Pour la deuxième partie de l’exposition « Les frères Farrell » organisée dans deux centres d’art partenaires de la Seine Saint Denis, la Maison Populaire présente une grande installation pensée pour les lieux par les trois artistes Seamus, Malachi et Liam Farrell. Cette exposition se comprend comme le prolongement, ou la deuxième moitié de la première exposition, montrée en ce moment même à Mains d’œuvres, Saint-Ouen.
Au premier abord, on est tenté de se demander pourquoi les artistes ont prévu cette seconde partie, tant les similitudes avec la première sont grandes. Une chose est sûre, les deux installations brassent un même univers, celui que les trois frères ont en commun. Mais l’exposition de Montreuil, dans ses détails, semble aller plus loin que sa grande sœur de Saint Ouen.
Catastrophe aérienne
Contre-pied au décollage difficile d’un avion dans le premier volet, c’est son crash qui est mis en scène à Montreuil : au rythme d’un hip hop – qui aurait pu être plus impressionnant si le niveau sonore n’était pas si faible – les lumières flashent et des masques à oxygène s’agitent au bout de petits bras mécanisés. Tout autour, c’est le drame : des lunettes et des ceintures éparses évoquent des catastrophes humaines, à mi-chemin entre Lost la découverte des camps de concentration par l’armée américaine.
Les chaussures font le lien entre Saint-Ouen et Montreuil
Les ceintures tracent un parcours en forme de file d’attente d’aéroport qui nous guide à travers l’installation. Mieux, elles créent un lien avec les chaussures suspendues de Saint Ouen, et les éclairent d’un sens nouveau: ces chaussures deviennent des restes humains, ou la dignité perdue des personnes forcées à se déshabiller face à l’autorité (situation banale dans un aéroport, mais qui résonne ici tragiquement avec l’évocation de la Shoah).
Le teaser de l’expo
Des masques à oxygène s’agitent au bout de petits bras mécanisés
La main de Dieu
De leur côté, les projections vidéos en grand format condamnent, comme à Saint Ouen, les maux de notre société actuelle : dollar, pilules, armes à feu… Le crash prend alors une teinte de punition divine, conséquence des excès de la société de consommation capitaliste. Les trois frères, dans leurs pratiques respectives (Malachi et Seaumus sont plasticiens, Liam musicien), ont toujours mis l’accent sur la critique, l’actualité et son potentiel anxiogène.
Sur des miroirs gravés qui ponctuent le parcours, des messages nous invitent à prendre du recul par rapport à la situation qui est générée par l’exposition : « Le spectateur construit l’image, l’image construit le spectateur » et « Inconscient et imagerie ». Ces messages viennent perturber notre rapport passif en nous conseillant d’y mêler de nous-mêmes : notre esprit critique, mais aussi notre imaginaire. D’autant qu’en se penchant pour les lire, nous apercevons notre visage à la surface des miroirs : la confrontation avec notre rôle en tant que spectateur est inévitable. A nous de faire le reste du travail, en tissant les liens dans notre mémoire avec l’exposition de Saint Ouen !
A lire aussi sur StreetPress:
Entre avion vintage, hip-hop et robots…StreetPress se fait les frères Farrell
Infos pratiks La famille Farrell, l’expo :
La Famille Farrell – Une exposition Seine-Saint-Denis style !
LIAM FARRELL (DOCTOR L), MALACHI FARRELL, SEAMUS FARRELL
Du 29 septembre au 17 décembre à la Maison populaire du lundi au vendredi de 10 h à 21 h, le samedi de 10 h à 16 h 30. Visites commentées gratuites. Commissariat : Isabelle Le Normand et Florence Ostende
Adresse: 9 bis rue Dombasle, 93100 Montreuil
Métro Mairie de Montreuil (ligne 9)
Disclaimer
StreetPress.com est partenaire de l’exposition
Source: Camille et Jacques Torrance | StreetPress
Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.
Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.
Je fais un don à partir de 1€Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.
Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.
Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.
Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.
Je donne
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER