Identitaires, néo-fascistes et monarchistes exultent après la victoire de Jordan Bardella aux élections européennes. Pour ces radicaux, leur moment est enfin venu. Certains promettent de faire campagne pour le RN.
Peu après 21 heures ce dimanche 9 juin 2024, la fachosphère exulte. Les militants radicaux inondent X (ex-Twitter), TikTok et Instagram de messages conquérants et victorieux. Pour ces militants néo-fascistes, identitaires ou royalistes, la victoire de Jordan Bardella aux élections européennes est aussi la leur. La dissolution et les législatives anticipées ouvrent une opportunité « historique » pour toute l’extrême droite extra-parlementaire, qui presque comme un seul homme appelle à soutenir le RN et le « camp national ».
Les FAF à la fête
Alice Cordier, porte-parole du très radical mouvement féministe identitaire Némésis, poste un selfie accompagné d’un simple mais évocateur : « Quelle soirée c’est incroyable. » Mathilda, l’une des porte-paroles du groupuscule, se réjouit de voir « les larmes des gauchistes » couler. Son petit texte est relayé par le responsable du RN de la Jeunesse des Yvelines et ex-président de la Cocarde étudiante, Vianney Vonderscher.
Toutes les tendances de l’extrême droite sont à la fête. Tout juste sorti de prison après une agression raciste, Sinisha Milinov, ex-candidat du RN et ex-porte-parole des identitaires lyonnais, n’a pas non plus caché sa joie hier soir. Sur Instagram, il publie une dizaine de stories remplies d’émoticônes flammes et drapeaux tricolores. Nicolas Faure, un influenceur identitaire et suprémaciste blanc, rêve d’un « tsunami patriote » pour le 30 juin. Comme eux, des centaines de militants issus des groupuscules les plus radicaux exultent. Ils partagent massivement la carte des résultats électoraux : l’Hexagone est teinté de brun.
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Le score du RN est le symbole d’un retour « dans une ère de radicalité », détaille à StreetPress la figure tutélaire des nationalistes-révolutionnaires, Christian Bouchet. Seul bémol pour le militant radical : Marion Maréchal avec sa « liste israélienne » a obtenu des sièges pour ses élus. Pour le Parti de la France (PDF), micro-mouvement fondé par des anciens du Front national qui jugeaient sa ligne trop molle, les résultats de ce dimanche signent « un réveil salutaire du peuple français » mue par un « instinct de survie identitaire ». Contacté par SMS, Thomas Joly, son président, rêve d’une victoire de son camp qui permettrait de « foutre dehors un maximum d’immigrés extra-européens ». Jean-Eudes Gannat, ex-porte-parole du groupuscule angevin dissous l’Alvarium, s’est lui aussi réjoui sur ses réseaux sociaux que la « question identitaire », soit « en tête [des] préoccupations ». Plus qu’une victoire aux législatives, il enjoint l’extrême droite « à bâtir l’alternative sécessionniste, radicale et joyeuse ».
Peu après 21 heures ce dimanche 9 juin 2024, la fachosphère exulte. Les militants radicaux inondent X (ex-Twitter), TikTok et Instagram de messages conquérants et victorieux. / Crédits : Capture d'écran
S’engager derrière le RN
Pour de nombreux radicaux, la victoire est à portée de main. Certains appellent même à rejoindre le Rassemblement national. À l’image de ce militant nationaliste-révolutionnaire du sud de la France qui, le 11 mai dernier, défilait à Paris avec le gratin des néo-nazis français. Aujourd’hui, il enjoint ses abonnés à rejoindre les rangs des Rassemblement national de la jeunesse (RNJ) locaux pour mettre la pression sur la gauche.
Même stratégie du côté de Patria Albiges ou des Normaux. Les identitaires de Tarn appellent « chaque patriote à s’engager dans des mouvements de jeunesse ou même dans des partis traditionnels ». Quant aux identitaire de Rouen (76) « le message est clair » :
« Notre peuple ne veut pas mourir ! C’est le moment de t’engager. »
Julien Rochedy, ancien responsable du Front national de la jeunesse (RNJ) passé ensuite par les sphères les plus radicales de la fachosphère, semble lui aussi indiquer qu’il va mettre ses réseaux sociaux au service du RN. Comme le relève Libé, quelques minutes après l’annonce de la dissolution par Emmanuel Macron, il tweet :
« Ok Jordan Bardella 1er ministre. L’opération est lancée. »
Le RN va pouvoir compter sur des bras venus de l’extrême droite la plus virulente pour mener cette campagne électorale éclair.