Article en partenariat avec Groupe SOS
« Ma ma ma », « mi mi mi ». Ces quelques syllabes, chantées en vocalises, donnent le ton. Elles introduisent l’atelier de chant, orchestré tous les vendredis, par le centre d’accueil pour demandeur d’asile de Nîmes (30).
Anne, éducatrice spécialisée et chanteuse lyrique amateure, est à la baguette. En face d’elle, une dizaine de femmes comme Mariam, Marie-Douceur, Fatou, Romina. Elles ont toutes dû quitter leur pays et venir en France. Au début du cours, dans une salle du musée des beaux-arts de Nîmes, la timidité est encore de mise et les paroles sont de simples chuchotements.
L’idée de cet atelier, « c’est vraiment de se retrouver entre femmes dans un environnement sécurisé et sécurisant, et aussi de se faire confiance », explique Anne. Car ces femmes ont toutes affronté l’exil et les peurs qui vont avec.
« Je viens d’une famille de polygame. Il faut forcément passer par l’excision pour être mariée », confie Mariam Bakayoko qui est partie de Côte d’Ivoire pour fuir sévices sexuels et misère. Une autre réfugiée, également nommée Mariam, raconte pudiquement : « Je viens de Géorgie, j’ai dû quitter mon pays avec mon mari, car nous avions des problèmes ».
Plusieurs d’entre elles sont passées par le Maroc, pour travailler afin de financer leur traversée, par bateau, jusqu’en Espagne. Une fois arrivées en France, ces femmes se sont vu octroyer le statut de demandeuse d’asile, mais sont encore en attente de leurs papiers. Les galères ne sont pas encore derrière elles, il faut trouver un toit et s’intégrer.
« J’ai deux filles, mais la plus grande est restée au pays », déplore l’une. Une autre raconte :
« Quand on est arrivé, on se sentait étranger. Et je ne parlais pas du tout français. »
Pour favoriser leur intégration à Nîmes, le CADA propose donc des ateliers de chant depuis le mois de juillet. « Ça peut permettre d’évacuer des choses qu’on ne peut pas forcément dire avec les mots, mais qui passent par l’expression vocale », explique Anne.
Pendant la séance, les exilées travaillent sur la respiration et reprennent « Le lion est mort ce soir ». Des paroles simples et des onomatopées qui permettent de chanter en canon comme dans une chorale. Les gestes s’affirment, le niveau sonore augmente, les rires apparaissent. « Je me laisse aller. J’oublie un peu le stress que j’ai vécu », sourit Mariam. Une autre participante se réjouit :
« Dans ces moments-là, je sens que je fais partie de la vie en France. Je me sens libre. »
En fin d’atelier, certaines chantent une chanson de leur pays, dans leur langue maternelle. Une façon pour elles de se raconter, à travers le chant.
On a suivi un atelier de chant qui permet aux femmes exilées d'apprendre le français et de nouer des liens https://t.co/Q6AqGNryUF
(En partenariat avec leGroupeSOS</a>) <a href="https://t.co/q0yeFL1rqt">pic.twitter.com/q0yeFL1rqt</a></p>— StreetPress (
streetpress) November 6, 2023
Cet article a été réalisé en collaboration avec Groupe SOS. Plus d’infos sur les articles sponsorisés ici.
Vidéo et article réalisés par Baptiste Lépinay.
Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.
Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.
Je fais un don à partir de 1€Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.
Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.
Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.
Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.
Je donne
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER