Les Français Pierre de Gaulle et Elie Hatem ont fait un aller-retour à Moscou pour participer à un événement parrainé par le ministre des Affaires étrangères russe. Ce sont deux drôles de gus que se sont dégotés les Russes pour leur opération de propagande.
Elie Hatem, proche de Jean-Marie Le Pen, pose avec le ministre russe Sergueï Lavrov. / Crédits : DR
Le premier est le petit-fils du général. Il a, grâce à son nom, obtenu quelques entretiens dans la presse française où il a pris la défense de Poutine, au grand dam de la famille de Gaulle. Ce dernier l’avait invité aux 80 ans de la bataille de Stalingrad, à Moscou. Le Franco-Libanais Elie Hatem est quant à lui un avocat mondain au parcours sinueux. Il a notamment défendu le mercenaire Bob Denard et l’ancien vice-président syrien Rifaat Al-Assad. Il est aussi un proche de Jean-Marie Le Pen – il a été plusieurs fois candidat aux législatives et un ancien de l’Action Française qu’il a quitté en 2019 pour fonder un groupuscule royaliste concurrent. Le dandy anti-républicain est aussi – et peut-être surtout – un homme de réseaux. Ancien « conseiller » de l’ex-secrétaire général des Nations Unies Boutros Boutros-Ghali, Hatem a ses entrées dans bon nombre de pays dirigés par des régimes autocratiques. En vrac, au Liban, en Syrie, en Iran… Et donc désormais en Russie.
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Serrage de poignes avec Steven Seagal
Le 14 mars dernier, il s’est donc rendu à Moscou pour un pince-fesses organisé au musée Pouchkine à Moscou par Nikolay Malinov. Ce Bulgare vit là-bas depuis que son pays d’origine l’accuse d’espionnage au profit de la Russie. Il y avait du beau monde dans la salle ce soir-là. Le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a pris la parole devant un parterre de plus de 200 « représentants » du monde entier. L’oligarque Konstantin Malofeev (c’est lui qui est derrière les prêts russes de Marine Le Pen) a pu lire « un message de Vladimir Poutine » avant de prendre la pose avec Elie Hatem. Il y avait même dans la salle l’acteur américain Steven Seagal, bombardé « représentant spécial du ministère russe des Affaires étrangères ». Les deux Français ont profité de l’occasion pour faire de nombreux selfies avec les peoples présents. Une véritable passion pour l’avocat maurrassien qui compte même à son tableau de chasse Emmanuel Macron (la photo avait fait scandale).
Petites salutations avec le héros de Piège en haute mer, Piège à grande vitesse, Piège à haut risque ou encore Piège en eaux profondes. / Crédits : DR
Elie Hatem pose avec l'oligarque Konstantin Malofeev, qui est derrière les prêts russes de Marine Le Pen. / Crédits : DR
Pierre de Gaulle et Elie Hatem ont même eu le droit de prendre la parole à la tribune. Le premier a sorti de leurs contextes quelques citations du grand-père pour à nouveau défendre la position de Vladimir Poutine dans la guerre qui oppose la Russie à l’Ukraine. Elie Hatem s’est lui drapé de son amitié avec Boutros Boutros-Ghali pour également défendre Moscou. Il a aussi été nommé vice-président du Mouvement international des russophiles (MIR), fondé par le bulgare Malinov. Une « organisation non-gouvernementale » qui devrait servir de relais de propagande pour la Russie à l’étranger.
Contactés par StreetPress, le quai d’Orsay et l’ambassade de Russie à Paris n’ont pas répondu à nos questions.
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