Paris s’apprête à accueillir sa toute première police municipale. Anne Hidalgo promet 5.000 agents, recrutés de façon paritaires, formés « au civisme » et « au respect » et notamment chargés de lutter contre les discriminations. Bref, une force publique exemplaire dont le « référent déontologue » devait être… Un cadre sanctionné par le passé pour avoir affiché une image islamophobe. Les questions de StreetPress, qui s’est procuré un document le démontrant, ont finalement changé la donne : l’équipe d’Anne Hidalgo explique demander immédiatement son remplacement.
Christophe Moreau est le « référent déontologue » de la police municipale de Paris. / Crédits : DR
L’affaire remonte à 2018. À l’époque Gabriel Bahous Beneddine, salarié de la ville de Paris, accuse son supérieur Christophe Moreau de harcèlement et de racisme. France Info, s’en était fait écho, tout comme le Comité justice et libertés. Dans un courrier que StreetPress s’est procuré, M. Beneddine accuse son supérieur d’avoir tenu à l’occasion d’une réunion des propos racistes.
En 2018, Christophe Moreau – le « référent déontologue » de la police municipale parisienne – avait tenu des propos racistes envers un formateur. / Crédits : DR
Pire encore, quelques mois plus tard, M. Beneddine découvre, sur le mur du bureau de son supérieur, une affiche « du front de libération des cochons ». Un visuel tiré d’une campagne islamophobe, lancée par l’extrême droite et identitaires en 2011.
L'affiche « du front de libération des cochons » est un visuel tiré d'une campagne islamophobe diffusée par le Bloc identitaire en 2011. / Crédits : DR
Anne Hidalgo interpellé
Christophe Moreau reconnaît les faits mais plaide l’humour. Il sera sanctionné d’un blâme, se souvient l’élue France Insoumise (FI) Danielle Simonnet qui à l’époque avait soutenu Gabriel Bahous Beneddine. Ce dernier sera, quelques mois plus tard, licencié pour insuffisance professionnelle. Un motif qui ne convainc pas la conseillère de Paris FI, joint par StreetPress :
« On voit bien dans cette affaire que certains cadres se protègent entre eux. Il faut faire évoluer l’organisation chargée d’enquêter sur ce genre d’affaires. On a les mêmes problèmes que la police vis-à-vis de l’IGPN. »
Elle a, mercredi 14 avril, interpellé Anne Hidalgo lors du Conseil de Paris sur le rôle de « référent déontologue », confié à Christophe Moreau. Sa question est, sur ce volet, restée sans réponse. StreetPress aura finalement plus de chance. Interrogé, le cabinet de la maire de Paris nous indique :
« Nous avons demandé à ce qu’un nouveau référent déontologue soit nommé. Au vu des faits qui lui sont reprochés, c’est évidemment inacceptable. »
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