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    16/07/2013

    Hossegor c'est has-been, direction le 91 !

    Avec les surfeurs de la piscine à vagues d'Etampes

    Par Matthieu Bidan

    Le spot de l'été pour dompter la vague est à 1 heure de Paris… dans la piscine à vagues d'Etampes. Au bord, les fans de David Hasselhoff lustrent leurs planches en ressassant l'histoire de «la frontale», la vague mythique de la pi

    Vendredi 13 juillet, 19H30, alors que beaucoup se préparent pour le bal des pompiers ou le feu d’artifice de leurs villes, à la base de loisirs d’Etampes se joue un étrange ballet. Devant les grilles encore closes de la piscine à vagues, une queue d’habitués s’est formée. Vieux sportifs, jeunes à shorts bariolés et mères de famille avec des poussettes, ils ont tous la planche sous le bras. Il ne manque plus que Franck Dubosc et on se croirait sur le tournage de « Camping ».


    10 euros pour l’entrée et 2 euros pour louer le casque obligatoire.

    Quelques instants plus tard, une maître nageuse en t-shirt rouge ouvre les portes. 10 euros pour l’entrée et 2 euros pour louer le casque obligatoire. Chacun se presse, impatient d’en découdre avec les rouleaux. Derrière les grilles, un long bassin en plein air, traversé toutes les 5 secondes par une vague d’un mètre. Presqu’un eldorado pour les surfers de la capitale. « Autrement c’est 5h de route, 60 euros d’essence et 50 euros de plus pour une nuit d’hôtel», explique Luc, graphiste à la vie, et surfer le dimanche.

    Mister Camping Quelques minutes plus tard les premiers se jettent à l’eau. En tête de la bande des surfeurs du 9-1, le David Hasselhoff d’Etampes. Short rouge, biceps et pectoraux saillants, il prend la vague et se tient sur sa planche jusqu’à la plage. Une plage en béton, avec drapeau orange et poste de surveillance. On s’y croirait presque.


    « Je suis un surfeur parisien ! Au moins, ici on n’a pas besoin d’attendre la vague »

    Jean-Marc, en retard, arrive au pas de course. Il lustre sa planche jaune flashy appuyé sur une haie taillée au cordeau, avant de s’engouffrer dans les rouleaux. « Je suis un surfeur parisien ! Au moins, ici on n’a pas besoin d’attendre la vague » commente l’informaticien venu de Chatillon, un sourire vissé sur le visage.

    Pas si simple de rider en piscine. « Nous on va souvent à Biscarosse pour surfer. Ce qui change le plus, c’est que la vague est molle donc ça se révèle assez technique pour démarrer », explique Antoine, 34 ans, tandis qu’il passe sa planche à sa femme Béatrice. La soirée surf est familiale : « On est avec notre petite de 8 ans mais c’est un peu dangereux pour elle avec la plage en béton », insiste Antoine. Le casque est obligatoire pour les surfeurs car « les rebords de la piscine peuvent faire des dégâts ». Autour du bassin quelques spectateurs se pressent, comme Walter, t-shirt Ferrari et casquette rouge : « Je viens juste pour regarder ! » raconte le quinquagénaire.


    Le casque est obligatoire pour les surfeurs car « les rebords de la piscine peuvent faire des dégâts ».

    The legend « Ca fait 22 ans qu’on peut faire du surf à Etampes » raconte Pascal, le responsable technique de la base de loisirs, les bretelles bien fixés au-dessus de son t-shirt rose. Parmi les aficionados, Didier, 59 ans, toujours fringuant. Véritable légende de la piscine du 91, il vient planter sa tente de plage chaque année, pour profiter du spot. Lui connait toutes les anecdotes. « Une fois, Walter Elkarton, l’ancien champion du monde est venu nous voir. » Son heure de gloire, c’est un passage pendant une reportage sur France 3. « Mais c’était parce que le Tour de France passait dans le coin. » L’ancien a passé le virus du surf en piscine à toute la famille. Dans le bassin, son fils et son petit-fils enchaînent les tubes.

    A ses débuts la piscine proposait toute la journée 30 minutes de baignade, puis 30 minutes de surf. Aujourd’hui il n’y a plus que 3 soirées surf pour les deux mois d’été. « Carrément Abusé » pour Luc qui ne comprend pas cette baisse de régime. « La cohabitation est trop compliquée entre surfeurs et baigneurs » réplique Pascal le responsable technique. Trop cher, aussi. Dans l’eau, Fabien, un prof de 33 ans, tient à pousser son coup de gueule « Avant il y avait une vague : “la frontale ! ”. Elle partait du fond sur toute la largeur de la piscine. Je lance un appel à StreetPress, à la ville d’Etampes, à la ministre des sports et à la France entière pour la rétablir ! » s’enflamme t-il sous son casque rouge assorti à sa planche.


    « Je m’occupe du tobogan la journée donc là c’est au top ! Je mix, il fait beau, c’est les vacances, ça met de l’ambiance »

    Dj Antoine Au bord de la piscine, il y a comme un air d’Ibiza, à moins que ça ne soit la soirée mousse du camping des Flots bleu. Antoine, un saisonnier de 20 ans se déhanche au bout du bassin derrière ses platines « Je m’occupe du tobogan la journée donc là c’est au top ! Je mix, il fait beau, c’est les vacances, ça met de l’ambiance » s’extasie le DJ d’un soir, casquette vissée sur le crâne. Il accompagne son set de gestes et d’onomatopées au rythme des chutes des surfeurs : « Boum ! Pa-pa-pa ! »

    « Il est 21h, toutes les bonnes choses ont une fin » interrompt au micro un des organisateurs, façon GO du Club Med. Sur un fond musical signé Daft Punk, la première soirée surf de l’année s’achève. A côté de la piscine à vague, deux gamins ont occupé leur temps en barbotant dans la pataugeoire. Alors que les grands sortent de l’eau, le petit garçon qui vient de se rhabiller retourne voir sa petite camarade de la soirée. Tout penaud, il lâche : « A l’année prochaine… »

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