En ce moment

    07/02/2017

    Gilbert, pasteur de 83 ans matraqué par les CRS : « La douleur a été extrême »

    Par Gilbert Nicolas , Aladine Zaïane

    Ce samedi, des CRS ont chargé des militants pacifistes venus protester contre un rassemblement de l’extrême droite. Gilbert, 83 ans a pris plusieurs coups de matraque. Bilan : 2 dents cassées et une balafre.

    Ce samedi 4 février, nous avons manifesté contre un rassemblement d’extrême droite [conférence de Jean-Yves Le Gallou organisée par le site Breiz.info]. Cette mobilisation m’a valu plusieurs coups de matraque dont un qui m’a balafré le visage.

    Nous étions deux groupes distincts, séparés par un cordon de CRS, à protester. D’un côté les antifascistes et de l’autre notre groupe composé d’associations des droits de l’homme, de militants du NPA et d’autres structures associatives.

    Parmi nous, il y avait 3 personnes qui se masquaient le visage. Les fonctionnaires de police leur ont demandé de rester à visage découvert. Ils ont refusé, arguant qu’ils pourraient être photographiés par des personnes d’extrême droite. 30 mètres environ séparaient notre groupe de 300 personnes et les CRS.

    3 coups de matraque et 2 dents cassées

    Après ce refus d’obtempérer, les choses sont allées très vite. Sans sommation aucune – du moins comme plusieurs de mes camarade, je n’ai rien entendu – les CRS ont chargé. J’étais au troisième rang, je pense. Le premier rang est renversé à coups de boucliers. Ca a déclenché un mouvement de foule. J’ai commencé à fuir, comme tout le monde, quand j’ai senti plusieurs coups très violents, dans le dos.


    « J’ai commencé à fuir, comme tout le monde, quand j’ai senti plusieurs coups très violents, dans le dos. »

    Gilbert Nicolas, pasteur

    La douleur a été immédiatement extrême. Je crois avoir perdu connaissance quelques secondes. Je me souviens simplement avoir vu du sang goutter sur le sol. Ça venait de mon nez. La douleur des coups de matraque reçus dans le dos était si intense que je n’ai pas vu le CRS me donner un coup de matraque au visage.

    J’ai trouvé refuge à quelques mètres dans un café. En m’oscultant, ma femme a remarqué que j’avais deux dents cassées et la lèvre balafrée. Cet usage de la force était particulièrement disproportionné.

    Pour maintenir un idéal on a payé jusque dans notre chair

    Je pense que la préfecture craignait qu’il se produise les mêmes incidents que la veille à Nantes. Un événement du même genre s’y déroulait et il y a eu de la casse. Il est vrai que notre rassemblement n’était pas déclaré. Mais j’aimerais bien savoir si les agriculteurs qui commencent à bloquer les routes à 4h du matin déclarent leur manifestation. Mieux, a-t-on demandé aux Bonnets rouge de déclarer leurs manifestations ?

    C’était une contre manifestation face à des groupes d’extrême droite pour afficher notre refus de voir leur idéologie de rejet s’installer sur notre territoire. L’année dernière, il y a eu une réunion du même genre, et déjà on avait manifesté.

    Je ne compte pas porter plainte. Cela ne servirait à rien. Mais j’ai envoyé un courrier au cabinet du Préfet pour lui rafraîchir la mémoire sur notre passé : cet évènement nous ramène à des périodes sombres de notre histoire. Cette époque où les justes étaient violentés par les autorités et dans le même temps les groupes d’extrême droite bénéficiaient d’une protection.

    Ca commence par des réunions ici et là et quand le mouvement grossit, ils prennent confiance et on en arrive à des drames. Il faut résister afin que notre territoire demeure ouvert. Pour maintenir cet idéal, moi et d’autres copains, on a payé jusque dans notre chair.

    Info repérée par Ouest France

    Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.

    Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.

    Je fais un don à partir de 1€
    Sans vos dons, nous mourrons.

    Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.

    Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.

    Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.

    Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.

    Je donne

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER