27/06/2024

La présidente Alice Cordier était présente

Némésis tente un coup d’éclat au meeting contre l’extrême droite

Par StreetPress

Des militantes du groupuscule fémonationaliste Némésis ont tenté un happening lors du meeting Libertés co-organisé par StreetPress place de la République à Paris. Elles étaient accompagnées d'un service d'ordre cagoulé.

19h55, place de la République à Paris ce 27 juin 2024. Cela fait bientôt deux heures que le meeting Libertés !, co-organisé par StreetPress contre l’extrême droite, se déroule entre concerts, prises de paroles et chants antifascistes. Soudain, alors que la patronne de la CGT, Sophie Binet, prend la parole sur scène, six pancartes bleues s’élèvent au milieu de la foule. Elles sont tenues par quatre militantes du collectif Némésis, dont sa présidente, Alice Cordier, habituée des plateaux de Bolloré, Anaïs, une des porte-paroles du collectif, et Yona, une jeune militante originaire de Besançon, dont StreetPress vous avait parlé il y a quelques mois.

Sur les pancartes, des messages contre trois candidats aux législatives investis par le Nouveau Front populaire, dont la cheffe du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, ou le militant antifasciste de la Jeune Garde Raphaël Arnault, mais aussi contre Jean-Luc Mélenchon, contre l’eurodéputée Rima Hassan, ou encore contre l’Union juive française pour la paix (UJFP), une organisation juive antisioniste, qui écope au passage d’une faute d’orthographe, Némésis les appelant « UJPF ». Sur les réseaux sociaux, le collectif Némésis, qui était accompagné de journalistes des médias d’extrême droite Valeurs actuelles (1), revendique l’action avec le # « NouveauFrontPopulaireLaHonte ». Une action médiatique bien rodée dont le collectif a l’habitude.

Service d’ordre musclé

Comme à chacun des happenings de ce type du groupuscule fémonationaliste, l’action ne dure guère longtemps. Les militantes sortent leurs pancartes, entourées des gros bras de leur service d’ordre, puis se font rapidement chasser hors de la foule sous les huées. Ils prennent plusieurs coups dans la foulée. D’après des témoins, l’un des hommes avait le nez en sang. Des militants antifascistes les poursuivent cette fois-ci sur quelques centaines de mètres, avant que les forces de l’ordre n’interviennent. Après un rapide contrôle de police, les militants d’extrême droite sont raccompagnés jusqu’à une entrée de métro. Fin du happening, et pendant ce temps notre meeting se poursuit, toujours entre concerts et intervention de Judith Godrèche.

Sur les réseaux sociaux, Alice Cordier, la présidente de Némésis, dit avoir employé un service d’ordre « professionnel », dont deux des membres auraient été « lynchés par les antifas ». Selon plusieurs témoins et journalistes, des membres de ce service d’ordre auraient tenté de pénétrer dans la zone réservée aux organisateurs et intervenants du meeting, sans doute pour tenter de faire leur happening sur scène.

StreetPress dans le viseur

Dans la fachosphère, le coup d’éclat de Némésis se diffuse très vite. Si le groupuscule vise le Nouveau Front populaire et « les antifas », d’autres accusent très vite StreetPress d’être responsable des coups portés aux membres de leur service d’ordre. À commencer par Pierre Sautarel, responsable du site d’extrême droite connu pour ses fakes news Fdesouche. Le compte Twitter de Fdesouche parle du « lynchage des militantes du collectif Némésis par des nervis d’ultra-gauche liés au site @streetpress », tandis que Pierre Sautarel sur son compte personnel déclare carrément :

« Les activistes de @streetpress qui tabassent des gamines au sol !!!!! »

Sauf qu’aucun de nos journalistes n’est à proximité de la bagarre, ni ne poursuit les militantes de Némésis hors de la place de la République. Contacté à ce sujet, Pierre Sautarel nous déclare que, comme il s’agit de notre événement, il « applique la jurisprudence que [nous appliquons] aux autres, ni plus ni moins », indiquant que notre tweet à caractère informatif au sujet du happening de Némésis est « une revendication ».

(1) Edit le 28 juin : Nous avions écrit que le média Occidentis avait accompagné le collectif Némésis lors de leur action. Ils n’ont fait que relayer.