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    08/01/2017

    Lettre à Anne Hidalgo et Valérie Pécresse pour qu’elles interdisent les pubs sexistes dans l’espace public

    Par Héloïse Duché , Alice Maruani

    Anne Hidalgo, en tant que maire de Paris et Valérie Pécresse, présidente de région peuvent et doivent, selon Héloïse Duché, interdire les pubs sexistes dans l’espace public à Paris et en Île-de-France. Une mesure concrète contre les discriminations.

    Utiliser des corps de femmes sans visage pour vendre des paquets de lessive, rendre irréaliste le corps féminin, donner une image dégradée ou humiliante des femmes, jouer sur les stéréotypes sexistes : dans la pub, ces pratiques sont si courantes qu’on ne les voit même plus.

    Certains pensent que ces images n’ont aucune importance, qu’il suffit de ne pas les regarder. Ils ont tort : c’est comme ça que la pub nous fait acheter. La pub façonne notre représentation du monde et notre rapport à l’autre plus qu’aucun film ou aucun livre ne le peut. Il faut interdire ces pubs.

    100% des femmes harcelées dans les transports

    Ces représentations sexistes du monde, omniprésentes dans les espaces publics, ont des conséquences. Les violences et le harcèlement de rue par exemple. Longtemps invisible et totalement intégré par les femmes elles-mêmes, ce dernier est depuis quelques années un objet de lutte des femmes.

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    "La pub façonne notre représentation du monde et notre rapport à l’autre plus qu’aucun film ou aucun livre ne le peut" /

    Sous l’impulsion des associations féministes le gouvernement s’est emparé du sujet, notamment dans les transports publics. Il était plus que temps, puisque le Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes a montré en 2015 que 100% des femmes étaient harcelées dans les transports en raison de leur sexe, au moins une fois dans leur vie.

    C’est clair, le harcèlement de rue, loin d’être un phénomène résiduel, est une violence systémique inscrite profondément dans notre culture de domination masculine.

    Mesdames Hidalgo et Pécresse, vous devez interdire les pubs sexistes

    Pour réduire le harcèlement sexiste, il s’agirait donc d’agir sur le climat qui permet ces actes. Par exemple par l’élaboration d’une charte luttant contre le sexisme et les stéréotypes de sexe diffusés dans les publicités. Cette mesure, qui reprenait une revendication féministe datant de 2010, n’a pas été retenue par le gouvernement. Elle aurait pourtant eu des effets bénéfiques sur le harcèlement de rue mais aussi sur toutes les manifestations du sexisme dans notre société.

    Si mettre en place un véritable organe national et indépendant de contrôle des publicités est long et nécessite des moyens humains et financiers, interdire les publicités sexistes dans un espace donné est par contre à la portée des élus locaux, s’ils en ont la volonté politique.

    Ainsi, sans attendre une action de ce gouvernement ou espérer que le prochain fasse de la lutte contre le sexisme une priorité, la mairie de Paris et la région Île-de-France peuvent dès aujourd’hui éliminer les pubs sexistes des panneaux publicitaires, dans les rues et dans le métro parisiens.

    Interdire, pour provoquer une prise de conscience

    Un des effets de cette interdiction sera de lancer et nourrir un débat public et citoyen sur ce qu’est une image sexiste. Et ainsi provoquer une prise de conscience.

    Parce qu’il ne s’agit pas d’interdire toute représentation sexuée des femmes dans une logique pudibonde. Mais bien d’éliminer les messages qui nous enferment dans des rôles d’agresseurs et de victimes, de dominants et de dominées, dans une logique de prévention des violences sexistes.

    « Mme Hidalgo et Mme Pécresse, il va falloir affronter les diffuseurs et les publicitaires »

    Héloïse Duché @heloiseduche

    Pour ça, Mme Hidalgo et Mme Pécresse, il va falloir affronter des diffuseurs et des publicitaires qui vont nous parler de liberté d’expression, quand il ne s’agit que de la liberté de nous faire acheter leur produit.

    Mais n’est-il pas temps que le politique décide que les représentations dégradantes et discriminatoires des femmes ne doivent plus s’étaler sur les murs de nos villes pour le bon plaisir des publicitaires et des marques ?

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