Candidat promu par Eric Ciotti et soutenu par le Rassemblement National en Meurthe-et-Moselle, Louis-Joseph Pecher a pourtant enchaîné les tweets antisémites, racistes, sexistes, homophobes ces derniers mois sur son compte X-Twitter. Révélations.
« Le RN est un parti dirigé par des médiocres et des rentiers qui ont renié tout ce qui avait présidé au FN. Du patriotisme couché à la Meloni. Un attrape-nigaud, un défouloir pour sèche-couillons », éructait Louis-Joseph Pecher sur X-Twitter le 2 mai dernier. Pourtant, à peine un mois et demi plus tard, voilà ce courtier en assurances candidat aux élections législatives dans la cinquième circonscription de Meurthe-et-Moselle (54), investi par Eric Ciotti sous l’étiquette « À Droite les amis d’Eric Ciotti » et soutenu… par le Rassemblement national, en vertu de l’accord passé par le chef en sursis des Républicains (1).
La diatribe n’est plus visible en ligne, et pour cause : le compte sur lequel elle a été publiée, @Elgie2108, a été entièrement effacé le 18 juin. Un compte dont le candidat a confirmé être le propriétaire au téléphone ce 19 juin à StreetPress. Louis-Joseph Pecher affirme l’avoir nettoyé car « c’était un compte sur lequel [il] pouvait exprimer certaines idées personnelles, pas forcément raccord avec les lignes officielles de la campagne même s’il n’y avait pas grand-chose à cacher ». StreetPress a pourtant eu accès à l’historique de ses tweets entre janvier et juin 2024 avant leur suppression. Nous y avons trouvé une flopée de tweets antisémites, racistes, homophobes, sexistes ou injurieux.
Le 2 mai dernier, Louis-Joseph Pecher éructait contre le Rassemblement national sur son compte Twitter, où il utilise un pseudo. / Crédits : DR
Le 11 juin, le candidat Ciotti-RN Louis-Joseph Pecher vise la ministre de la Culture Rachida Dati avec des propos sexistes alors qu’elle communique sur les élections législatives à venir : « Tu as fait carrière à quatre pattes ou en braillant. Garde tes conseils. » / Crédits : DR
Insultes envers Rachida Dati, Jordan Bardella ou Gérard Larcher
Avec son compte sous pseudo, le candidat d’Eric Ciotti soutenu par le Rassemblement national s’est lâché et a étalé son antisémitisme à plusieurs reprises ces derniers mois. Le 28 mars dernier, à Jacques Attali qui parle de la France, il répond : « Qui l’a mise en faillite ? Qui ? » Une expression antisémite popularisée notamment par Cassandre Fristot, militante chez les catholiques intégristes Civitas, que Louis-Joseph Pecher a d’ailleurs repartagé sur son compte. Le même jour, il répond à un tweet de la porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot sur Eric Zemmour et affirme que les deux personnalités « [servent] les mêmes maîtres », sous-entendu les juifs. Quelques jours plus tard, le 9 avril, il répond à un tweet de Julien Dray sur les chiffres du Hamas en ces termes : « Juif qui parle bouche qui ment disait Voltaire. Pourquoi tant d’antisémitisme et de haine dans les Lumières. » Une référence erronée, la citation provenant de la pièce Marie Tudor de Victor Hugo et du siècle suivant, qui n’enlève rien à l’antisémitisme virulent qu’elle supporte. Dans le même style, il a aussi affirmé que « l’islam stupide fait toujours le jeu des USA, des juifs et du Mossad » – les services secrets israéliens – et il a relayé la lettre d’extrême droite et antisémite Faits & Documents.
Le candidat d’Eric Ciotti soutenu par le Rassemblement national s’est lâché et a étalé son antisémitisme à plusieurs reprises ces derniers mois. Il reprend l'expression antisémite : « Qui ? » ou fait des commentaires sur les « mêmes maîtres », sous-entendus les juifs, à la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot. / Crédits : DR
Le 9 avril, Louis-Joseph Pecher répond à un tweet de Julien Dray : « Juif qui parle bouche qui ment disait Voltaire. Pourquoi tant d’antisémitisme et de haine dans les Lumières. » / Crédits : DR
Quand il ne propage pas les thèses complotistes de Zoé Sagan ou du « média alternatif » Verity France, Louis-Joseph Pecher verse aussi dans l’injure sexiste et homophobe. Le 7 mai, il se lâche : « Le bois de Boulogne retient son souffle. Franky dit la pompe ou la turlutte pourrait s’y reconvertir. » Des allusions homophobes directement adressées au ministre délégué chargé du Commerce extérieur Franck Riester. Quatre jours plus tard, le 11 juin, c’est au tour de la ministre de la Culture Rachida Dati d’être la cible de la prose, cette fois-ci sexiste, du candidat RN-Ciotti alors qu’elle communique sur les élections législatives à venir :
« Tu as fait carrière à quatre pattes ou en braillant. Garde tes conseils. »
Louis-Joseph Pecher verse aussi dans l’injure homophobe. Le 7 mai, il se lâche et cible le ministre délégué chargé du Commerce extérieur Franck Riester. / Crédits : DR
Ce ne sont pas les seuls propos pénalement répréhensibles de Louis-Joseph Pecher. Il a même ciblé et menacé le président du Sénat Gérard Larcher. Le 13 juin dernier, il répond à ce cadre Les Républicains toujours sur X-Twitter :
« Le porc inutile et engraissé à nos frais aurait dû faire les frais d’une battue. »
Le candidat de Ciotti et du RN a même ciblé et menacé le président du Sénat Gérard Larcher. Le 13 juin dernier, il l'a traité de « porc inutile et engraissé à nos frais », qui « aurait dû faire les frais d’une battue ». / Crédits : DR
Si sa haine vise principalement la majorité présidentielle et la gauche, il n’hésite pas à s’en prendre à son propre camp. En mars dernier, il a par exemple qualifié le président du Rassemblement national Jordan Bardella de « gros soumis » et son parti de « parodie d’opposition », trois mois seulement avant de recevoir le soutien de ce même parti… Et comme si ça ne suffisait pas, il a également éructé le 1er mai dernier contre un supposé « afflux de migrants dégénérés et racistes » qui aurait lieu en France.
En mars dernier, Louis-Joseph Pecher a qualifié le président du Rassemblement national Jordan Bardella de « gros soumis » et son parti de « parodie d’opposition », trois mois seulement avant de recevoir le soutien de ce même parti… / Crédits : DR
Il fait partie d’une dynastie d’extrême droite
Si Louis-Joseph Pecher était inconnu jusqu’à dimanche soir, c’est qu’il a pris le nom de sa femme il y a quelques années « pour des raisons sentimentales », explique-t-il à Mediapart. Un changement qui l’arrange bien, lui qui est l’un des rejetons des Gannat. Une grande famille, implantée à Angers et dont le nom est incontestablement lié à l’extrême droite, du Front national aux néofascistes.
Sur son compte, Louis-Joseph Pecher a multiplié les saillies racistes et antisémites. / Crédits : DR
Son père, Pascal Gannat, est une ancienne figure du Front national, époque Jean-Marie Le Pen, dont il est un proche après avoir été son directeur de cabinet de 1988 à 1992. Il a également été membre du bureau politique du parti, puis la figure du Rassemblement national dans la région des Pays de la Loire. Parmi les frères et sœurs de Louis-Joseph, plusieurs sont liés à l’extrême droite la plus violente. Jean-Eudes d’abord. Le presque trentenaire est passé par le Front national et la société de communication Riwal, emblème de la « Gud Connexion ». C’est aussi le fondateur de l’Alvarium, un local associatif et un groupuscule à la croisée des courants catholique-identitaire et néofasciste, dissous en novembre 2021 notamment pour des appels « à la violence et à la discrimination ». Depuis, Jean-Eudes Gannat, qui s’affiche comme l’un des « intellectuels » de la mouvance radicale d’extrême droite en France, a fondé et préside le Mouvement chouan. François-Aubert, l’un de ses autres jeunes frères, trempe lui aussi dans les sphères radicales. Après un passage chez Génération identitaire, il fait naturellement partie des troupes de l’Alvarium, aux côtés de Jean-Eudes. Mais contrairement à son frère, il est plus porté sur la bagarre que sur la théorie, en témoigne plusieurs condamnations pour des violences qui lui vaudront plusieurs mois derrière les barreaux. Enfin, l’une de ses sœurs, Marie-Menehould, a milité du côté de Versailles et des néofascistes d’Auctorum, groupuscule fondé par un ancien… de l’Alvarium.
Contacté une nouvelle fois pour répondre de ses récents tweets et insultes, Louis-Joseph Pecher a indiqué qu’il ne « voyait pas » à quoi StreetPress faisait référence et qu’il « réfute ces propos », après avoir pourtant bien confirmé le jour-même que le compte X-Twitter en question était bien le sien. Sur un autre compte Twitter qui lui appartient via son mail, @louisjpalinacci, Louis-Joseph Pecher publiait cette fois le 6 décembre 2013 : « #Taubira #LaPesteCestEux #partisocialiste #FN #LePen Toutes les #guenons ne sont pas égales. »
Sur un autre compte Twitter qui lui appartient via son mail, @louisjpalinacci, Louis-Joseph Pecher publiait cette fois le 6 décembre 2013 : « #Taubira #LaPesteCestEux #partisocialiste #FN #LePen Toutes les #guenons ne sont pas égales. » / Crédits : DR
(1) Contactés, Eric Ciotti et le Rassemblement national n’ont pas répondu aux sollicitations de StreetPress. Deux heures après notre message à Eric Ciotti, ce dernier a communiqué aux médias qu’il retirait l’investiture à Louis-Joseph Pecher.
Propos racistes, homophobes, antisémites, complotistes, anti-IVG, liens avec des groupuscules radicaux… Retrouvez ici, la liste des candidats du Rassemblement national épinglés par StreetPress.
Combattre l’idéologie d’extrême droite est un travail de longue haleine qui nécessite des heures de travail. L’ensemble de ces articles sont en accès libre mais vous pouvez nous soutenir en faisant un don.
- Agnès Laffite, 7e circonscription de Seine-et-Marne. La candidate RN qui a plus peur de l’islam que du réchauffement climatique.
- Christian Pérez, 8e circonscription du Finistère. Le candidat RN qui compare les joueurs de l’équipe de France à des « clandestins ».
- Tiffany Joncour, 13e circonscription du Rhône. Ses amis de groupuscules identitaires violents l’aident à faire campagne.
- Josseline Liban, 2e circonscription du Calvados. Une nouvelle candidate RN raciste et complotiste.
- Julie Aprineca, 3e circonscription du Cher. La suppléante RN qui porte un t-shirt de suprémaciste blanc et qui s’affiche avec des skinheads néonazis.
- Ludivine Daoudi, 1ere circonscription du Calvados. La candidate RN à la casquette nazie qui est aussi membre du très raciste et antisémite Parti de la France.
- Pierre Gentillet, 3e circonscription du Cher. Le médiatique candidat RN pro-russe.
- Brice Bernard, 4e circonscription de Savoie. Le candidat RN qui aime la quenelle.
- Julie Rechagneux, 4e circonscription de Gironde. La candidate RN qui fricote avec les néonazis.
- Nicolas Conquer, 4e circonscription de la Manche. Le candidat investi par Éric Ciotti et fervent supporter de Trump.