Adèle a tout quitté pour aller rejoindre son copain en Écosse. Depuis, elle est au chômage mais ne s'en plaint pas. Sur StreetPress, elle raconte : « Je fais beaucoup de bénévolat, je suis très active, difficile de trouver le temps long. »
Une envie de changer d’air, de quitter Paris. Adèle y pensait depuis un bon moment, alors quand son copain dégote un job en Écosse, elle n’hésite pas une seconde : elle quitte son CDI, règle un tas de petits détails administratifs et s’envole pour Édimbourg. Trois mois plus tard, elle est toujours au chômage mais ne regrette pas son choix une seconde. Comment vit-on une période sans emploi quand on est un « Français de l’étranger » ? Septième de notre série, Adèle a accepté de nous le raconter.
ASV (Âge, sexe, ville, remember Caramail) 28 ans, femme, Édimbourg, en Écosse. J’ai débarqué ici début 2012, pour suivre mon copain. Avant, j’étais chef de projet au WWF France, tu connais ? C’est une ONG de protection de l’environnement. J’y bossais depuis 4 ans, depuis la fin de mes études à Sciences-Po Bordeaux. J’avais envie de bouger de Paris – à l’origine, je viens de Boulogne-sur-Mer alors moi, les villes où il faut faire 2 heures de transport par jour, bof… J’avais envie d’autre chose, surtout que l’ambiance dans ma boîte était tendue depuis des mois.
Du coup, avec mon copain, on s’est dit : « qu’est-ce qu’on fait ? On bouge ou pas ? » Lui a toujours beaucoup voyagé pour son boulot, j’avais envie de partager une aventure à l’étranger avec lui. Du coup, il a postulé partout, et il a obtenu un boulot de chercheur ici, en Écosse. Alors, j’ai pris mon courage à deux mains, et j’ai posé ma démission mi-octobre.
[La carte des street chômeurs]
Ton activité la plus récurrente ? Faire du bénévolat, je pense. Surtout dans un charity shop, y’en a plein ici, ce sont des petites boutiques où les gens font don d’objets, de fringues, de bouquins. Nous, on les revend à pas cher, et les fonds récoltés aident à la recherche contre la maladie d’Alzheimer. J’adore le contact avec les gens et puis ça me permet de bosser mon anglais. J’ai un bon niveau à la base, mais de là à me débrouiller assez bien pour que je trouve facilement un job, c’est plus dur… Et puis, dans le même style, je suis aussi bénévole dans une bibliothèque une fois par semaine. Grosse organisation !
Sinon, évidemment, je cherche du boulot ! En Écosse, quand t’es inscrit au chômage, t’es obligé de postuler à 3 offres d’emploi par semaine – j’ai rendez-vous avec eux tous les 15 jours pour le leur prouver. J’essaie de ne postuler qu’à des offres qui m’intéressent, surtout celles pour bosser dans les « charities » – une sorte d’ONG, y’en a partout ici. Mais le marché de l’emploi est comme en France : tendu. Et, honnêtement, j’ai pas encore mis toutes mes forces dans la bataille.
A quoi t’as renoncé ? Pour l’instant, j’ai pas renoncé à quelque chose, parce que j’avais droit aux allocs pendant trois mois. Enfin, si, si j’y pense, j’ai un peu renoncé à ma vie sociale parisienne ! Mais ça, tu me diras, ça n’a rien à voir avec le chômage, c’est plutôt une conséquence de l’expatriation.
Ton petit plaisir grâce au chômage ? Avoir le temps pour chiner, j’adore ça. Y’a des charity shops un peu partout, c’est le paradis pour moi. Je prends aussi le temps de découvrir la ville, de bouquiner. Bon, je dis ça, mais en réalité, j’ai peu le temps de me reposer. Je pourrais, hein, surtout que ma dernière année de boulot a été difficile : quand tu bosses dans une ONG, tu donnes beaucoup de toi. Mais en fait, c’est pas trop dans mon caractère de ne rien faire et j’ai besoin de m’activer tout le temps !
StreetCV
Adèle, 28 ans, Édimbourg (Écosse)Etudes : IEP de Bordeaux
Expérience pro : Chargée de projets internationaux au WWF France pendant 4 ans
Poste recherché : Bosser dans les « charities », les ONG écossaises. Ne sait pas si elle veut continuer dans l’environnement.
Loisirs : bénévolat, chiner, lire et se promener
C’est pas trop dans mon caractère de ne rien faire
Le job le plus débile proposé par Pôle Emploi ? Aucun ! Mais, même si je suis à l’étranger, ils m’ont aidé pendant 3 mois. En fait, quand tu pars à l’étranger pour « rapprochement de conjoint », c’est le terme officiel, tu as le droit à trois mois d’allocs. C’est vraiment pas mal, mais comme toujours avec le Pôle emploi, les démarches sont un peu compliquées. Ce service est assez peu connu, même par le Pôle lui-même. Du coup, j’ai eu des soucis de transfert de dossier. Sauf qu’en Écosse, il faut s’inscrire au chômage maximum 7 jours après ton arrivée, donc ça a créé des petits soucis organisationnels. Pour faire court, j’ai perdu presque un mois d’allocs à cause de ces allers-retours. Mais bon, je le prends avec philosophie.
Ce que le chômage a changé en toi ? Pour l’instant, pas grand-chose. Mais j’ai envie de profiter de cette période pour réfléchir à mes envies : est-ce que j’ai envie de continuer à bosser dans l’environnement ? Dans le développement durable, au sens large ? Pour l’instant, je n’ai pas eu le temps de me poser, d’y réfléchir mais j’ai envie de trouver le temps. J’ai envie que mon chômage me serve à ça.
Mais comme je l’ai choisi, ce chômage, je le vis bien. À part quelques après-midi un peu déprimants, je ne suis pas très angoissée. Mon entourage l’est plus que moi ! Quand j’ai quitté mon CDI, alors que j’avais un très bon poste, tout le monde m’a pris pour une folle. Depuis, ma mère me demande tout le temps « t’as des nouvelles pour un boulot ? »
Son conseil ? Ne partez pas en Écosse, parce qu’il neige encore en avril ! Non, je plaisante. Je crois qu’il faut rester actif. Le piège, c’est de sombrer dans la procrastination.
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