Nancy (54) – Ce 11 juin, la manifestation antifasciste devait être joyeuse, sans incident. « Le mot d’ordre, c’était pas de conneries », raconte un habitué des mobilisations nancéiennes, qui décrit une manifestation « jeune, étudiante ». C’était sans compter sur la présence d’un groupe de militants d’extrême droite cagoulés et armés de ceinturons, venus pour en découdre.
« Dès le début de la manifestation, on a repéré quelques militants de l’Action française venus évaluer les forces en présence et provoquer », explique Kevin, membre de la Fédération Libertaire de Lorraine :
« On en a vu quelques autres pendant qu’on défilait dans les rues. »
Au sein du cortège, la consigne est donnée de ne pas chercher l’affrontement. Le « service de protection » de la manifestation, constitué de militants antifascistes, mais aussi de syndicalistes, guide le cortège sauvage dans les rues de la vieille ville. Au hasard de la déambulation, le millier de manifestants se rapproche de la Grande Rue. Une artère bien connue des antifascistes de Nancy. Au numéro six, la librairie des Deux Cités, une librairie « enracinée » a pignon sur rue. Toutes les tendances de l’extrême droite locale, des royalistes aux identitaires, y ont leurs habitudes.
Une jeune femme à « l’arcade fracturée »
À quelques mètres de là, se tient un groupe d’une quinzaine de militants d’extrême droite, cagoulés et ceinturons à la main. Bras croisés, menaçants, ils attendent la manifestation. Non loin d’eux, plusieurs camions de police et une unité de la Bac, sont positionnés pour protéger semble-t-il la librairie. « On ne les avait pas vus de la manif, mais ce n’est pas surprenant qu’ils soient venus devant la librairie, qui est souvent redécorée lors de manifestations », raconte un militant du Bloc Antifasciste Nancy. Un premier groupe de manifestants se rapproche aux cris de « siamo tutti antifascisti ». « Pour ne pas se laisser impressionner et tenir la ligne », explique un militant présent. « Mais on ne va pas au contact » assure-t-il. Ce que les diverses vidéos montrant la scène semblent confirmer.
C’est quand une jeune femme tente de traverser la ligne de militants d’extrême droite que la situation bascule. Les 16 nervis tentent de la repousser. L’un d’entre eux lui assène un coup de ceinturon. Le coup est violent. La jeune femme aurait eu « l’arcade fracturée » et reçu plusieurs points de suture, affirme une de ses connaissances. En réaction, un petit groupe d’antifasciste vient au contact. Des coups de poing sont échangés.
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La rixe est brève : à peine quelques secondes après la première bousculade, les militants d’extrême droite reculent tout en assénant des coups de ceinture sans jamais atteindre leurs cibles. À force de reculer, ils atteignent la ligne de policiers située devant la librairie et se glissent entre les boucliers des forces de l’ordre. Ces derniers tirent des grenades lacrymogènes sur la foule. Auprès de nos confrères de Libération, les services de police décrivent « une rixe à laquelle les forces de l’ordre ont mis un terme par l’usage de trois lacrymogènes », sans « aucun blessé à déplorer ». Le cortège antifasciste poursuit sa route, sans croiser l’ombre d’une voiture de police durant tout le reste de sa déambulation.
Selon nos informations, le groupe d’une quinzaine de militants d’extrême droite venu pour en découdre était composé de royalistes de l’Action française et notamment son responsable local, mais aussi d’un militant identitaire d’Aurora Lorraine, et surtout des membres des Brizak, des hooligans supporters de l’AS Nancy Lorraine.
Contacté, le parquet de Nancy n’a pas répondu à nos sollicitations.
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