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    10/05/2022

    Jeanne d’Arc, Pétain ou Louis XVI, à chacun son idole

    Salut nazi, prière de rue et agression, les fafs manifestent dans Paris

    Par Pierre Plottu , Maxime Macé

    Important week-end de manif pour l’extrême droite antiparlementaire. Les monarchistes, les nostalgiques de Pétain ou les fanas de Mussolini ont pu se balader tranquillement et les catho-tradis prier en pleine rue.

    Gros week-end de manifs pour les fafs à Paris. Samedi 7 mai, ils étaient près de 300 réunis derrière des drapeaux noirs à croix celtique pour rendre hommage à Sébastien Deyzieu, militant d’extrême droite mort en tombant d’un immeuble le 7 mai 1994 alors qu’il fuyait la police. Un événement dont la chronologie est parfaitement résumée par cet article du site antifasciste La Horde qui rappelle notamment que les faits initiaux se sont déroulés en marge d’un défilé protestant contre le cinquantième anniversaire du débarquement de Normandie, date marquant pour ces radicaux le début de la « véritable occupation ». Comme tous les ans (hors confinement), la manifestation est partie de la station RER Palais-Royal pour rejoindre la rue des Chartreux, et s’arrêter devant l’immeuble où est mort Sébastien Deyzieu. Une partie de l’hommage est rendue dans la cour même du bâtiment où le militant a fait sa chute mortelle. À l’abri des regards, ils ont déposé une gerbe en hommage à leur camarade décédé Sébastien Deyzieu, tandis que l’un d’entre eux faisait un salut nazi, rapporte un témoin à StreetPress.

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    Selon les informations de StreetPress, le cortège du C9M comportait des Zouaves ainsi que des membres de Clermont nationaliste, Rempart Paris, les Angevins de l’Alvarium, Auctorum), Zoulous Nice. Ainsi que des membres du collectif identitaire féminin Némésis. / Crédits : DR

    Selon nos informations, des Zouaves ainsi que des membres de groupes de toute la galaxie grenouillant entre néofascisme et néonazisme étaient présents : Clermont nationaliste, Rempart Paris, les Angevins de l’Alvarium (repérés par le Réseau angevin antifasciste), du RED et de Jeunesse angevine, Auctorum (de Versailles), Zoulous Nice, etc… Des membres du collectif identitaire féminin Némésis étaient aussi de la partie. Des Italiens et des Hollandais ont également fait le déplacement. La veille, Auctorum organisait en effet une conférence avec le Blocco studentesco (branche jeunesse des néofascistes de Casapound), animée notamment par une membre de feu l’Alvarium.

    Malgré ce line up très radical, la préfecture de police de Paris confirme à StreetPress avoir autorisé et encadré la manifestation cette année encore. Et ce même si certains des groupes qui défilaient ont dans un passé récent été dissous par les autorités.

    Toujours dimanche, une manifestation contre les centres de rétention administrative (CRA) et pour la régularisation des sans-papiers était organisée à Torcy par l’association antifasciste de Seine-et-Marne. Une dizaine de militants d’extrême droite ont attaqué les organisateurs peu après la dispersion de la manifestation. Une agression à coups de béquilles et de gants coqués, précise le site Actu.fr. Deux personnes ont été blessées. Les violences ont été revendiquées sur le canal Telegram nazifiant Ouest Casual sous le nom de « Loutres gang ». Un faux-nez utilisé par des fafs versaillais d’Auctorum, mais aussi de Luminis Paris ou du syndicat estudiantin faf La Cocarde. Les groupuscules qui justement défilaient dans Paris ce même jour à l’occasion du C9M, la manifestation en hommage à Sébastien Deyzieu.

    Prières de rue

    Le lendemain, dimanche, c’était la traditionnelle fête en l’honneur de Jeanne d’Arc qui réunit chaque année de larges pans de l’extrême droite française. Les nationaux-catholiques de Civitas (une petite centaine) ont commencé la journée par une prière de rue place des Augustins avant de défiler jusqu’à la statue de la Pucelle d’Orléans. Une jeune femme censée représenter Jeanne d’Arc et perchée sur un cheval ouvrait la voie, épée en plastique à la ceinture.

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    Le 8 mai, c’était la traditionnelle fête en l’honneur de Jeanne d’Arc qui réunit chaque année de larges pans de l’extrême droite française. Civitas a commencé la journée par une prière de rue avant de défiler jusqu’à la statue de la Pucelle d’Orléans. Une jeune femme censée la représenter était perchée sur un cheval et ouvrait la voie, épée en plastique à la ceinture. / Crédits : DR

    Parmi les présents, on a pu apercevoir le complotiste Pierre Hillard, le leader de Civitas Alain Escada et Cassandre Fristot, la militante du Parti de la France condamnée pour sa pancarte antisémite « Qui ? ». Mais aussi des participants du C9M de la veille. Ils ont défilé en criant : « Vive le roi, à bas la République », « La France aux Français », « Français, réveille-toi, tu es ici chez toi » ou encore : « Franc-maçons en prison ». Escada a prononcé un discours halluciné où il était question du « nouvel ordre mondial », des juifs, des francs-maçons, de la guerre en Ukraine et de quantité d’autres choses tout aussi kamoulesques.

    Toujours dimanche, toujours pour fêter Jeanne d’Arc, le cortège de l’Action française était bien plus nombreux et plus jeune également avec des représentants des nombreuses branches régionales de l’organisation royaliste. Un défilé somme toute classique. StreetPress a pu identifier parmi les manifestants, derrière la banderole de la branche lyonnaise, une petite star chez les fafs : Damien Tarel, l’homme qui a giflé Emmanuel Macron au cri de : « Montjoie, Saint-Denis, à bas la Macronie ». Il était venu avec son ami Endy Thivolle, ex-identitaire et leader des fafs violents de Valence Patriote.

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    Pour fêter Jeanne d’Arc, le cortège de l’Action française était bien plus nombreux et plus jeune. Derrière la banderole de la branche lyonnaise, StreetPress a pu identifier Damien Tarel, l’homme qui a giflé Emmanuel Macron l'année dernière au cri de : « Montjoie, Saint-Denis, à bas la Macronie ». Il était venu avec son ami Endy Thivolle, ex-identitaire et leader des fafs violents de Valence Patriote. / Crédits : DR

    Cette année, il n’y a pas eu de bagarre avec les Nationalistes d’Yvan Benedetti. Le nostalgique de Pétain et de Franco s’est vu imposer un rassemblement statique à 12h45 par la préfecture. Qu’importe puisque ses (ultra) Nationalistes avaient de toute façon mieux à faire dans la journée.

    Raout des nostalgiques de Pétain

    Les Nationalistes, la tendance pétainiste d’Yvan Benedetti, avait un week-end chargé. Après leur rassemblement en hommage à Jeanne d’Arc, ils ont réuni des représentants d’à peu près tout ce que l’Europe compte de nostalgiques de la période 39-45 pour un « Forum de la Nation et de l’Europe ».

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    Outre leur rassemblement statique pour Jeanne d'Arc, les Nationalistes d’Yvan Benedetti ont réuni des représentants d’à peu près tout ce que l’Europe compte de nostalgiques de la période 39-45 pour un « Forum de la Nation et de l’Europe ». / Crédits : DR

    En plus de Benedetti, d’autres Français étaient présents comme l’avocat des Nationalistes, Pierre-Marie Bonneau, le président des « amis de Rivarol » (le journal antisémite) Florian Rouanet, Monsieur K. d’Egalité & Réconciliation et, plus surprenant, l’inénarrable Alexandre Juving-Brunet, ancien capitaine de gendarmerie et conspi-faf particulièrement gratiné dont on se demande bien ce qu’il faisait là.

    Du côté des invités, on comptait un représentant des néonazis allemands du NPD et un autre des néonazis de Die Rechte. Était également présent un Roumain nostalgique du mouvement fasciste de la Garde de fer et un représentant du petit parti d’extrême droite espagnol Démocratie nationale. Parmi ceux qui n’avaient pas pu se déplacer mais qui ont laissé un petit message vidéo, on trouvait pêle-mêle les néofascistes espagnols de la Phalange, les Belges de Nation, les Grecs d’Elasyn ou encore les Italiens de Forza Nuova. La réunion n’a attiré que quelques dizaines de personnes.

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