Cafés et cigarettes fument dans la petite cour frigorifiée du café du 104. Les immenses bâtiments des anciennes pompes funèbres de la Ville de Paris sont, comme la plupart du temps, désespérément froids et vides. Une petite fille joue seule dans la « Maison des Petits », conçue par la designer française Matali Crasset. Dans un coin, trois adolescentes répètent une scène de théâtre, squattant un espace qu’elles se sont approprié — et de l’espace, il y en a.
Le 104 occupé depuis le 1er Avril
Il est midi, c’est l’heure à laquelle, depuis le 1er avril, se réunissent presque chaque jour les membres du collectif « Le 104 occupé » — artistes, metteurs en scène, critiques, riverains, etc. — autour de Jean-Marc Adolphe, directeur de publication de la revue Mouvement. Au départ, une vingtaine de personnes sont là, d’autres viendront s’agréger au groupe lors d’une « AG » de plus de deux heures, qui se déroule dans les règles — modérateur, respect du tour de parole, propositions de vote… L’ambiance est conviviale, tout le monde se tutoie (comme dans les partis politiques), parfois le ton monte. La voie à trouver ici n’est pas aisée.
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Faire de la politique et prendre collectivement la direction du 104
Il y eut d’abord, à la suite d’un atelier-débat organisé le 20 mars dernier au 104 par Mouvement sur le thème « L’art a-t-il encore lieu d’être ? », le constat clair d’une « faillite » du 104, suivi quelques jours plus tard, le 29 mars, par une manifestation décevante des acteurs de la culture. Le lendemain, Jean-Marc Adolphe signait un édito dans lequel il appelait à « faire de la politique » en prenant « collectivement la direction du 104 » au lendemain de la fin du contrat de ses co-directeurs démissionnaires, Robert Cantarella et Frédéric Fisbach, « et de là, tenter de faire école… ». Soutenue par des personnalités comme Ariane Mnouchkine, l’action « indirecte » du collectif s’est dotée d’un site Internet et d’un profil Facebook.
Un lieu culturel qui n’a pas atteint ses objectifs
Dix-huit mois après son inauguration en fanfares (et dans la précipitation), la question demeure : qu’est-ce que le 104 et surtout qu’en faire ? Force est de constater qu’il n’est toujours pas parvenu à attirer un public fidèle, malgré quelques événements importants (mais pas majeurs) comme la foire d’art contemporain Slick, un défilé d’Alexander McQueen, les festivals Agora, Polyphonix ou Présences électroniques, l’exposition Jacques Tati, etc.
En faire « un centre culturel, parisien et international, lieu de création et de diffusion, ouvert sur Paris et les villes voisines », créer un « lieu de proximité » avec les habitants du quartier, sont restés des vœux pieux. De plus, l’institution se retrouve aujourd’hui sans tête : une cinquantaine de candidatures ont été reçues, mais il semble, d’après Libération, que le choix se soit déjà porté sur Laurent Dréano, directeur de la Culture de la Ville de Lille, et organisateur notamment de Lille2004, sans que l’on sache exactement quand aura lieu la prise de direction.
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Voir aussi**: Le site du CentQuatre et le site du collectif le 104 occupé
Source: Fluctuat
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