C’est toujours un moment délicat pour les candidats des partis d’extrême droite : celui du recueil des 500 parrainages d’élus nécessaires pour se présenter à l’élection présidentielle. Cette année, ils sont au moins cinq à être dans les starting-blocks. Et si tous semblent avoir des difficultés à les obtenir – ou du moins font comme si –, il est tout à fait possible que les cinq candidats finissent par y parvenir.
Il faut dire que depuis mars 2021, la loi organique relative à l’élection du président de la République a été actualisée. La récolte des parrainages s’annonce d’autant plus difficile, car de nouvelles contraintes ont été ajoutées : ils doivent désormais être recueillis dans au moins 30 départements différents, et sans dépasser 50 signatures dans un même département. Les candidats ont jusqu’au 4 mars pour les faire valider par le Conseil constitutionnel. StreetPress fait le point sur les forces en présence.
1 – Nicolas Dupont-Aignan
À Debout la France, contacté par StreetPress, on reconnaît que l’exercice est difficile : « Il y a une certaine lassitude chez les élus qui en ont marre d’être sollicités » nous explique Ella Kalian, responsable de la com’ de Nicolas Dupont-Aignan. Elle révèle :
« Début septembre, on avait 400 promesses orales d’élus, mais tous n’ont pas encore envoyé leur promesse écrite. Actuellement, on doit être aux alentours de 200. »
Nicolas Dupont-Aignan craint toutefois de ne pas y arriver :
« C’est dur, beaucoup plus dur. »
Celui qui avait soutenu Marine Le Pen en 2017 au second tour continue : « Je fais appel aux maires. Je ne les aurais peut-être pas. Je les aurais peut-être. Ça va être très juste et je dis aux maires : “C’est la démocratie”. S’il y a un candidat qui porte des projets mais qui ne peut pas être candidat parce qu’il n’a pas les parrainages, je pense que ça posera un réel problème. Je demande aux maires de parrainer pour la démocratie. Ça ne veut pas dire soutenir ».
2 – Florian Philippot
Même son de cloche chez les Patriotes de Florian Philippot. Il assure à StreetPress avoir réuni à ce stade environ 200 promesses de parrainages lui aussi et consacrer la quasi-intégralité de son temps à les dénicher. Le reste étant occupé par les manifestations qu’il continue à organiser contre le pass sanitaire.
3 – Zemmour
Situation un peu plus confortable pour le candidat maurrassien Éric Zemmour qui, selon le Figaro, totalise un peu plus de la moitié des parrainages nécessaires. Soit 273.
Néanmoins, toujours selon le quotidien de droite, les équipes du Z ont préparé une courte vidéo destinée à être envoyée à un millier d’élus et dans laquelle le candidat les exhorte à lui donner leur parrainage. « Chers maires de France, le dernier espoir de mes adversaires est que je n’obtienne pas mes parrainages. Vous avez le pouvoir de donner la parole à des millions de Français. Utilisez-le, aidez-moi », explique Éric Zemmour dans la vidéo envoyée après le meeting de Villepinte dimanche.
4 – Marine Le Pen
Reste le Rassemblement national, un habitué du genre qui a toujours galéré pour obtenir les 500 signatures. À son époque, Jean-Marie Le Pen s’en plaignait à chaque présidentielle, marqué par son incapacité à les réunir en 1981. Sa fille Marine a repris les litanies paternelles en 2012. Le discours a néanmoins été plus optimiste en 2017. Il faut dire que le Front national, comme il s’appelait encore, avait fait le plein d’élus lors des élections régionales et départementales de 2015 et aux municipales de 2014.
Pour autant, la donne semble avoir changé de nouveau. Début novembre, Marine Le Pen expliquait sur BFMTV qu’elle « ramait » pour avoir ses 500 signatures. Interrogé par StreetPress, le Rassemblement national a refusé de communiquer sur ses parrainages. Néanmoins, un bon connaisseur du parti d’extrême droite estime l’étiage des signatures actuellement en possession du RN entre « 300 et 350 ». Soit peu ou prou le nombre d’élus que le parti a conservé après moult défections et ses déroutes électorales des derniers scrutins locaux. Alors évidemment ça la fout mal, surtout pour une candidate qui veut croire à la victoire finale.
5 – François Asselineau
On peut ajouter à la liste des partis qui rêvent de présenter un candidat, l’UPR de François Asselineau. Le candidat conspi-souverainiste bat les routes depuis 2019 pour tenter de réitérer l’exploit de 2017 où il avait obtenu les 500 parrainages. Une expertise (et une liste de soutiens potentiels) qui lui laisse une petite chance d’y arriver.
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Il reste toutefois trois mois aux uns et aux autres pour continuer à prospecter. Et à jouer sur la corde sensible de la « démocratie ». Il n’est ainsi pas impossible que tous obtiennent leurs parrainages et qu’il y ait donc cinq nuances de brun représentées dans la course à l’Elysée. Un record.
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