Dans le Calvados, la candidate RN Ludivine Daoudi a récolté 20% des voix. Elle s’est retirée après la diffusion d’une photo d’elle avec une casquette nazie. Elle est aussi membre du Parti de la France, mouvement raciste, suprémaciste et antisémite.
Les électeurs du Calvados ne savaient pas qui était Ludivine Daoudi. Elle n’a donné aucune interview, n’a fait aucune réunion publique et n’a pas participé au débat organisé par France 3. Ni communications sur les réseaux sociaux, ni comptes officiels, pas même un portrait sur son affiche de campagne. Le grand ménage semble avoir été fait autour de la candidate RN. Ou presque. Une photo de Ludivine Daoudi arborant une casquette de la Luftwaffe, l’armée de l’air du Troisième Reich, a été révélée par Emma Fourreau sur X-Twitter ce 1er juillet, et son authenticité a été confirmée par Libération. Sa candidature va être retirée, a annoncé le délégué départemental Philippe Chapron, candidat dans le Calvados, qui a simplement déclaré que la photo était « de mauvais goût ». Lui-même est d’ailleurs un ancien membre des groupes néofascistes Gud et Ordre nouveau. « On ne peut que constater que malgré leurs tentatives de dédiabolisation, les candidats du RN sont dans la droite ligne du FN, fondé par un Waffen SS », a souligné Emma Fourreau sur X-Twitter.
Ludivine Daoudi est même membre du Parti de la France (PdF), un mouvement pétainiste, connu pour son antisémitisme et ses déclarations suprémacistes ou racistes, confirme à StreetPress son président Thomas Joly. Le 19 juin, sur X-Twitter, ce dernier se vantait que « deux militantes du Parti de la France » étaient « parvenues à passer sous les fourches caudines de la commission d’investiture du RN ». Le PdF appelle désormais la candidate, « victime d’une cabale médiatique », à « maintenir coûte que coûte sa candidature ».
Deux militantes du Parti de la France sont parvenues à passer sous les fourches caudines de la commission d'investiture du #RN.
— Thomas Joly (@ThomasJoly732) June 19, 2024
Si elles parviennent à être élues députées, elles ne manqueront pas de faire connaître leur appartenance dès le 7 juillet prochain.
« Elle se vantait de participer à des conférences de Alain Soral et Dieudonné »
Pour qui connaît Ludivine Daoudi, l’affaire de la casquette n’est pas une simple boulette ou une erreur de jeunesse. StreetPress a contacté d’anciens amis qui confirment que la Normande est une habituée des sorties antisémites et racistes. Carole (1), qui l’a connue il y a plus de 20 ans à Caen, avait l’habitude de faire des soirées déguisées avec elle :
« Je me souviens très bien d’une fois où elle avait mis cette casquette. Ce n’était pas du tout dans l’esprit de la soirée. Je lui avais dit : “Tu déconnes” mais comme elle était tout le temps dans la provocation, j’avoue que j’avais mis ça sur le compte d’une énième provoc’. »
Au fil du temps, et en particulier après son retour d’Angleterre où elle a passé plusieurs années, ses amis constatent que la provocation a cédé place à une profonde haine des juifs et des étrangers. « En soirée, elle cachait de moins en moins ses idées xénophobes et antisémites. Elle était devenue complètement obsédée par les juifs et par Israël. Elle se vantait de participer à des conférences de Alain Soral et Dieudonné ou aux cortèges de Jeanne d’Arc avec l’Action française. Je me suis éloigné », raconte Louis (1), un autre ami de longue date à qui StreetPress a téléphoné. Liée au milieu des free party, puis des soirées électro de Caen depuis sa jeunesse, Ludivine Daoudi, s’obstine à essayer d’y propager ses idées. « Elle venait pour se prendre la tête avec les gens en assénant ses discours antiféministes ou racistes. C’était du pur jus Le Pen-père, d’avant l’opération de lissage du RN. C’était tellement caricatural que pour qui ne la connaissait pas bien, il était difficile de savoir si elle pensait vraiment ce qu’elle disait », se souvient Justine (1), qui l’a côtoyée pendant quelques années lors de soirées.
Ses comportements la reconduisent parfois à la porte. La photo d’elle souriante, une casquette nazie sur la tête, la candidate du RN l’aurait justement postée accompagnée du message « quand t’essaies des déguisements pour la prochaine arbrazik » pour narguer les organisateurs d’une soirée du collectif « Arbrazik » dont elle avait été exclue, en septembre 2018, après avoir proféré des propos racistes. « On avait pris l’habitude de faire des captures d’écrans de ses posts et de se les partager parce qu’on était atterrés par la violence de ses propos », se désolent plusieurs de ces connaissances qui confirment son identité notamment derrière le pseudonyme « @divinelulu23 », banni de Twitter. « On n’a pas tout gardé, car on n’aurait jamais pensé qu’elle pourrait être candidate aux législatives », s’excuse Louis. Ainsi, en 2015, elle publiait un tweet raciste assimilant l’arbitre Saïd Ennjimi à un terroriste.
En 2015, Ludivine Daoudi publiait un tweet raciste assimilant l’arbitre marocain Saïd Ennjimi à un terroriste. Sur son Facebook, elle publiait des images parodiques assimilables à de l'antisémitisme. / Crédits : DR
Anciens amis ou potes de soirées, tous et toutes font part de leur stupéfaction lorsqu’ils ont découvert la candidature de « Lulu ». « Ça me fait vraiment bizarre de parler comme ça d’une personne avec qui j’ai partagé une partie de ma vie, mais je ne peux pas imaginer que sa haine, son racisme, son antisémitisme puisse l’amener à l’Assemblée nationale, à gagner 6.000 balles par mois et à prendre des décisions pour nous, pour les autres », indique Carole, qui soutient :
« Le RN veut soigner son image mais nous, Ludivine, on sait qui elle est et ce qu’elle pense vraiment. »
(1) Les prénoms ont été changés.
Propos racistes, homophobes, antisémites, complotistes, anti-IVG, liens avec des groupuscules radicaux… Retrouvez ici, la liste des candidats du Rassemblement national épinglés par StreetPress.
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- Christian Pérez, 8e circonscription du Finistère. Le candidat RN qui compare les joueurs de l’équipe de France à des « clandestins ».
- Tiffany Joncour, 13e circonscription du Rhône. Ses amis de groupuscules identitaires violents l’aident à faire campagne.
- Josseline Liban, 2e circonscription du Calvados. Une nouvelle candidate RN raciste et complotiste.
- Julie Aprineca, 3e circonscription du Cher. La suppléante RN qui porte un t-shirt de suprémaciste blanc et qui s’affiche avec des skinheads néonazis.
- Pierre Gentillet, 3e circonscription du Cher. Le médiatique candidat RN pro-russe.
- Brice Bernard, 4e circonscription de Savoie. Le candidat RN qui aime la quenelle.
- Louis-Joseph Pecher, 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle. Le candidat antisémite de Ciotti et du RN.
- Julie Rechagneux, 4e circonscription de Gironde. La candidate RN qui fricote avec les néonazis.
- Nicolas Conquer, 4e circonscription de la Manche. Le candidat investi par Éric Ciotti et fervent supporter de Trump.