StreetPress a recensé plus de 320 sections locales ou groupuscules d'extrême droite radicale actifs en France, regroupés dans une carte interactive en accès libre. Un outil essentiel pour mieux combattre les différentes mouvances sur le terrain.
Depuis des mois, l’extrême droite est en ébullition. Ses représentants à l’Assemblée nationale n’ont jamais été aussi proches du pouvoir. Les militants des différents groupuscules ne sont pas en reste, décomplexés et souvent violents. À Lyon (69), un identitaire a infligé une vingtaine de coups de couteau à trois hommes. À Paris (75), des militants qui voulaient « casser du PD » ont agressé plusieurs personnes juste après l’annonce de la dissolution. Il y a moins d’un an, en réaction au meurtre de Thomas Perroto, un groupe de 80 néofascistes a mené une descente raciste à Romans-sur-Isère (26), dans le quartier populaire de la Monnaie. StreetPress a également fait état de violences à Limoges (87), Mâcon (71), Saint-Brieuc (22), Montpellier (34) ou Rennes (35). C’est dans ce contexte que nous publions aujourd’hui la cartographie de l’extrême droite radicale.
Cliquez sur ce lien pour aller sur le site de notre cartographie.
Nous avons comptabilisé 320 groupes ou sections locales dans 130 villes françaises, et nous avons détaillé leurs passifs, leurs actions ou leur nombre estimé de membres. Ces organisations sont aussi répertoriées en cinq familles, des identitaires aux catholiques intégristes, en passant par les monarchistes ou les nationalistes-révolutionnaires. Comme le reste de nos enquêtes, ce travail est en accès libre. Il s’inscrit dans la continuité d’autres cartographies de l’extrême droite comme celles de La Horde ou de Libération. Toutes ont un même objectif : mieux connaître l’extrême droite pour mieux la combattre.
StreetPress va également décliner cette enquête en quatre épisodes vidéos. Le premier sera publié ce 7 novembre 2024.
Ce qu’on apprend
Pour exposer cette palanquée de groupuscules, StreetPress s’est avant tout basé sur ses lecteurs et soutiens. La cartographie a été financée par leurs dons, et construite à partir des infos envoyées dans le cadre de notre grande enquête participative sur l’extrême droite, que nous avons lancée en octobre 2023. Nous avons ensuite répertorié chaque mouvement d’extrême droite connu par département, trié les groupes actifs des bandes en sommeil ou inertes, et contacté de nombreuses sources à travers la France pour obtenir le maximum de détails.
Ce travail nous permet de montrer que l’extrême droite a un maillage local important. Sur la centaine de groupes, il y en a une dizaine qui sont présents dans plus de quatre villes. Et, sans surprise, ceux qui sont présents sur tout le territoire sont souvent ceux qui ont le plus de militants ou d’adhérents. Il y a par exemple les royalistes de l’Action française, les cathos-intégristes de la Fraternité Saint-Pie-X, le mouvement Égalité et Réconciliation d’Alain Soral ainsi que les Braves, le collectif du suprémaciste raciste Daniel Conversano. Précision importante : la plupart des groupes que nous présentons dans la cartographie peuvent se partager des membres. Un militant peut par exemple avoir sa carte au sein de l’Action française à Lille (59) et mener des actions avec les identitaires du coin.
StreetPress a rassemblé ces groupes par familles selon leur idéologie. Les monarchistes veulent le retour du roi et s’associent en général très bien avec les cathos-intégristes, dont les discours qui placent « les lois du Seigneur » au-dessus de celles des hommes sont souvent ouvertement antirépublicains. Les identitaires multiplient les actions et les rassemblements pour influer sur le débat politique quand des faits divers concernent des personnes étrangères. Ils sont parfois soutenus par les nationalistes-révolutionnaires, des bandes composées de néonazis ou de néofascistes. Ces groupes sont les plus nombreux : environ 70 dans toute la France. Et les plus radicaux : alors qu’ils ne représentent localement que plusieurs dizaines de militants, ils peuvent s’associer pour faire le coup-de-poing. On les a ainsi vus à l’œuvre à Saint-Brévin (44), où ils ont formé un bloc d’une centaine de manifestants contre un centre d’accueil pour réfugiés et ont tenté d’en découdre avec des contre-manifestants de gauche. Quant aux confusionnistes, ils s’emparent de thématiques voire de doctrines issus d’autres champs politiques pour ratisser au plus large.
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