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    06/04/2017

    Quand les maires du 93 font les kaïra

    Par Samir , Aladine Zaïane

    En Seine-Saint-Denis, beaucoup de responsables politiques ont un double discours selon Samir. Au niveau national, ils prônent les valeurs républicaines, puis une fois sur leur terre électorale ils deviennent beaucoup plus kaïra...

    « Va voter, c’est important ». Depuis ma majorité on n’a cessé de me sermonner pour accomplir mon devoir citoyen. Plus tard, moi-même, en partie convaincu par ce geste démocratique, j’ai sermonné à mon tour mes proches pour qu’ils aillent voter. Les derniers suffrages, présidentiels et municipaux ont fini d’enterrer toute foi en la volonté politique de nos dirigeants.

    La France s’invente une vie

    Outre la politique, le monde médiatique relaie les idées nauséabondes de nos gouvernants. Le football français et l’acharnement dont sont sujets les joueurs des « cités » sans « éducation » sont symptomatiques de cette société qui s’invente une vie puritaine et patriote.

    Pareil pour l’attention soudaine prêtée à « nos » SDF par les « patriotes » lorsqu’on accueille des réfugiés. Dans le même temps, un centre d’accueil pour sans abris est vandalisé dans le XVIème arrondissement par des citoyens qui se disent « on ne peut plus français ».

    Le double jeu/langage de certains maires du 93

    Cette schizophrénie populiste, on la retrouve au plus haut sommet de l’État. Et surtout dans les collectivités territoriales. Face caméra, on présente le respect de la République et l’obéissance à l’État de droit, comme des valeurs communes que tous défendent.

    Une fois de retour dans leur municipalité, nos élus gèrent leurs terres comme bon leur semble ; faisant appel aux plus hautes figures de l’État pour effacer l’ardoise ou se débarrasser de quelques casseroles.

    Sabotage de la citoyenneté et gestion clientéliste

    Mes camarades associatifs et moi, sommes l’illustration flagrante de cet acharnement des autorités locales – car il s’agit bien de cela. Leur le but est de faire taire les associations comme les nôtres. Les maires voient en effet d’un mauvais œil le fait que des noirs et des arabes se mobilisent en masse pour décider du destin de leur ville.
    C’est le même scénario qui se reproduit à Sevran, Montfermeil ou encore Aulnay.


    «Les maires voient en effet d’un mauvais œil le fait que des noirs et des arabes se mobilisent en masse pour décider du destin de leur ville»

    Samir, acteur associatif

    Le clientélisme est le principal levier d’action des politiques locaux : distribution de logement la veille des élections, emplois fictifs, subvention d’associations bidons. Alors que nous dénoncions ces pratiques, ils nous ont mis des bâtons dans les roues. Nous avons quand même maintenu nos actions associatives : solidarité avec les plus démunis, sorties culturelles avec les familles, sensibilisation à la participation citoyenne…

    Cela a été rendu possible grâce à des résistants au sein des différentes mairies et des humanistes dans les services de la préfecture. Notre travail en tant que responsables associatifs a un impact direct sur le terrain. Un contact et une proximité que les politiques ont perdu au profit d’une gestion clientéliste.

    Le salut viendra du tissu associatif

    Le tissu associatif est une alternative à la participation politique. Depuis les élections de 2007 et l’engagement en faveur du vote des « quartiers » des personnalités de la diversité, on présente cet acte politique comme le moyen de faire bouger les lignes.

    Leur disque est rayé : on nous rabâche qu’« il faut voter », que c’est « important ». Faut-il vraiment que ces citoyens votent en masse pour voir leur vie changer ? Mon expérience me prouve le contraire. Il y aurait eu un vote massif des quartiers pour François Hollande en 2012. Est-ce que pour autant, ce dernier a fait des quartiers sa priorité et la cible de ses premières mesures ?

    Oui, nous, acteurs associatifs, sommes les derniers remparts face aux tentations de la rue. La question qui se pose alors, est : jusqu’à quand tiendrons-nous ? Entre le manque de subventions, les tensions avec la municipalité, les divisions ; sans soutien des autorités nous demeurons fragiles.

    Plus qu’un appel politique, c’est un éveil citoyen dont nous avons besoin. Je ne crois plus en la politique, mais en la citoyenneté de nous tous. Sans conscience nous demeurerons divisés et inaudibles face au pouvoir politique. À vos consciences citoyens !

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