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Une vie compartimentée. Si Louis Dac-Minh, Agnès Rim et Raymond Nima ont quelque chose en commun, c’est bien cette sensation de parfois mener « une double vie ». Quand certains ne mélangent pas les torchons et les serviettes, en séparant leur vie professionnelle de leur vie amicale ou familiale, pour eux la situation est radicale : la coupure se fait dans l’essence même de leur identité, leur prénom.
Caméléons
« Ma mère ne m’a jamais appelé “Louis” et mes amis ignorent que je m’appelle “Dac-Minh” », résume Louis Dac-Minh Nguyen, français d’origine vietnamienne qui étudie à Sciences-Po. En Tunisie, la petite demi-sœur de « Rim » ne sait pas qu’elle s’appelle « Agnès » à Paris tandis qu’il n’y a pas de traces de « Nima », le prénom usuel de « Raymond » Kargar, dans les papiers officiels de l’administration française.
Mais si cette situation a pu les faire souffrir à l’adolescence– « à un moment je n’osais pas dire que j’avais aussi un prénom vietnamien » se souvient Louis Dac-Minh – ils la voient aujourd’hui comme un avantage, quand elle ne les indiffère pas. « Agnès », qui s’est parfaitement «intégrée» grâce à ce prénom, peut se transformer en « Rim » si un jour elle veut bosser dans un pays arabe. Louis Dac-Minh fait dans la métaphore : ils sont des « caméléons » qui peuvent s’adapter à toutes les situations.
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