« J’espère tu meurs lapider et qu’on t’écarte le trou dbal sale fdp »… Au lendemain de l’incendie de Notre Dame de Paris, Guillaume est victime d’une campagne de cyber-harcèlement. Un tweet a suffi à embraser Twitter. « Si on y réfléchi bien, si l’intégralité de Notre-Dame brûle ça fera de la place pour construire des logements sociaux et ça c’est cool », écrit le jeune militant de l’Union Nationale Lycéenne. Hafsa, du bureau national de l’Unef, y va aussi de son commentaire. « Je m’en fiche de notre Dame de Paris car je m’en fiche de l’histoire de France jsp quoi, allez y mentionnez moi », avait-elle tweeté.
Après ces tweets inopportuns, le retour de flamme est violent. « On se souviendra de cette énorme pute », peut-on notamment lire sur le réseau social. Plusieurs comptes d’extrême droite relaient les tweets d’Hafsa et Guillaume. La Cocarde, Génération Identitaire Île de France … « Je me souviens même avoir vu l’Action Française dans mes mentions », complète Guillaume.
Sous son tweet, des messages par centaines, pour beaucoup haineux. « Et ta mère la pute elle a aussi besoin des aides sociales pour s’occuper de son enfant attardé? », écrit l’un. Un autre en message privé lui envoie : « Aah sale fdp j’espère Dieu il va s’occuper de toi comme il faut. Que tu te fasses violer en publique fdp ». Hafsa subit la même campagne de harcèlement, cette fois matinée de sexisme et de racisme. « Baise ta race petite moukère de merde », dit l’un ou encore : « Sale pute. On va s’occuper de ton cas », écrit un autre. Depuis, la militante de l’Unef, a désactivé son compte Twitter. Elle ne souhaite pas communiquer sur la polémique.
Chasse aux sorcières
Selon Guillaume, c’est un élu Patriotes du Grand-Est qui aurait lancé la machine : David Masson-Weyl a pris une capture d’écran du tweet de Guillaume et l’a partagée sur son compte. « Je pense qu’il est important de dénoncer tous ceux qui sont allés trop loin », fait valoir ce proche de Florian Philippot. « Il ne s’agit pas là d’étudiants anonymes qui auraient tweeté n’importe quoi, mais de militants politiques qui ont d’importantes responsabilités au sein de leur structure. Ainsi, cela me semble naturel de les confronter à leurs propos. » Avant de préciser qu’il condamne tout cyber-harcèlement. « Malheureusement, ceux qui ont dénoncé les mêmes propos, ne sont pas responsables des tweets des autres », commente-t-il.
« Ce qui a participé à la campagne de cyber-harcèlement sur notre camarade, c’est que ça a été relayé par des comptes d’extrême droite. », analyse Mélanie Luce, présidente de l’Unef. Le syndicat s’est cependant désolidarisé des propos portés par leur militante. « On considère que c’est une partie de notre patrimoine national qui est à protéger. Nous sommes tristes de ce qui s’est passé hier soir », commente-t-elle à propos de l’incendie de Notre-Dame, avant de marteler :
« Ce n’est pas une raison pour harceler. »
Sur Facebook, l’histoire tourne à la chasse aux sorcières. « Nous recherchons activement toute information sur n’importe quel membre de l’Unef et sur la structure elle-même. Adresse postale, données de contact, log & IP… », pouvait-on lire sous un post de la page du syndicat étudiant, avant qu’un modérateur ne le supprime.
Quand la ministre s’en mêle
La ministre de l’Education Supérieure, Frédérique Vidal, s’est exprimée en début de matinée sur la polémique.
Notre-Dame fait partie de notre Histoire et de notre destin commun. C’est un élément du patrimoine de TOUS les Français. C’est ENSEMBLE que nous la reconstruirons. Plus que jamais, respect et tolérance doivent l’emporter face aux polémiques vaines et aux propos outranciers. pic.twitter.com/zazMGDG6af
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) 16 avril 2019
« A la suite du tweet de Vidal, le nombre de mes messages a explosé », a constaté Guillaume. Du côté de l’Unef, la présidente s’étrangle : « Elle a posté la capture d’écran d’un tweet qui a été supprimé avec le prénom de la personne ! C’est pas une blague, ça met les gens en danger ». Mélanie comme Guillaume accusent la ministre d’alimenter le cyber-harcèlement dont ils sont victimes. En novembre dernier, le ministère de l’Éducation nationale avait pourtant sorti un clip contre le cyber-harcèlement.
Contacté par StreetPress, le ministère de l’Enseignement Supérieur n’a pas répondu à nos questions.
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