1 Les gens sont moins cools par temps de crise
Old School : « Le rock, les pubs, les bières, le foot, en France on parlerait de culture bof, en Angleterre on parle de convivialité… ». Sophie, étudiante française, a décidé de prendre une année sabbatique avant son master pour aller apprendre l’anglais, à la source : dans les pubs mancuniens. L’occasion pour elle de découvrir l’âme populaire et chaleureuse de la ville.
Brand new : Six mois qu’elle est sur place. La culture anglaise, elle la voit au quotidien, et elle la sent parfois oppressante. « C’est la première fois que je me retrouve « étrangère » dans un pays. Ici je suis “une immigrée française” ». Outre l’anti européanisme ambiant, elle a parfois l’impression de ne pas être la bienvenue. « Certes tout le monde est agréable, mais derrière il est difficile de trouver un job ou d’avoir un appart’ sympa ». Mara, jeune espagnole, a eu plusieurs mauvaises expériences dans le bar dans lequel elle travaille. « On me réprimande souvent, ma manager n’est jamais contente de mon travail, alors que ma collègue anglaise n’a jamais aucun problème pour une qualité de travail équivalente ». Une discrimination ambiante qui pousse a se poser des questions sur l’ouverture des anglais.
Verdict « Il y a de plus en plus d’étrangers qui viennent trouver du boulot ici, avec la crise économique les gens afflux de partout en Europe ». Pour Jamie c’est une bonne chose, comme Londres, Manchester est en train de s’ouvrir au reste de l’Europe. Mais tout le monde ne semble pas du même avis. Les pancartes « Staff wanted » sont de plus en plus rares sur les vitrines mancuniennes. La crise est partout, et comme ailleurs les nationalismes refont surface. « Si je dois choisir entre un anglais et un étranger, je privilégierai surement l’anglais, par solidarité » avoue une commerçante du centre Arndale.
Chômage, austérité… C’est un peu partout pareil, finalement…
2 Les bars lounge ont remplacé les pubs crados
Old School : Le mancunien, à 5 pm, heure de sortie du boulot, ce qu’il aime c’est retrouver ses copains au pub. Une bonne pinte de bière, y a que ça de vrai pour terminer une journée ! Au passage, il croise le voisin de 78 ans et la prof’ de ses enfants. « Dans un pub, il y a de tout : des jeunes, des vieux, des clochards, des astrophysiciens, des caissières ! » explique Omar, expat’ français depuis sept ans à Manchester. « Le mot d’ordre c’est mélange et convivialité ». Alors les pubs sont certes un peu crades, tout le monde est bourré avant 8 pm, mais c’est bonne ambiance en toute simplicité.
Brand new : Les pubs crados se sont fait doubler par les bars lounge, à shoots, et autres concepts hype en provenance directe de la capitale. On préfère les cocktails et les verres de vin aux bières et aux cidres, et chacun a son endroit pour sortir. « Il y a différentes adresses selon ce que tu aimes. Les rap lovers vont au Tiki Lounge, les rockeux au Mojo, les footeux au Footage ». D’après James, étudiant, mancunien pure souche, les bons vieux Sinclair et White Lion, plus vieux pubs de la ville, ont pris un sacré coup de vieux (la clientèle aussi). Et accessoirement, l’imposante Beetham Hilton Tower, structure futuriste de 48 étages aux allures poshy, fait depuis 2006 de l’ombre aux petites maisonnettes de briques rouges de Deansgate, autrefois QG des buveurs de chopes.
Verdict : Omar, un peu snobinard sur les bords, avoue apprécier ces nouveaux endroits. « Le bar du quarante-huitième étage est top ! T’as une vue à 360° sur la ville et les cocktails sont fous. Qualité Hilton oblige! Par contre, c’est sur qu’il y a moins de mixité… le pub et ses pintes semblent tout de suite moins raffinés »
C’est quand même classe, un bon vieux pub…
3 Les lofts ont remplacé les usines.
Old School : Ville industrielle, repaire d’ouvriers, région malmenée par Thatcher, c’est cette image qu’arbore le plus souvent Manchester. Et c’est ainsi que l’imaginait Charlotte, étudiante française de passage pour un week-end en ville. « J’avais dans l’esprit tout l’imaginaire des groupes de la New Wave. Le film Control avec Ian Curtis déambulant dans les rues de Manchester. Je m’attendais à retrouver une cité industrielle du nord de l’Angleterre entre brouillard épais et fumée mystérieuse ».
Brand new : Le brouillard est toujours là, la pluie aussi, mais les ouvriers se font plus rares dans les usines. Les manufactures se sont cassé la gueule et les bâtiments de production sont transformés en lofts branchouilles. Aujourd’hui, ils pullulent entre les vieille briques de Salford, à côté des bars trendy et autres terrasses sur les bords du canal dans le coin de Castlefield. Les quartiers sont cosy et agréables, les prix le sont un peu moins !
Verdict Omar aime toujours ! « Le cadre est sympa ! ». Quant à Véronica et Mara, jeunes espagnoles venues s’installer à Manchester depuis presque deux ans, elles préféreraient vivre dans ces nouveaux coins réaménagés qu’à Rusholme, un des nouveaux quartiers des pauvres. « On loue pour pas cher par ici, mais c’est excentré, moche et il n’y a rien autour ». Quant à Charlotte, elle assure qu’ « il y a un côté froid et métallique, voir charbonneux, qui persiste toujours» et qui fait la spécificité de la ville.
Au canal de Castlefield. Le brouillard, lui, n’a pas bougé
4 L’invasion des hipsters est en marche.
Old School : Si Liverpool a eu les Beatles 80 miles plus loin, Manchester a vu éclore les Smiths ou encore Joy Division. Pas des petits joueurs les mancuniens niveau son ! D’après Pete Obsolete, créateur indépendant de la marque de vêtement local éponyme, le rock n’est pas le seul atout de la ville. « Manchester est un endroit très créatif, il existe une culture underground assez incroyable ici. Ca marche pour la musique, avec du Hip Hop, de la Pop, évidemment du rock, mais aussi niveau design et graphisme ». Pour lui, Manchesta est cool, indépendant et unique.
Brand new : Julie Hanssen ne partage plus vraiment cet avis. En ville depuis 3 ans, cette serveuse, dans le café dit indépendant North Tea Power, a vu sa clientèle évoluer. « Il y a des gens créatifs et inventifs dans Manchester, c’est un fait, mais comme partout. La proportion diminue d’année en année. Avant, ici, on accueillait des musiciens, des artistes qui venaient dessiner, mais ça c’était à l’ouverture du café. Aujourd’hui les gens ont des looks cool, ils ressemblent aux gens underground qui squattaient avant, mais ils n’ont rien de créatif en fait ».
Verdict Pete le concède, « les Cool Kids sans personnalité se multiplient ». Biberonnés à l’Urban Outfitters, Assos et autres marques de fringues de l’industrie du cool, « ces hispters n’ont plus grand chose à voir avec l’esprit indépendant et alternatif des artistes locaux ». Le créateur veut tout de même croire que l’Art culture à la mancunienne existe toujours. Charlotte, elle, n’a rien vu de particulier au détour des endroits qu’elle a visité. « Il y a du hispter à Leeds, pas à Manchester. Ici les gens sont juste habillés super mal, à l’anglaise en fait ».
Le bar à tagger, plutôt pas mal comme concept, non ?
5 Ferguson plie bagage !
Old School : « A Manchester, le foot c’est pas juste un sport ou un jeu, c’est une religion ! Nous vivons, respirons et rêvons football » s’exclame Jamie, étudiant en sciences politiques à l’Université de Manchester. « Et en plus nous avons deux des meilleures équipes du monde (Manchester United et City). La rouge étant évidemment meilleure ! » plaisante-t-il, l’air toutefois assuré. Comme la plupart des mancuniens, Jamie ne loupe jamais un match ! Et ça se passe le plus souvent dans un pub, pinte à la main. « Tout le monde ne parle que de ça à Manchester. Et puis c’est un truc hyper touristique, ca contribue à l’économie locale ».
Brand new : Mais voilà, le pire est arrivé (et par surprise !) : Alex Ferguson, entraineur de Manchester United, abdique après 26 ans de règne. « Ca a été un coup de tonnerre pour nous, supporters de United. Nous annoncer que la légende, qu’est et restera Sir Ferguson, part en retraite, c’est comme nous amputer une partie du corps ». Les Red Devils sont blessés, aucun doute là dessus, mais les Citizens ne sont pas en reste. Après une saison décevante, Manchester City a perdu son entraineur, l’italien Roberto Mancini.
Verdict Déchéance des équipes mancuniennes ? Non, Jamie reste confiant. « La nomination de David Moyes montre la stabilité du club et la capacité de United à rester calme même dans l’adversité ». Concernant City, plus rien ne l’étonne et, en bon supporter de United, l’avenir de ses ennemis ne l’inquiète pas. « Trois entraineurs sur à peu près six ans, ca montre clairement que les Citizens sont devenus trop impatients niveau gagne. Et puis Mancini a quand même gagné deux trophées en trois ans, il aurait du rester ! Tant pis pour eux ! ».
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