Ils ne sont pas Charlie
Minute, Rivarol, Présent, l’Action Française … C’est toute la presse nationaliste qui refuse de reprendre le slogan « Je suis Charlie ». Ils rappellent les dessins « absolument vomitifs » de Charlie Hebdo contre l’armée, la police ou la Vierge Marie. Jérôme Bourbon de Rivarol va même jusqu’à se demander si l’exécution des caricaturistes n’est pas l’œuvre d’une punition divine :
« La Providence a pu se servir de tueurs mahométans fanatisés pour venger la Mère de Dieu ainsi outragée. »
D’autres dénoncent le deux poids deux mesures quand il s’agit de la liberté d’expression. Comme l’Action Française qui regrette l’absence de mobilisation pour Eric Zemmour, évincé d’iTélé, alors que Charlie serait élevé au rang de « divinité » :
« Les hérétiques qui se proclameraient “Je suis Eric” seront exclus de la nouvelle Eglise. »
Pour sa part, Minute estime que les responsables des assassinats sont à aller chercher du côté … des Charlie eux-mêmes !
« Macabre ironie de l’histoire qui voit les figures emblématiques de mai 68 mourir sous les balles de ceux qui n’auraient pas pu agir si l’esprit de mai 68 n’avait pas contaminé toute la société, si les flots de l’immigration n’avaient pas été grands ouverts. »
Les Unes de la semaine / Crédits : Robin d'Angelo
Minute et Présent sont en guerre contre l’islamisme
« Guerre de Civilisation », titrent les cathos-intégristes de Présent. « Ordre de mobilisation générale », écrit Minute en Une. L’extrême droite est en guerre et appelle à prendre les armes contre « l’ennemi intérieur », « les rétifs », « les récalcitrants » et « les racailles ». Minute va le plus loin en illustrant sa couverture par un pastiche d’affiche de conscription, accompagné de ce texte :
« La guerre qui commence sera longue mais nous la gagnerons. Nous la gagnerons physiquement, nous la gagnerons moralement. La France a besoin de tous ses hommes en âge de combattre, quelle que soit leur race ou leur religion. »
Présent ouvre ses colonnes à plusieurs personnalités qui estiment qu’une guerre de civilisation a commencé. Comme Fabrice Robert du Bloc Identitaire qui estime que « le vernis craque aujourd’hui ». Ou Marion Maréchal-Le Pen pour qui « les terroristes n’attaquent pas la République mais la France dans tout ce qu’elle a de judéo-chrétien. »
Rivarol dénonce l’axe américano-sioniste
Rivarol propose une analyse qui va à rebours de celle du reste de la presse nationaliste. Pour la rédaction pétainiste, les commanditaires des attentats n’ont « pas de lien avec l’idéologie djihadiste » mais se trouvent en Israël et aux Etats-Unis. C’est sous la plume de Thierry Meyssan, auteur de l’Effroyable Imposture et vedette de la galaxie conspirationniste, que cette thèse est développée. Accrochez-vous :
« Les commanditaires de cet attentat savaient qu’il provoqueraient une fracture entre les Français musulmans et les Français non-musulman, écrit Meyssan. Il serait logique de considérer que l’attentat soit le premier épisode d’un processus visant à créer une situation de guerre civile (…) Or ce n’est pas au Caire, à Ryad ou à Kaboul que l’on prône le “choc des civilisations” mais à Washington ou Tel-Aviv. »
Une théorie qui fait écho à l’édito de Jérôme Bourbon, titré « Ni Charlie ni Charia, ni Mossad ni CIA ». Le rédacteur en chef de Rivarol estime que « l’axe américano-sioniste » cherche à détruire l’identité de la France en incitant à « une prétendue guerre de civilisation » sur notre sol :
« Nous ne marcherons pas. Nous sommes catholiques et Français et nous entendons le rester. Nous luttons pour un pays blanc, européen et chrétien. »
Les caricaturistes de la presse nationaliste parle de Charlie / Crédits : Robin d'Angelo
L’hommage à Bernard Maris
Ils ne sont pas Charlie mais L’Action Française et Minute rendent tous deux un long hommage à une signature de Charlie Hebdo : l’économiste Bernard Maris. Jacques Cognerai, éditorialiste à Minute, est ému :
« Oncle Bernard a pris une balle dans la tête. Et ça nous fait sacrément chier. »
Depuis quelques mois, Bernard Maris, spécialiste de Keynes et Adam Smith, prônait la sortie de l’Euro. Il avait aussi consacré un essai à son ami Michel Houellebecq et entretenait la mémoire de son beau-père Maurice Genevoix, un ancien poilu devenu historien de la première guerre mondiale. Ce qui plait à Minute :
« Il ne rentrait pas assez dans les canons médiatiques : trop intello, trop indépendant, trop littéraire. En un mot, celui qui professait un anarcho-socialisme aux accents patriotiques était, lui, vraiment subversif. »
En espérant qu’Oncle Bernard ne fasse pas des loopings dans sa tombe.
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