Esteban Morillo, le skinhead d’extrême droite qui a porté le coup fatal à Clément Méric, est sorti de prison. Le 14 septembre dernier, l’ancien militant de Troisième voie a été condamné par un jury d’assises à 11 ans de réclusion criminelle. Ce mercredi 7 novembre au soir, soit à peine 55 jours après la fin de son procès, Esteban Morillo est sorti de prison en catimini, a appris StreetPress de sources concordantes. La remise en liberté, assortie d’un contrôle judiciaire, n’était pas censée s’ébruiter. Passée la surprise, son avocat maître Patrick Maisonneuve, joint par téléphone, commente laconique :
« [Sa] demande de mise en liberté a été satisfaite dans le cadre de la procédure d’appel. »
Les faits
Le décès de Clément Méric remonte au 5 juin 2013. Ce jour-là, à deux pas du boulevard de Sébastopol, trois militants antifascistes parisiens, rejoints un peu plus tard par Clément Méric, croisent à l’occasion d’une vente privée Fred Perry un petit groupe de skinheads. La tension monte entre les deux groupes.
Les antifascistes sont les premiers à quitter les lieux de la vente pour s’installer un peu plus loin, au pied de l’église Saint-Louis d’Antin. Quelques minutes plus tard, les crânes rasés sortent à leur tour. Au lieu d’esquiver l’affrontement, comme leur avait suggéré un agent de sécurité, ils se dirigent vers les antifas. S’ensuit une bagarre qui dure moins de sept secondes. Esteban Morillo, porte deux coups au moins à Clément Méric qui s’écroule. Selon certains témoins, le skin aurait alors crié « One Shot ! » avant de prendre la fuite.
Pendant ce temps, Clément Méric est conduit à l’hôpital où il décède le lendemain. Il avait tout juste dix-huit ans.
Procès aux assises
En septembre 2018, Esteban Morillo, méconnaissable, comparaît durant deux semaines devant la Cour d’assises de Paris. Entre temps, il a passé 15 mois en détention provisoire, puis est allé vivre en Picardie. À la barre, il reconnaît les faits. Il se présente comme un repenti et s’excuse à plusieurs reprises. Les avocats de la famille Méric n’en croient pas un mot. Il est condamné pour « coups mortels en réunion et avec arme » à 11 ans de prison.
Samuel Dufour, qui a participé à la rixe, écope quant à lui de 7 ans de prison et est envoyé directement à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. Les avocats de la défense interjettent appel dans la foulée.
Samuel Dufour pourrait également être libéré
Si Esteban est déjà sorti, les conseils de Samuel Dufour ne sont pas en reste. « Mon client est toujours en détention », explique maître Julien Fresnant :
« Mais on a bon espoir qu’il sorte dans peu de temps dans le cadre de [cette] procédure d’appel. »
Il pourrait également être placé sous contrôle judiciaire avec bracelet électronique. « Après, ce n’est pas forcément une bonne chose d’enchaîner les entrées et les sorties de prison, surtout quand on risque d’y retourner ensuite. Ce n’est pas facile à vivre », commente son avocat.
La date de l’audience en appel n’est pas encore connue. Le parquet de Paris n’a pour l’instant pas souhaité donner suite aux sollicitations de StreetPress.
Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.
Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.
Je fais un don à partir de 1€Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.
Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.
Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.
Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.
Je donne
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER