Au milieu de la cour de la crèche, un compteur affiche, en temps réel, le taux de radiation dans l’air. Ce matin de mars, le taux est presque normal: 130 nanosievert/heure. A peine supérieur à la moyenne française.
Ici, plus qu’ailleurs, la lutte contre les radiations est un combat de tous les instants. Les enfants sont la population la plus affectée par la radioactivité. Alors, depuis deux ans, Setsuko Kurihara, la directrice de la crèche, met tout en œuvre pour les protéger.
importation « La nourriture est importée des autres régions. Elle est testée avant et après préparation, explique celle qui a commencé sa carrière d’enseignante il y a 38 ans. Nous avons aussi des purificateurs d’air dans chaque pièce. » Les bâtiments de l’école, construits après la catastrophe, ont été conçus pour offrir une meilleure protection pour les enfants. « Tous les matériaux utilisés provenaient d’autres régions du Japon, explique la directrice. On a aussi prévu des salles de jeux plus vastes pour permettre aux enfants de se défouler à l’intérieur. »
Après la catastrophe, l’école a fermé pendant un mois. Au moment de la reprise, plusieurs enfants avaient des difficultés à dormir. Les enseignants se sont chargés de leur expliquer, en image, la situation. « Nous leur avons dit qu’il y avait une sorte de poison à l’extérieur. Et qu’ils devaient faire attention. Mais on a aussi insisté pour qu’ils continuent à manger. » Les enseignants ont aussi inventé des jeux pour que les enfants puissent faire des activités physiques à l’intérieur.
habitude Depuis avril dernier, en accord avec les parents, la crèche a assoupli ses règles. Les enfants sont désormais autorisés à sortir jouer dans la cour, pas plus d’une heure par jour. Pour autant, la directrice ne relâche pas son attention : « Ce qui me fait peur, c’est que les gens commencent à trouver la radioactivité normale. Au début, ils faisaient très attention et maintenant, ils ont pris l’habitude. »
Setsuko Kurihara
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