La proposition de loi pour punir le génocide arménien rejetée à 196 voies contre 74. C’est une grosse baffe ?
On peut le dire. C’est une claque, un affront.
Ca vous choque qu’on punisse les négationnistes du génocide juif mais pas ceux du génocide arménien ?
Je ne veux pas me situer sur un terrain ethnique. Nous ce qu’on demandait, c’est qu’il y ait une dimension très politique du texte. Aujourd’hui le négationnisme est insupportable, c’est un délit à nos yeux, qu’il s’agisse de la shoah, du génocide arménien ou de tout autre génocide. Le négationnisme est le dernier acte d’un génocide : d’abord ça se programme, puis ça se réalise par l’extermination, et le troisième acte de cette pièce sordide, c‘est la négation.
En ça le négationnisme du génocide arménien aurait dû être sanctionné et la France se serait élevée hier si elle avait voté cette loi. Elle ne l’a pas fait. Mais il ne faut pas tomber dans le séparatisme entre Shoah et génocide arménien. On a de nombreux amis et soutiens d’origine juive. Hier il y avait Bernard-Henri Lévy à côté de nous, qui est un des plus grands défenseurs de notre cause. Il n’y a pas de comparaison entre les génocides, nous sommes bien loin de tout ça.
Justement, la présence de BHL n’a pas suffi à convaincre les sénateurs?
BHL se bat depuis des années à nos côtés. Il y a deux ans, il s’est exprimé de façon magistrale à la tribune de la manifestation Amnésie Internationale, sur la question du génocide arménien et du négationnisme. Ce n’est pas un engagement de dernière minute de sa part. C’est engagement qui est profond. Sa présence hier était pour nous un soutien au même titre que celle de Charles Aznavour, dans un autre registre. Mais son poids n’a pas suffi, non…
Je sais qu’il continuera le combat à nos cotés et qu’on pourra faire évoluer les consciences. La France s’apercevra qu’elle a eu tort. C’est du négationnisme d’Etat en Turquie. En agissant comme ça, la France lui donne un permis de continuer le mensonge. J’espère que l’Etat français en viendra à de plus sages décisions.
Qui es-tu Pascal Chamassian?
10 avril 1966 : Naissance à Marseille
1997-2003 : Président de la JAF (Jeunesse Arménienne de France)
2005-2009 : Président du CCAF (Conseil de Coordination des associations
Arméniennes de France)
Juin 2009 : Secrétaire National du CCAF
2001 : Création d’Amnésie Internationale, une manifestation qui a lieu tous les deux ans à Marseille et qui parle de tous les génocides du XXème siècle
C’est un combat qu’on n’arrête pas.
Comment expliquez vous que cette loi n’ait pas été votée ? La Turquie a t-elle influencé le jugement?
Je pense clairement qu’il y a un lobby économique turc très fort aujourd’hui. Je pense que la France a de plus en plus de mal à affirmer sa position en face de l’Etat turc. Elle estime en avoir assez fait et aujourd’hui, elle cède au chantage économique.
A une époque, certains disaient, ce qu’on a pas trop vu hier d’ailleurs dans l’hémicycle, qu’on ne peut pas mettre sur les deux plateaux d’une même balance 1.500.000 victimes et des intérêts financiers. Aujourd’hui la balance penche du coté des intérêts économiques.
Une autre proposition de loi sera-t-elle présentée un jour?
Je pense qu’une séquence vient de se refermer. Notre détermination est absolue donc une autre séquence s’ouvrira forcément. Je ne sais pas encore laquelle, nous devons analyser clairement ce qui s’est passé hier. L’Etat français nous a envoyé un message pas très rassurant, le négationnisme est le grand vainqueur de la journée d’hier.
Ce qui est sûr, c’est qu’on va réorienter notre combat. Et on le continuera. Car c’est tout simplement un combat pour la justice, pour la vérité. C’est un combat qu’on n’arrête pas. Ca touche à l’humain, ça touche aux tripes.
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