin d’être dix pour enculer un de vos gars. En 1v1, on vous pète”. » Une référence, apparemment, aux antifascistes qui auraient attaqué un des cadres du Gud à dix contre un. Très rapidement, les fafs et Lenny s’accordent pour dire que tout ça reste de la com’ :
« Dans la rue si on en croise, évidemment qu’on va se mettre à 30 sur eux, il n’y a pas de soucis. Mais vu que c’est filmé, si en plus on peut montrer qu’on n’est pas à dix, ça va être un plus pour notre camp. »
Entre deux messages audios sur le meilleur smartphone de la bande pour filmer, les jeunes Martel continuent d’enchaîner les messages violents. « Vas-y, quand la vidéo est finie, il se prend deux-trois coups de pied dans la tronche de la part de tout le monde. Histoire qu’on n’ait pas fait le boulot pour rien », lâche Nino. Pierre veut même aller plus loin et choquer « les deux camps : le nôtre et les ennemis ». « Faut faire un truc vraiment très très humiliant. Pas juste, on le tape, on filme et on le met sur OC. On met sa gueule en sang, on le met devant la caméra et on lui fait dire des trucs de ouf. Faut que ça marque les gens. » Son comparse Lenny le rassure :
« Le but, c’est vraiment de l’humilier gros, t’inquiète pas. »
Comme prévu, la vidéo montée de l’agression finit sur Ouest Casual.
La DM est également fan de fights en forêts, où deux groupes s’affrontent comme des hooligans pendant plusieurs minutes. Les jeunes fafs ont combattu contre Marc de Cacqueray Valmenier. / Crédits : FafLeaks
Les emmerdes du C9M
L’hyperactivité de ces Gremlins a entraîné un lot de plaintes judiciaires. Quelques jours après avoir sorti les vidéos de la ratonnade de Victor Hugo sur leurs réseaux personnels, une « daronne » a envoyé un message « avec des points-virgules » à un membre de la div’. Il craint les suites. « Si ça porte plainte etc., on est dans la D. hein gros », lâche le Martel à un comparse entre deux interruptions de sa professeure. Il propose une solution contre les plaignants :
« Faut peut-être les choper encore une deuxième fois, et vraiment les choper un par un et leur mettre des coups de press’. »
Fin avril 2023, la division Martel a également été à Saint-Brévin, pour un rassemblement d’une centaine de néofascistes venus protester contre l’installation d’un centre d'accueil de demandeurs d’asile. / Crédits : FafLeaks
Les chiots fous de l’extrême droite ont aussi cambriolé… une maternelle. L’affaire se passe en avril dernier. En pleine nuit, les membres de la DM se filment en train de s’introduire par effraction dans la maternelle Danielle Casanova, à Arcueil (94). Sans qu’ils n’aient aucun objectif précis, à part satisfaire leurs délires. À l’intérieur, ils volent du matériel professionnel, comme une clé USB. Après coup, la maternelle a bien constaté le vol, sans savoir qui en était à l’origine. Une plainte a été déposée et une enquête de police est en cours.
Mais l’action qui a peut-être le plus fragilisé la division Martel a eu lieu lors de la manifestation annuelle du collectif Comité du 9 mai. La vingtaine de membres participent au service d’ordre de cette marche parisienne en hommage à un militant d’extrême droite. Sauf que juste après ce grand raout, qui a vu environ 300 militants néofascistes battre le pavé et provoquer un scandale médiatique, les membres de la DM s’en prennent à un homme. Sur le boulevard du Montparnasse, ils lui assènent des coups de poings avant de lui balancer des coups de pied dans la tête quand il est à terre. La raison ? Il les aurait filmés. Sur le moment, les militants s’en félicitent sur leurs comptes Instagram. Mais après l’événement, le chef du Gud et des néonazis parisiens Marc de Cacqueray-Valmenier envoie un audio de remontrances à un membre de la Martel, comme l’a raconté Mediapart. « C’est un peu relou pour nous parce que c’est ce qui pourrait donner de la maille aux flics pour faire interdire le C9M l’année prochaine », déclare le boss du Gud. S’il concède que la victime « méritait de se prendre des tartes » et qu’il est très content d’avoir eu la div’ dans la manif et dans le service d’ordre, « c’est le genre de trucs à éviter », lance Marc de Cacqueray. Il craint :
« On aura l’air malin si le C9M est interdit l’année prochaine… »
Contactés, certains Martel n’ont pas répondu aux questions de StreetPress. D’autres ont nié faire partie du groupe. Quant à Pierre, il a assuré ne plus faire partie de la division Martel « depuis plus de six mois », ce qui est faux selon les données de son propre téléphone. « Vous vous trompez dans vos sources », a-t-il quand même répondu. Ironie de l’histoire, dans une conversation Telegram des FafLeaks, un membre de la DM avait tancé les autres : « Sans dec’, je serais un infiltré, je vous mets tous en taule. Go envoyer à StreetPress. »
(1) Les prévenus dans l’affaire de la ratonnade sont présumés innocents. Pierre C. et Louis N. doivent passer devant la justice le 7 mai 2024.
(2) Le prénom a été changé.
(3) Édit le 19/10/23 : Tajmaât a contacté StreetPress pour préciser que, selon eux, la victime n’est pas membre de leur collectif.
Illustration de Une par Caroline Varon.
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