1. Le 9.3?
« C’était pour rendre hommage à l’un des départements les plus pauvres de France, l’un des moins aimés aussi, et pour se valoriser. Je n’en ai pas du tout honte. Il faut redonner confiance aux gens, ou aux gamins issus de ce département, qui ont une sale image d’eux-mêmes. Il s’y passe plein de trucs, il y a beaucoup de solidarité, d’humanité. Moi je pense que c’est bien de mettre en valeur le lieu où tu vis, autrement ça peut te freiner dans tes projets. »
2. L’Algerie?
« J’ai voulu rendre hommage au parcours de mon père et de ma mère. C’est vraiment pour eux. Moi, l’Algérie, c’est un pays que je ne connais pas plus que ça. J’aimerais mieux le connaître, parce que pendant longtemps, j’ai eu honte de ma deuxième identité. J’ai ressenti une sorte de gêne, car comme je voulais être français « comme les autres ». Je voulais faire partie du groupe majoritaire, c’est un réflexe humain. Ce drapeau m’a permis de symboliser ma réconciliation avec ce pays. »
3. L’Everest?
« C’était hyper symbolique. Notre département est vachement montré du doigt, et on est vus par une bonne partie de la population française comme de la grosse daube. Planter un drapeau du 93 là haut, sur la plus haute montagne du monde, j’ai trouvé que c’était symboliquement fort. Il y a dix ans, je n’aurais pas pu faire ça, et c’était aussi le moyen de repousser mes limites. J’ai fait mon premier périple à bicyclette en 1993. Depuis, je n’aurais jamais pensé que j’allais écrire 3 livres et faire le tour du monde. »
4. Les défis aussi extrêmes?
« Je vois pas pourquoi il n’y aurait que les putains de bourges de merde qui kifferaient ! Pourquoi ne pourrions-nous pas, nous aussi, être des aventuriers? J’ai super confiance en moi et autant aller au bout de tes rêves! Mais je pense que la vie ça reste un putain de sketch, un jeu où on va tous crever, même si ça fait un peu philosophie de comptoir de dire ça. Quand j’ai fait mon premier voyage à Sydney, je me suis dit « Putain, on est capable de beaucoup plus que ce qu‘on pense !» Je me rends compte aujourd’hui qu’il n’y a vraiment pas de limites ! C’est vrai que ça ne règle pas tous les problèmes, mais ça rend heureux. « Après être arrivé en haut de l’Everest, j’ai ensuite passé les 3 mois les plus beaux de ma vie. » J’étais intouchable, je pleurais de joie en répétant « Je l’ai fait! ». Cela a été un bonheur extrême. »
5. L’absence du drapeau français?
« Quand je suis arrivé en haut de l’Everest, ça a été dur pour moi de brandir un drapeau bleu blanc rouge et de le planter. Je suis très fâché avec ce gouvernement, fâché avec Sarkozy, fâché avec Besson, fâché avec Hortefeux. J’ai bien envie de leur cracher à la gueule. Tant que la France ne balayera pas devant sa porte et n’aura pas fait la lumière sur son passé, cela me semble difficile de construire un avenir commun. Il y a une histoire de la colonisation qui n’a pas été digérée encore, et ça, en tant que « français qui a trop pris le soleil », j’ai du mal à l’accepter. On peut dire que j’ai mal à la France, oui. »
Nadir Dendoune – La Life
1993: Raid en vélo de 3 000 kms en Australie. Il y vit durant 7 ans et obtient la nationalité australienne.
2001: Tour du monde en vélo avec le soutien de la Croix Rouge pour la lutte contre le Sida.
2003: Bouclier humain lors de la Guerre d’Irak, il relate son aventure en 2005 dans Journal de guerre d’un pacifiste.
2004: Lauréat de la bourse Julien Prunet, il intègre le Centre de Formation des Journalistes
2007: Dans Lettre ouverte à un fils d’immigré il s’en prend directement à Sarkozy alors candidat aux élections présidentielles.
2008: Le 25 mai, il atteint le sommet de l’Everest et raconte son histoire dans “Un tocard sur le toît du monde” paru en 2010.
Source: Samba Doucouré | StreetPress
Crédits Photos : Robin D’Angelo pour StreetPress
Un tocard sur le toit du monde, de Nadir Dendoune, aux Editions J.-C. Lattès, 2010.
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