Samuel Grzybowski, 32 ans, activiste pour la justice sociale et climatique nous explique pourquoi selon lui, les macronistes et le RN se nourrissent entre eux. Tribune :
« Pour comprendre comment les macronistes et l’extrême droite ont besoin les uns des autres, il faut faire un pas en arrière avec les notions de droite et de gauche en politique. Souvent, on s’imagine qu’il y a seulement deux forces qui s’affrontent. Depuis près de 30 ans, dans les démocraties occidentales, on constate de plus en plus qu’il y a trois blocs qui sont en guerre électorale les uns contre les autres. Il y a le bloc d’extrême droite, identitaire, qui flatte les peurs, les egos et le rejet de l’immigration. Le bloc libéral ou néolibéral, qui prône la dérégulation de l’économie, soi-disant pour protéger les entreprises. Et le bloc de gauche qui prône la justice sociale et climatique, mais aussi les besoins fondamentaux de chaque être humain.
Une alliance dangereuse
La première raison de cette alliance ? Les libéraux et l’extrême droite se répartissent les sujets. Le bloc libéral, autour de Macron, et le bloc identitaire, autour de Marine Le Pen et de Jordan Bardella, doivent choisir un bouc émissaire pour fonctionner. Pour le bloc libéral et Macron, le bouc émissaire, c’est l’extrême droite. Pour le bloc identitaire, le bouc émissaire, c’est soit l’immigré, soit l’oligarque. L’oligarque, c’est cette personne invisible qu’on ne connaît pas, qui peut être les Juifs, les médias, les puissants et qui, d’après l’extrême droite, contrôlent le monde dans son fonctionnement actuel. Ainsi, chacun a un bouc émissaire qui se renvoie la balle dos à dos avec la stratégie de dire que l’autre est le problème.
Le choix du bouc émissaire
Pour les libéraux macronistes et pour l’extrême droite, choisir un bouc émissaire les amènent systématiquement à s’opposer l’un à l’autre. La troisième raison de l’alliance objective entre les identitaires et libéraux, c’est que l’histoire nous a montré qu’en politique, ils ont tendance à faire la même chose. L’extrême droite, au pouvoir, prône en réalité des politiques libérales et les libéraux, quand ils sont seuls au pouvoir sans une opposition classique de gauche, ont tendance à prendre une tangente identitaire. C’est ce que vient de faire Macron depuis cinq ans, avec de plus en plus de lois qui sont considérées comme racistes, islamophobes ou exclusives.
Cette instrumentalisation de la peur leur profite. C’est au nom de cette peur qu’ils agrègent autour d’eux, en refusant de se retirer face à des candidats de la Nupes ou du Front populaire, en meilleure disposition, parce qu’ils pensent qu’ils sont la seule alternative.
Le Front populaire, une alliance exceptionnelle
Ils jouent à un jeu dangereux qui fonctionne jusqu’à ce qu’ils restent en capacité de gagner. Au milieu de ces deux blocs qui sont dans l’extrême, nous pouvons trouver une voie médiane. Ce bloc du milieu est incarné par le Front populaire.
Le Front populaire, c’est une alliance exceptionnelle, dans l’histoire, qui ne s’est pas produite depuis 1936 et qui propose un nouveau modèle de société. Avec cette union, ce sont les plus riches qui payent, les multinationales assument leurs responsabilités, et les plus fragiles et nos écosystèmes sont protégés.
La dernière fois que la France a fait confiance au Front populaire, elle a hérité d’une disposition dont nous profitons toutes et tous chaque année : les congés payés. Est-ce que vous souhaitez rentrer en rapport de force face à l’extrême droite ? Nous l’avons vu la dernière fois en France avec le maréchal Pétain en 1940, on ne veut plus connaître ce modèle.
Est-ce que vous voulez continuer à rentrer en rapport de force avec Emmanuel Macron ? Vous l’avez vu : les éborgnés, les manifs, la répression policière, les violences policières… Nous voulons arrêter. Est-ce que vous voulez rentrer en rapport de force avec le Front populaire ? Nous ne serons pas toujours d’accord avec le Front populaire. Nous aurons des divergences majeures avec lui, mais nous pourrons démocratiquement débattre, faire pression, porter nos revendications et nous faire entendre. »
Face au péril, nous nous sommes levés. Entre le soir de la dissolution et le second tour des législatives, StreetPress a publié plus de 60 enquêtes. Nos révélations ont été reprises par la quasi-totalité des médias français et notre travail cité dans plusieurs grands journaux étrangers. Nous avons aussi été à l’initiative des deux grands rassemblements contre l’extrême droite, réunissant plus de 90.000 personnes sur la place de la République.
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