Raymond Nima Kargar s’en souvient presque comme si c’était hier : à 7 ans, celui qui ne s’appelait encore que « Nima » a décidé de changer de prénom pour se faire appeler… « Raymond » !
« J’aimais bien cette sonorité. En fait, je voulais choisir Romain, mais c’était déjà le prénom d’un bon pote alors j’ai pris le plus proche : Raymond. C’est bête hein ? »
Un choix qui aura une sacrée conséquence puisque son premier prénom «Nima» va disparaître complètement de son état civil et de tous ses papiers officiels. Et cela dure aujourd’hui encore.
Ze story À l’origine, une histoire « d’intégration » : nous sommes en 1995 et les parents de « Nima », arrivés d’Iran en 1987 – soit un an avant sa naissance, veulent demander la nationalité française. Pour mettre toutes les chances de leur côté, ils décident aussi de changer de prénom, en prenant quelque chose qui sonne « mieux ». Sauf que « Nima », séduit par cette idée qui « devait beaucoup l’amuser à l’époque », insiste pour être de la partie :
« J’avais 7 ans et un jour j’arrive dans le salon. Je vois mes parents en train de regarder une liste et de réfléchir. Ils m’expliquent qu’ils sont en train de changer de prénom. Evidemment, je leur dis “Waouh, trop bien ! Moi aussi je veux changer de prénom !” »
Les parents acceptent, et bientôt sa petite sœur en fait de même. Sauf que comme Raymond Nima le dit lui-même :
« Ils n’imaginaient pas le drame, avec le prénom que j’allais choisir… »
Old School Domenech, Barre, Poulidor, Devos… Difficile de trouver un Raymond qui soit né après les années 1950. Alors les parents de Raymond Nima essaient de le dissuader :
« Je ne dirais pas que je me souviens de leur visage se figer quand je dis “Raymond”, mais j’ai cette image en tête. Clairement, ils ont eu du mal. “Charles”, “Pierre”… ils sont allés chercher 20 trucs pour essayer de me convaincre. »
Mais rien ne peut faire changer d’avis le gamin de 7 ans. Sur sa carte d’identité, c’est dorénavant « Raymond » qui apparaîtra, « Nima Kargar » disparaît de tous les fichiers de la République.
Raymond Nima Kargar / Bio Express
> 1988 : Naissance de Nima à Paris
> 1995 :Nima devient Raymond
> Années 2000 : Raymond se fait appeler Nima
> Mars 2012 : Raymond Nima entre en stage à StreetPress
Waouh, trop bien ! Moi aussi je veux changer de prénom !
Regrets Durant tout son collège, « Raymond » vit bien sa nouvelle identité très sixties. D’ailleurs, ses nouveaux camarades de classe ne savent même pas qu’avant, il s’appelait « Nima » et son prénom «Raymond» n’attire pas spécialement les moqueries.
Mais vers le milieu du lycée, ça se gâte : « Raymond » aime de moins en moins son prénom officiel. Au point que l’adolescent veut redevenir «Nima» quand il découvre que ses amis trouvent que ce prénom est « plus stylé » :
« C’était une époque où je me disais : “J’ai vraiment pris le pire nom… C’est un peu un nom de vieux, quand même, ça fait pas trop j’suis né en ‘88”… J’étais même allé voir des sites de cabinets d’avocats spécialisés pour reprendre mon ancien nom. C’est un peu devenu une lubie »
A little less conversation Raymond Nima lâche rapidement l’affaire. D’après lui, « c’est 1.000 fois plus compliqué juridiquement quand t’as pris un nom français de revenir à ton prénom d’origine. » Il opte pour une solution plus simple : dorénavant quand il se présente, il dit simplement qu’il s’appelle « Nima ».
« Et puis Nima, c’est facile pour engager la conversation. On te demande toujours d’où est-ce que ça vient. »
Ne reste plus qu’avec ses profs de fac et dans ses démarches administratives qu’il utilise le prénom de « Raymond » :
« Par exemple quand j’envoie un CV, je suis obligé de mettre “Raymond Kargar”. Pour que ça soit en accord avec mes autres papiers officiels. »
Il y a aussi cette amie afro-américaine de son père qui l’appelle toujours « Raymond »… parce qu’ « aux Etats-Unis, Raymond, c’est un nom de renoi. Et ça l’amuse beaucoup ! »
Nima, on te demande toujours d’où est-ce que ça vient
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